Festival Musique du Bout du Monde à Gaspé 2023 – Chapitre 2 | Chérir ses trésors

Il n’y a que la Gaspésie pour nous offrir de tels instants. Même si le Festival Musique du Bout du Monde (FMBM) propose une programmation moins fournie que celle de certains autres événements d’envergure, l’expérience du festivalier à Gaspé n’a rien à envier à ceux-ci. Comme quoi, la qualité prime bel et bien parfois sur la quantité.

Consultez également notre compte-rendu Chapitre 1 du FMBM.

De simples mots ne sauraient rendre justice à cette aube passée au Cap-Bon-Ami.

Chaque personne présente l’a ressenti, ce sentiment singulier.

Festivaliers, organisateurs, bénévoles, l’artiste elle-même.

Nous étions loin de tous nous connaître, et pourtant, chacun partage ce moment à jamais.

À 3h15 du matin, trois navettes emmènent les festivaliers au Cap-Bon-Ami, dans le parc national de Forillon, à 40 minutes de Gaspé.

On perçoit l’odeur de l’alcool à plein nez dans le bus : la deuxième décision aura donc été prise.

Arrivés à destination, on découvre une dizaine de courageux, déjà emmitouflés et assis sur des chaises de camping, attendant patiemment la venue de Klô Pelgag.

 

Onirique Gaspésie

Le soleil se lève tranquillement, illuminant peu à peu le Golfe du Saint-Laurent, à gauche, puis la vallée sur la droite.

Magique.

Une présentatrice annonce que c’est depuis 12 ans que le FMBM cultive la tradition des spectacles à l’aube, avant de laisser sa place à Klô Pelgag, s’asseyant sur le banc d’un piano datant de 1896.

Vêtue d’une robe de chambre, et enroulée dans une couverture, l’artiste gaspésienne débute son segment avec Au bonheur d’Édelweiss.

Le manque de sommeil s’avère frappant pour tous, l’état du corps à une heure aussi atypique pouvant laisser croire que l’expérience s’annoncera ratée.

Tout au contraire.

Alternant majoritairement entre des morceaux de ses deux derniers albums, L’Étoile thoracique et Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, Chloé Pelletier-Gagnon, de son vrai nom, parvient à transporter son public à la frontière du réel et du rêve, le temps d’un instant, la fatigue rajoutant une couleur particulière à l’expérience.

« On est un peu entre hier et demain », prononce Klô Pelgag entre deux titres.

Exactement.

Alors que le soleil continue d’illuminer la sublime vue du Cap-Bon-Ami, en contraste avec la touche morose de son répertoire, mais toujours à la plume si juste, Klô Pelgag termine son concert avec une reprise de Trente, de Karim Ouellet, ainsi que sur l’interprétation de son succès Comme des rames, en rappel.

Le temps se suspend.

Puis, le public se lève d’un pas pour applaudir l’auteure-compositrice-interprète à talent.

Le rêve, cette bulle semble déjà derrière nous.

Il est temps de retourner vaquer à ses occupations, revenir à la réalité.

 

Braver la montagne

La troisième fois aura donc été la bonne.

Après avoir déplacé les concerts de Lara Klaus le jeudi, puis d’Elliot Maginot le lendemain, à l’auditorium du Cégep de la Gaspésie et des Îles, la météo se range finalement du côté du FMBM, laissant la possibilité à la chanteuse Dominique Fils-Aimé de se produire au sommet du Mont-Béchervaise le samedi, en début de soirée.

Pour se rendre en haut, rien de plus simple : 30 (!) minutes de télésiège, ou une randonnée d’à peu près une heure à travers les sentiers de l’endroit.

Quelle que sera la décision posée, le temps d’atteindre la Scène TELUS permet d’apprécier les alentours, et ces magnifiques forêts à perte de vue.

Arrivé à destination, le décor s’avère d’autant plus prenant : on aperçoit le Havre de Gaspé, et l’environnement l’entourant.

L’image est parfaite.

* Photo par Roger St-Laurent.

Dominique Fils-Aimé débute peu après 17h, non sans mentionner que l’équipe du festival annonce quelques minutes avant sa fierté d’être parvenue à construire cette année cette scène d’une manière permanente, à l’aide du soutien de divers organismes.

L’artiste suggère rapidement à la foule de réduire les occasions d’applaudir entre les morceaux, le tout dans l’idée de créer une « bulle », rendre le moment d’autant plus mémorable.

La voix et le charisme de Dominique Fils-Aimé se révèlent exemplaires, alors que la chanteuse et ses excellents musiciens piochent autant dans le jazz, la soul, le psychédélique, dans le courant des morceaux.

* Photo par Roger St-Laurent.

Fils-Aimé semble vivre sa musique, apprécier le moment, interprétant entre autres le titre Cheers To New Beginnings, de son prochain album à paraître en septembre 2023.

 

La rue de la Reine

Point tournant du Festival Musique Bout du Monde, la rue de la Reine se chargeait une fois de plus d’animer les journées des festivaliers, alors qu’une panoplie d’activités agrémentait encore davantage l’ambiance de l’endroit.

Sur près de deux cents mètres, des artisans gaspésiens vendent leur savoir-faire dans de nombreuse échoppes disposées des deux côtés du trottoir, tout comme des commerces déployant des stands pour offrir de la nourriture et des boissons à rabais aux personnes présentes.

On dénote également des animations de rue, du cirque, de la danse, des mascottes, une fanfare.

Et les couche-tard ne sont pas négligés : du jeudi au samedi, Le Paquebot et le bistro-bar Le Brise Bise reçoivent des concerts à partir de 23h30, alors que le collectif ElecTree Soundsystem tient une performance de la nuit du samedi au dimanche, renforçant grandement la volonté des festivaliers désirant rester éveillés jusqu’à la performance de Klô Pelgag.

La ville qui ne dort jamais, vraiment.

On est à New York ou à Gaspé?

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

La rue de la Reine brille autant par les propositions musicales, le samedi et le dimanche (le vendredi 11 août marquait normalement l’ouverture de la Scène Loto-Québec, déplacé le lendemain après les complications liées à la pluie).

La Tribu Salsa Band fait danser les festivaliers aux rythmes de la musique latine dès 13h le samedi, tandis que le collectif à tendance colombienne et africaine The Bongo Hop répète l’exercice le lendemain, en guise de clôture du FMBM.

L’éclectisme et la variété continuent, alors que se produisait plus tôt dans la journée sur scène la jeune, jeune relève musicale, au nom de Coups de cœur FMBM – Cégep et Secondaire en spectacle.

Plusieurs dizaines de personnes venues soutenir ces élèves des rêves plein les yeux, c’est encourageant.

Et au bout de ces journées festives, musicales, parfois pluvieuses, dans un décor enchanteur, rassembleuses, le Festival Musique du Bout du Monde met un terme à sa 19e édition.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Après l’effort, Gaspé peut se permettre un repos bien mérité.

On se donne rendez-vous en août prochain.

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