Francouvertes 2015 | Dylan Perron & Elixir de Gumbo remportent la finale

La 19e édition des Francouvertes s’est conclue avec le couronnement de Dylan Perron & Elixir de Gumbo, lundi soir. Et pour cause : la joyeuse bande bluegrass s’est avérée la meilleure option au terme des trois prestations des finalistes, au Club Soda. 

Émile Bilodeau

S’il avait gagné les Francouvertes, ç’eut été la première occurence d’un humoriste ayant remporté les grands honneurs au cours des 19 ans du concours-vitrine.

Parce qu’en toute franchise, Émile Bilodeau est davantage un humoriste sympathique qu’un chansonnier accompli. Fort charismatique, et par moments plutôt drôle, il n’a pas encore réussi à écrire une chanson qui puisse vraiment se défendre dans le cadre d’un concours d’auteur compositeur interprète – J’en ai plein mon cass est la seule qui s’en rapproche – du moins à la lumière de ce qu’il nous a proposé lundi soir au Club Soda.

Lors d’une mise en abîme (sans doute accidentelle) étonnante, le jeune homme a admis candidement s’être dit, en se voyant en prestation à la télé, qu’il « parlait bin vite pour pas dire grand chose finalement ».  Étrange de le souligner et de laisser cette même impression aux auditeurs (ceux qui n’étaient pas conquis d’avance…).

Sans contredit, il déborde de personnalité, et réussira sans doute à faire son chemin. On retrouve même chez lui un certain tact pour les tournures de phrases punchées, mais son style spoken word semble relever davantage d’un manque d’adroit mélodique que d’une volonté de mettre l’emphase sur un quelconque côté littéraire des paroles.

Et avec son énergie un brin paquet-de-nerfs, on l’imaginerait davantage à la barre d’une émission à VRAK TV que sur une scène dans un contexte musical.

Il lui faudra encore parcourir bien du chemin sur le « boulevard de la vie » avant d’en arriver à une crédibilité dans l’univers de la chanson. À commencer par trouver sa propre identité musicale, moins calquée sur un certain Adamus (assaisonné d’épices Brachiennes), cible qu’il vise en atteignant malheureusement davantage un calibre Crampe en masse.

 

Charles-Antoine Gosselin

Suivait Charles-Antoine Gosselin, qui présente son projet solo francophone, lui qui est d’ordinaire chanteur de Harvest Breed, groupe indie rock anglophone.

Il en a fait du chemin depuis sa prestation en première ronde. On le sent plus à l’aise, plus confiant. Sa voix porte mieux que jamais ses textes souvent jolis, et ses musiciens le soutiennent assez admirablement.

Il pêche toutefois par excès de phrases creuses, parfois, du genre : « Bien que l’on se connaisse bien / On se connait mal / Bien que l’on se veuille du bien / On se fait du mal ».

Quoi qu’il en soit, ses chansons folk downtempo commencent à prendre forme, même si le tout demeure dans l’ensemble un brin monotone.

Avec le double de l’âge – et le quintuple de l’expérience – du jeune Bilodeau, il était davantage à sa place en cette finale.

 

Dylan Perron & Elixir de Gumbo

Le quintette folklorique-bluegrass concluait avec beaucoup d’énergie cette édition des Francouvertes.

On pourrait dire, un peu grossièrement, que le son de Dylan Perron & Elixir navigue entre Mes Aieux, Canailles et les Cowboys Fringants, avec une touche tout de même personnelle. Les doigts se font aller, les musiciens à cordes (banjo, mandoline, guitare, contrebasse, violon) maîtrisant parfaitement leurs instruments.

Lors des chansons « où on s’énervent », on découvre réellement le charme du quintette abitibien. Ça et les interventions entre les chansons, plus près du conte que du monologue (ennuyant) typique des chansonniers. Son accent du terroir et le jeu de rôles avec ses musiciens fait un peu caricatural, mais bon, ça sied bien à la personnalité collective de ce que l’on nous propose.

La prestation s’est conclue sur une touche plus que convaincante : après avoir imploré la foule à faire preuve d’un peu plus de reconnaissance envers les 11 nations autochtones qui peuplent le Québec, Dylan Perron a interprété seul à la guitare Wâwâte / Aurores, de loin la plus belle chanson de la soirée. Du genre que les chansonniers rêvent d’écrire…

 

Verdict

Victoire bien méritée pour Dylan Perron & Elixir de Gumbo, qui se joint à l’honorable liste des vainqueurs des Francouvertes.

Charles-Antoine Gosselin aura tout de même remporté plusieurs prix secondaires, dont des présences assurées dans bon nombre de festivals québécois.  Quant à Émile Bilodeau, il est encore bien jeune et comme le soulignait justement Dylan Perron, il a encore bien des concours devant lui.

 

Le palmarès de la soirée

1.  Dylan Perron & Elixir de Gumbo
2. Charles-Antoine Gosselin
3. Émile Bilodeau