FTA (Festival)

Festival TransAmériques 2017 | Six spectacles annoncés

« Faire de l’art, c’est sportif! », disait hier midi au Monument-National le directeur artistique du Festival TransAmériques, Martin Faucher, en révélant à la presse six spectacles de la 11e édition du FTA qui se tiendra du 25 mai au 8 juin. Et il y a vraiment de quoi avoir hâte!

C’est le collectif berlinois Rimini Protokoll qui ouvrira le bal avec 100% Montréal au Théâtre Jean-Duceppe. Une sorte d’exercice d’autoreprésentation où pas moins de 100 citoyens montréalais viendront exposer les identités multiples de la métropole, comme en en révélant une radiographie de groupe qui promet d’atteindre l’événementiel.

Sans aucun doute une belle prise, sera la venue pour une première fois en Amérique du Nord de l’immense metteur en scène polonais Krystian Lupa, avec Des arbres à abattre. Dans un alliage audacieux entre théâtre et cinéma, Lupa se concentre sur la parole toujours dérangeante de l’écrivain autrichien Thomas Bernhard. L’infinie complexité de la condition humaine et l’avilissement de ceux qui se consacrent à l’art sont au cœur de cette proposition théâtrale.

Des arbres à abattre. Photo par Natalia Kabanow.

Des arbres à abattre. Photo par Natalia Kabanow.

« La venue de cette compagnie à Montréal est le fruit de huit mois de démarches, disait Martin Faucher qui en est à sa troisième édition à la tête du FTA. C’est une pièce colossale, qui s’étend sur quatre heures et quarante minutes, où l’on assiste à la rencontre d’artistes et d’intellectuels viennois réunis dans un même lieu pour célébrer le succès d’un acteur qui triomphe dans une pièce d’Ibsen au Théâtre National. Mais, la célébration est assombrie par le suicide récent d’une amie comédienne. On retrouve donc une alternance entre la joie et le désespoir. Lupa, qui a 73 ans, est un incontournable, et sa visite est inestimable », résumait Martin Faucher. La pièce, présentée au Théâtre Jean-Duceppe, sera jouée en polonais d’origine avec des surtitres en français et en anglais.

 

Les bâtards, Nelly Arcan et un flamenco féministe

Un habitué et enfant terrible du FTA, Frédérick Gravel, offrira en création mondiale Some Hope for the Bastards, sur la grande scène du Monument-National. Une mise en scène hybride qui rassemble une douzaine de danseurs, dont Francis Ducharme, de musiciens et de programmeurs, sur les musiques de Philippe Brault où s’entremêleront joyeusement baroque, new wave, post-punk et électro.

« Nous sommes tous le bastard de quelqu’un d’autre » laissait entendre Frédérick Gravel à propos de ce spectacle en pleine gestation, pour lequel il ne sait même pas encore s’il sera de la distribution. Schémas de domination et explorations de niveaux de conscience en sont les thèmes, promettant l’émotion pure mais jamais simple. Il y aura même la présence d’une batterie sur scène.

Some Hope For the Bastards. Photo par Stéphane Najman.

Some Hope For the Bastards. Photo par Stéphane Najman.

Comme un pendant au film Nelly, le FTA ramènera La fureur de ce que je pense, créée à l’Espace Go en 2013 à l’initiative de la comédienne Sophie Cadieux. C’est une autre habituée, Marie Brassard, qui orchestrera l’œuvre choc revisitant l’œuvre romanesque de Nelly Arcan. L’écrivaine, qui s’est suicidée en 2009 à 36 ans, se verra transposée dans une série de chambres d’une maison vitrée, comme autant de récits de la douleur d’être femme. Sophie Cadieux, Évelyne de la Chenelière et Julie Le Breton sont au nombre des six actrices en scène.

La fureur de ce que je pense. Photo par Caroline Laberge.

La fureur de ce que je pense. Photo par Caroline Laberge.

« J’ai écrit ce texte comme une partition musicale, avec des bouts chantés par un chœur, confiait Marie Brassard. La thématique du suicide n’est pas au centre de la pièce. J’ai plutôt voulu mettre l’accent sur la profondeur et la richesse de son écriture. C’est une pièce qui parle par la bande de la condition féminine. Nelly Arcan avait une vision très noire de sa propre condition de femme. La pièce est une expérience de soeurosité, si je peux dire, posant le regard dur des femmes envers les autres femmes. Avec le résultat que c’est la mise en scène la plus complexe que je n’ai jamais signée. »

Une curiosité de Séville, la jeune chorégraphe espagnole Rocio Molina, viendra désacraliser le flamenco avec Caida del cielo. Une pièce subversive et féministe, par une étoile frondeuse qui se joue de la pérennité des claquements de talons en y ajoutant cordes sèches, chant a capella et distorsion de rockeuse.

Un retour attendu est celui de la performance collective du désormais célèbre continental chorégraphié par Sylvain Émard. Ainsi, Le super méga continental succédera à la première version du Grand continental qui avait réuni 60 danseurs amateurs en 2009 sur la rue Émery, 120 l’année suivante à la Place Émilie-Gamelin pour Le très grand continental, et jusqu’à 200 participants en 2011 pour Le Continental XL, cette fois sur la Place des Festivals.

375e de Montréal oblige, cette année ils seront 375 adeptes de danse en ligne de tous âges et de toutes apparences, à se déhancher sur la Place des Festivals, prolongeant le FTA jusqu’à la mi-septembre. Le geste, festif et grégaire à souhait, n’en est pas moins structuré. Des auditions se tiendront les 28 février, 1er et 2 mars à Circuit-Est Centre chorégraphique, pour que cette folle aventure se poursuive en beauté. Le concept a d’ailleurs fait le tour de plusieurs pays, de la Corée du Sud à la Nouvelle-Zélande, avec pas moins de 2000 interprètes ayant joué le jeu.

Enfin, il est à noter que deux spectacles du FTA 2017 passeront par le 18e Carrefour international de théâtre à Québec, pour un soir seulement à la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre. Ce sont Des arbres à abattre le 28 mai, et La fureur de ce que je pense le 31 mai. C’est là une heureuse collaboration entre les deux plus importants festivals du genre sous nos cieux.

La programmation complète du prochain Festival TransAmériques sera annoncée en grandes pompes le 21 mars prochain. Bien hâte…

 

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