crédit photo: Marie-Emmanuelle Laurin
Hubert Lenoir

Francos de Montréal 2022 – Jour 5 | Hubert Lenoir et Clara Luciani confirment que le party est revenu !

Montréal, ville de joie de vivre, ville de party, ville de festivals. C’est la réputation qu’elle avait, avant qu’une pandémie ne s’abatte sur elle. Va-t-elle s’en remettre ?  S’il fallait un mardi soir de juin pour se convaincre qu’elle n’a rien perdu de sa superbe, c’était bien hier.

Ça refoulait jusqu’à Sainte-Catherine devant la grande scène des Francos, sur la Place des Festivals.

C’était aussi le cas pour Koriass à la soirée d’ouverture, nous dit-on.

Mais un mardi ?  En pleine semaine ?

Ça prenait Hubert Lenoir pour réussir ce tour de force, pour avoir ce pouvoir d’attraction extraordinaire.

Et il les a brassés, ses milliers de spectateurs !

Celleux qui n’ont pas porté attention à son plus récent album PICTURA DE IPSE : Musique directe ont probablement été surpris par l’introduction assez brutale, marquée par la chanson Golden Days. À peine trois minutes après le début du spectacle, Hubert, vêtu d’une robe d’été avec un gilet de sécurité par-dessus, s’est lancé dans la foule agitée, caméra à la main. Les écrans géants diffusaient en direct ce maelström humain qui avait déjà envahi les devants de la foule.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

Ça n’allait pas se calmer avec Mtl Style libre, ni Dimanche soir. Avec sa posture hardcore et ses grunts violents, c’était pour ainsi dire franchement punk comme façon d’aborder un spectacle grand public.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

Après le trio de chansons bruyantes, l’atmosphère est passée au groove avec Secret, chanson fraîchement récompensée du Prix de la chanson SOCAN, plus tôt en soirée. Un honneur qu’il a accueilli sans fausse modestie : « C’est probablement la meilleure chanson que j’ai écrite », admettra-t-il avec franchise.

Contrairement à Souldia, notamment, Hubert Lenoir n’a fait appel à aucun invité spécial tout au long de son spectacle. Il faut dire qu’il est déjà bien entouré de sa bande de musiciens et de choristes. Ça fait déjà beaucoup de monde sur scène.

Sa reprise de Jean-Pierre Ferland était probablement la chose la plus proche d’un.e invité.e.  Quoi que, de nos jours, Si on s’y mettait est tellement bien intégrée au répertoire de Lenoir qu’on pourrait presque dire qu’il se l’est carrément appropriée.

Question de prouver qu’il peut bel et bien rejouer dans quelques jours, mais au Gesù dans le cadre beaucoup plus classique du Festival de Jazz, Hubert a interprété une version plus posée de Sucre et sel en harmonies de voix. Franchement chouette. Maiiiiis on est quand même curieux de voir ce qu’il adviendra au Gesù.

Le spectacle s’est terminé sur les chapeaux de roue avec 4 Quarts et bien entendu, son hymne Fille de personne II qui fait virer la foule sur le capot.

Quelques petites minutes de crowdsurfing sur une playlist pop plus tard, la bande a acquiessé à la demande insistante du public pour un rappel en interprétant Recommencer.

Bref, une bonne heure et demie de grande intensité avec Hubert Lenoir, passablement moins bordélique qu’à Santa Teresa et moins suant qu’aux Foufs, ça se prend bien !  Les nostalgiques de l’époque Darlène — êtes-vous vraiment nostalgiques d’il y a moins de cinq ans?! — auront peut-être été déçus de constater qu’on est passé à autre chose (à peine quatre chansons de Darlène ont été jouées). Mais l’artiste évolue, son public aussi, et la Terre continue de tourner. Avec la qualité et la variété de ce qu’on retrouve sur PICTURA DE IPSE, il y a de quoi faire tout un spectacle !

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

Clara l’incandescente

Francos obligent, on peut se taper des soirées doubles, et c’est ce qu’on a fait en se dirigeant au MTELUS tout de suite après le spectacle de Hubert Lenoir. On pouvait ainsi capter les 7 ou 8 dernières chansons de Clara Luciani, dans une salle bondée et chauffée à bloc !  On n’avait pas vu l’ex-Metropolis dans cet état depuis vous-savez-quoi !

De retour au Québec quatre ans après avoir assuré la première partie de Eddy de Pretto — ce serait probablement l’inverse aujourd’hui ! — la chanteuse martégale avait droit à tout un accueil, et elle le nourrissait à coup de déhanchements, avec son aise et son charisme foudroyants !

* Photo par Morgane Dambacher.

Il faut dire qu’il y a de quoi être à l’aise avec un band de course comme celui dont elle dispose : Alban Claudin aux claviers, Mathieu Edward à la batterie, Benjamin Porraz à la guitare et Pierre Elgrishi, qui brille à la basse, sur scène comme sur disque.  Ça groove pas à peu près !

* Photo par Morgane Dambacher.

À notre arrivée, on entendait encore les murmures d’un public visiblement charmé par son duo avec Pierre Lapointe sur Qu’est-ce qu’on y peut.  Allait suivre un enchaînement presque essoufflant de hits, une montée en intensité très efficace culminant avec sa reprise française de The Bay de Metronomy (simplement intitulée La Baie), l’exquise Le reste, la charmante La grenade et le succès dansant Respire, qui a transformé la salle en immense piste de danse. L’euphorie totale !  Et dire que cette foule était celle de la supplémentaire : Clara Luciani avait d’abord annoncé un spectacle le 15 juin (ce soir), qui a rapidement affiché complet, avant qu’une supplémentaire soit confirmée pour le 14.  Ces gens en extase totale en ce mardi soir, ce sont ceux qui ont acheté leurs billets en retard. Vous imaginez l’ambiance pour le show de ce soir ?

* Photo par Morgane Dambacher.

Bref, devant le tonnerre d’applaudissements d’une foule qui n’allait visiblement pas s’en aller sans une petite dernière, Clara est remontée sur scène, seule avec une guitare électrique, pour interpréter la très jolie Drôle d’époque, qui aborde la place des femmes et l’image qu’on attend d’elles. Plus posée, cette chanson permettait de profiter du timbre de voix si singulier de Clara Luciani, de son intonation basse et de la fluidité avec laquelle elle aborde ses mélodies vocales.

En sortant du MTELUS vers 23h30, plusieurs centaines de spectateurs flânaient sur Sainte-Catherine, à la sortie de la salle, se racontant les meilleurs moments de leur soirée. On y sentait quelque chose comme une fébrilité post-orgasmique !

Au coin de la rue, une file d’attente remontait jusqu’à la ruelle derrière : Choses Sauvages donnait un DJ set au Shag.  C’est complet, plus personne ne peut y entrer. Les festivaliers veulent prolonger la fête…

Tout ça un mardi soir.

Pas de doute, Montréal a repris sa joie de vivre, sa réputation de party, sa culture de festivals.

 

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