crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin et Jaime Antonio Luna
Francouvertes

Francouvertes 2022 | Les 3 finalistes et nos 3 coups de coeur exclus de la finale

Ça y est, le palmarès est officiel : Rau ze, Hôte et Émile Bourgault sont les trois participants qu’on pourra voir sur scène au Club Soda le 16 mai prochain, à l’occasion de la finale des Francouvertes. Zoé Arcand et Anatole Desbaies vous présentent donc, en cette occasion, ces trois finalistes. En bonus, on vous ajoute trois coups de coeur qui auront touché une corde sensible chez Sors-tu?

1. Rau ze, présentée par Zoé

Rau ze est montée sur scène en dernier mercredi soir, lors du troisième et dernier soir des demi-finales, mais s’est classée première au classement final. Les mots sont difficiles à trouver pour décrire la performance absolument percutante livrée par Rau Ze mercredi. Alors qu’elle était de passage aux préliminaires, nous avions couvert la soirée à distance. Déjà, l’artiste et son groupe transperçaient l’écran. En personne, c’était encore plus probant…

La formation offre un jazz éclectique se démarquant même au-delà de la scène québécoise. Saxophone, trompette, clavier, batterie et basse enlacent la voix claire et puissante de Rau Ze. Des teintes de soul ponctuent la proposition corrosive du groupe.

Au Lion d’Or, mercredi soir, la foule se levait pour ovationner l’artiste à la fin de chaque chanson, les manifestations d’appréciation fusaient de partout. Des moments instrumentaux encadraient à la perfection des textes écrits avec beaucoup de talent. La formation a récolté une dizaine de prix parmi les 36 remis à la fin des demi-finales des Francouvertes, et avec raison. Le futur est brillant pour cette formation composée d’artistes qui, en plus d’être d’incroyables musiciens, sont aussi de véritables bêtes de scène.

Photo par Jaime Antonio Luna.

2. Hôte, présenté par Zoé

Hôte, classé second au palmarès final des demi-finales, présente sa proposition comme se situant quelque part entre le show rock et le DJ set. Dans les faits, les spectateurs du Lion d’Or ont eu droit à un spectacle de musique électronique aux penchants parfois noise, parfois rock. Son microalbum Lune en Verseau est ambiancé profond, le côté expérimental des pièces présentées par la formation est rafraîchissant.

Mercredi, lors du passage d’Hôte sur la scène du Lion d’Or, il était entouré de ses trois musiciens. Parmi eux, le batteur Alexandre Crépeau a tout cassé. Son apport aux pièces du groupe est remarquable. La présentation peut sembler légèrement répétitive d’une pièce à l’autre. La musique de la formation est à son meilleur lorsqu’elle déroge des sentiers battus, lorsqu’elle touche au noise, comme dans Hydre. La formule des pièces est légèrement prévisible: l’instrumental est à moins haut volume lorsque le chanteur Marc-André Dupaul livre ses textes, alors que les bridges et les refrains sont plus énergiques.

Reste que la proposition d’Hôte se démarque et est de grande qualité. Les instrumentations sont parfois planantes, souvent abruptes et frappantes. La nervosité s’entendait légèrement dans la voix du chanteur mercredi soir, mais c’est avec confiance qu’il pourra monter sur la scène du Club Soda lors de la finale : ce qu’il propose a sa place aux Francouvertes et fera beaucoup de bien à la scène musicale québécoise.

Photo par Jaime Antonio Luna.

3. Émile Bourgault, présenté par Anatole

Le troisième finaliste de cette 26ème édition aura su séduire le public des Francouvertes dès les préliminaires. Émile Bourgault est venu présenter un projet extrêmement bien ficelé. Sous la forme d’un jeune boy band où l’entente amicale et musicale semblent être au beau fixe, les quatre musiciens ont livré deux excellentes performances. Les arrangements sont bien travaillés et sans être trop complexes ils entraînent très facilement le public avec eux. Il en va de même que le chant et les textes d’Émile Bourgault lui-même. C’est beaucoup d’amour, parfois teinté d’un peu de sarcasme, que le jeune chanteur a partagé avec le public des Francouvertes.

Une grande partie de la qualification d’Émile Bourgault est probablement due à son sens de la scène. Cela s’est confirmé et s’est renforcé lors de son passage en demi-finale. Comme il le fait comprendre lui-même, être sur scène lui procure une sensation d’extase qui se transmet à travers la salle. Il semble flotter et cette légèreté semble loin d’être insoutenable.

Avec deux EP en deux ans, le finaliste est plus que productif. Il semble avoir la plume facile, une envie créative débordante et une énergie sans limites. En bref, Émile Bourgault en finale des Francouvertes ou non, ça ne changera probablement pas grand chose pour la suite de son parcours. Sa musique est accrocheuse, ses airs sont enjoués et ses textes peuvent émouvoir. Sans révolutionner le monde de la musique, Émile Bourgault est sur les rails et je vous laisse deviner vers où ceux-ci se dirigent.

Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Allô Fantôme: coup de coeur d’Anatole

Malheureux demi-finaliste, Allô Fantôme et toute sa bande peuvent avec confiance mettre leur chagrin de côté. Tout se décline au pluriel dans ce projet « fanfaronesque ». À huit sur scène, Allô Fantôme emporte son public par son énergie, son enthousiasme et ses changements de rythme bien orchestrés, venant cadencer des prestations hautes en couleur. On perçoit une tonne d’influences au travers ce projet vivant et accueillant. En passant par les Beatles ou Supertramp et en se rapprochant des plus locaux Comment Debord ou Mort Rose même, cette diversité est probablement la richesse du groupe.

Comme un spectre, un fantôme, qui flotte en zigzaguant, la musique et les aires de la formation s’envolent d’ambiances en ambiances et cela donne envie au public de faire de même. Assis à sa table du Cabaret, Allô Fantôme donnait des envies de festival d’été, à danser dans la plaine au rythme des leurs guitares percutantes et sur les airs chaleureux des flûtes et des saxophones.

La multitude qui se dégage d’Allô Fantôme se traduit en autant de potentiel et de possibilités. Il leur reste encore tant d’espaces à découvrir, à expérimenter et à apprivoiser. Une excellente nouvelle pour la scène québécoise et des rêves multiples pour le leader du groupe, Samuel Gendron.

Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Xela Edna & Eius Echo: coup de coeur de Zoé

Bien que la formation ait présenté relativement les mêmes chansons lors des demi-finales et les préliminaires, le spectacle auquel a eu droit la foule du Lion d’Or hier soir était à des années-lumières de ce à quoi elle avait eu droit lors du premier passage sur scène de Xela Edna & Eius Echo. Une critique qui avait été faite à l’égard de la chanteuse était la difficulté à comprendre les paroles de ses textes. Cette fois-ci, sa prononciation était impeccable et sa plume est intéressante. En plus de faire danser, le duo offre des textes allumés et pertinents.

Le groupe ne plaira pas à celleux pour qui les voix mielleuses et la musique électronique ne sont pas la tasse de thé. Pour les adeptes de ce style de musique toutefois, Xela Edna & Eius Echo offrent une proposition qui frappe dans le mille. Accompagné sur scène d’un bassiste (Émile Tempête du groupe Of Course) et d’une choriste (Virginie B), le duo donne tout un show. La salle bondée du Lion d’Or s’est presque transformée en plancher de danse hier soir: les spectateurs étaient debout et dansaient, avec raison, sur les pièces rythmées et mélodieuses.

Chapeau au groupe qui a donné mercredi soir un incroyable spectacle en plus de démontrer une amélioration drastique dans la présentation live de ses oeuvres.

Photo par Jaime Antonio Luna.

Charlotte Brousseau: coup de coeur d’Anatole (mais de Zoé aussi)

Elle aura espéré jusqu’au dernier instant être l’une des trois finalistes des Francouvertes — elle qui était au deuxième rang après deux soirs — Charlotte Brousseau n’a aucun regret à avoir. Elle est probablement la participante à avoir le plus fait voyager le Lion d’Or durant ses deux passages. En effet, Charlotte Brousseau offre un folk champêtre, doux, mélodieux et délicat qui emportera n’importe qui avec elle proche de la rivière Yamaska. Intimement liée à la nature qui l’entoure au quotidien, la chanteuse livre une musique très imagée et immersive, tant par ses textes que par les tonalités choisies.

Si  « envoûtant » est facilement utilisé pour décrire une musique qui nous emporte, il semble être l’adjectif tout désigné pour Charlotte Brousseau. Ainsi, que ce soit avec une douceur envoûtante ou une intensité englobante, le public n’a pas le choix que de s’abandonner dans ses effluves musicaux ou de s’envoler avec les vents chauds du chant et de la clarinette.

À l’image des oies qui migrent et qui volent avec certitude et confiance, toujours droit devant, Charlotte Brousseau peut continuer son touchant élan musical. Épanouie et sûre d’elle-même, la chanteuse est plus que convaincante avec ses performances et son EP Boucles. La construction des arrangements, les instruments sélectionnés, l’écriture et de manière plus générale les directions prises sont d’une justesse admirable. Un ensemble qui n’annonce que de doux projets à venir.

Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

 

Remise de prix et diversité

Pour ce qui est de la remise des prix habituelle soulignant la fin des demi-finales des Francouvertes, elle était très diversifiée. Lors des éditions passées, ces prix finissent plus souvent qu’autrement entre les mains des trois finalistes. Rau ze a remporté la majorité d’entre eux, mais Michaëlle Richer, Dan-George Mackenzie, Charlotte Brousseau, Hôte (et d’autres) ont également remporté quelques prix.

Le côté diversité, disons-le, manque toutefois en ce qui a trait aux trois finalistes. En plus d’être blanche de partout, la programmation qui sera présenté au Club Soda le 16 mai prochain ne comprendra que deux femmes, toutes deux au sein de la formation Rau Ze. Pourtant, quatre des neuf projets demi-finalistes étaient menés par des femmes. Beaucoup de ceux-ci étaient d’ailleurs appuyés uniquement par des musiciens masculins. Pourtant le talent ne manquait pas du côté de la diversité de genre lors de cette 26e édition des Francouvertes, et cette diversité est belle et bien présente au sein de la scène musicale. Pour reprendre les faits présentés par Xela Edna lors de son passage sur scene, seulement 5 des 25 gagnants de l’histoire du concours vitrine étaient des femmes. La dernière à avoir remporté le grand prix était Lydia Kepinski en 2017.

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