crédit photo: Rose Cormier
Full Of Hell

Full of Hell fout l’enfer aux Foufs (avec End, Inter Arma, Wake et Apes)

Un déluge de métal brutal à souhait s’est abattu sur des Foufs bien remplies pour ce plateau death/black/doom/core et plus encore. Un jeudi soir qui rougeoyait de décibels infernaux, dominé par la power-violence inouïe de Full of Hell. Ils étaient accompagnés pour l’occasion de la formation metalcore américaine End, du death inclassable mais remarquable d’Inter Arma, du black death aux touches mélodiques des canadiens de Wake, et de la horde métallique à trois guitares de Québec, Apes. Retour sur une soirée explosive de vocaux gutturaux, de blast-beats, de mosh-pit et de crowd-surfs qui débordait jusque sur la mezzanine.

C’est donc Apes qui ouvrait le bal, défendant notamment leur dernier EP au doux nom de Lullabies For Eternal Sleep, où on retrouve d’ailleurs du noise et des samples enregistrés par nul autre que Dylan Walker, chanteur de Full of Hell. Envoyant un black/death d’outre-tombe flirtant avec des influences grindcore, le groupe de Québec ne fait pas dans la dentelle, usant de trois guitaristes pour matraquer sa noirceur, bien rôdée par une expérience qui paraît. Apes fini son set avec un morceau plus mid-tempo pour conclure dans une lourdeur écrasante. Dommage de les voir jouer si tôt un jeudi, la salle n’est pas encore remplie, mais le public présent est conquis.

* Photo par Rose Cormier.

On s’en va dans le coin de Calgary et dans une sombre atmosphére maîtrisée avec Wake. Le groupe d’Alberta nous emmène dans un son black/death plus moderne à l’image de leur dernier opus, Thought Form Descent, teinté de passages mélodiques. Bien exécuté, propre et précis, presque trop, le passage de Wake se démarque par la déflagration de blast-beats envoyés par un batteur impressionnant, dont la caisse claire vient presque enterrer les guitares qui manquent un peu de mordant, malgré l’efficacité de leurs pièces envoutantes, et la qualité des compositions.

S’ensuivit alors une claque venue de Richmond en Virginie, le groupe Inter Arma, qui mine de rien, est actif depuis 2006. Le quintet officie dans un style difficile à classer, mais qui ne laisse pas indifférent, avec des variations surprenantes.

Une brutalité plus à l’ancienne, teintée de death et grind old-school avec une touche sludge/doom, un chanteur avec plus d’attitude – qui demande même à virer un des spectateurs trop stupide -, des guitaristes qui font des solos et riffs harmonisés avec des vieux amplis Marshall, un son définitivement plus chaud et vivant, et un batteur qui prend les devants dans des passes remarquables.

Le groupe captive la foule avec le monumental The Long Road Home, incluant un long passage instrumental, commençant avec des arpèges en son clair pour s’envoler dans un solo pink-floydish magnifique, avant de retomber dans une fin plus black metal violente à souhait. Impressionnant.

Place à un groupe de metalcore attendu des amateurs du genre : End. Venu du New Jersey, le quintet officie dans un metal hardcore très classique, avec son lot de riffs mid-tempos et de breakdowns bien appuyés pour faire danser les karatékas du mosh-pit.

Est-ce que ce groupe serait ici s’il n’était pas composé de membres de Fit For An Autopsy, The Acacia Strain et Counterparts ?

Du chant au style de riffs, si ce n’est la griffe un peu plus extrême avec des blast-beats, l’ensemble est plutôt déjà-entendu, avec en plus un son générique, très carré avec rien qui ne dépasse. Cependant, si l’originalité est discutable, il faut reconnaître que l’exécution est brutalement efficace, et que le groupe ne peut que plaire aux fans du genre. Une violence maîtrisée au millimètre, une machine dont on voit immédiatement l’expérience de ses musiciens, qui livrent une prestation bien musclée.

* Photo par Rose Cormier.

La folie de Full Of Hell

« Montréal ça va ? » lance en français Dylan Walker. « Cette chanson parle d’un rêve de transcender sa vie domestique pour devenir terroriste et mettre une bombe dans un endroit public. »

La vraie bombe, c’est Full Of Hell en concert.

Les membres ont beau être dans le début trentaine, ils ont en réalité presque quinze ans d’expérience, ayant commencé a tourner alors qu’ils n’étaient même pas majeurs, et l’expérience fait parler la poudre. Une explosion de power-violence-métallique maîtrisée, dans la tradition grindcore de morceaux en dessous des deux minutes, liés par des interludes et samples noisy créés en live par le chanteur, utilisant d’ailleurs un drôle d’appareil ressemblant à une machine d’alcooltest où il souffle pour créer des nappes de bruits dérangés.

Un vocaliste qui se donne à 150%, plié en deux, très expressif, vivant ses textes, impressionnant par des variations vocales – dans un genre souvent monotone – et des bruits malsains. Dylan fait même « chanter » quelques parties à des fans aux premiers rangs, et franchement, quel groupe de métal extrême peut se targuer de pouvoir faire ça ? Une preuve de la réputation et notoriété de Full of Hell, qui se produit depuis peu avec un deuxième guitariste, ce qui rajoute une couche de puissance.

Allant chercher dans leur album acclamé Trumpeting Ecstasy, ou le plus récent Garden of Burning Apparitions, le groupe ne manque pas d’envoyer des bombes cultes de leurs débuts comme Pile Of Dead Horses ou Vessel Aborted, joué encore plus vite que sur album. Déjà que ça va vite, il faut s’accrocher.

Full Of Hell, c’est aussi un monstre derrière les fûts qui est toujours impressionnant à voir en concert. Marquant les décomptes à l’ancienne avec des 1,2,3,4 sur les baguettes, Dave Bland s’impose comme un excellent batteur de métal extrême, sortant du lot par son intensité. Notamment par la force de ses blasts-beats, qui sont brutaux, frappés pour de vrai, et vivants dans une bestialité qui le démarque de certains batteurs de death metal, parfois un peu mécaniques, frappant moins fort et plus « scolairement », à l’inverse du batteur de Full of Hell.

* Photo par Rose Cormier.

« Merci beaucoup », lance en français le chanteur du groupe, à une foule montréalaise qui a définitivement répondu présent ce soir, à voir comment la salle est toujours remplie après 5 groupes, l’intensité du pit, avec même un crowd-surfer qui s’accrochera sur la mezzanine.

Full Of Hell conclut avec un étrange morceau presque progressif avec des rythmes décousus, prouvant une fois de plus la qualité de ses musiciens. Car c’est bien beau de faire du noise, du grindcore et beaucoup de bruit, mais encore faut-il le maîtriser, et ce groupe là le fait très bien.

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