crédit photo: Alexya Crôteau-Grégoire

Festival Musique du Bout du Monde à Gaspé 2023 – Chapitre 1 | La Gaspésie danse

Le festival Musique du Bout du Monde lançait sa 19e édition jeudi dernier. Pour trois soirées d’affilée, la Scène Hydro-Québec, sous un chapiteau, accueillait divers artistes jusqu’à l’aube de minuit, chacun étant parvenu à sa manière à installer une ambiance distincte et reconnaissable, gardant pourtant toujours cette couleur festive durant les performances.

En bon français, quand on retrouve La Bottine souriante dans la place, il faut s’attendre à ce que « le party pogne »!

La populaire formation de musique traditionnelle clôturait les festivités du vendredi 11 août, alors que le groupe s’apprête à effectuer son retour dans les oreilles des Québécois en automne prochain, avec un 12e album studio à paraître.

*Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

La Bottine semble être dans les parages et occuper les radios québécoises au temps des Fêtes depuis belle lurette; pas faux, puisque sa formation remonte à 1976.

Né durant la période où le sentiment indépendantiste atteignait son paroxysme, le groupe trad ne ressemble en rien à l’alignement de ses débuts : plus de Denis Fréchette, plus d’André Marchand, mais surtout, plus d’Yves Lambert dans les rangs de l’ensemble.

Les mauvaises langues pourraient affirmer que, sans les membres originaux, et formé il y a de cela trop longtemps, le groupe ne saurait toucher cette nouvelle génération de mélomanes au Québec.

Vraiment, les mauvaises langues.

Près de deux heures durant, La Bottine souriante alterne entre vieux classiques et nouveaux morceaux, présentant même une poignée de titres de leur prochain projet.

Les musiciens de la formation parviennent à animer la foule d’une main de maître, suggérant au public de participer aux habituelles chansons à répondre, à danser, à sauter.

Et on le remarque, les jeunes comme les plus vieux apparaissent profondément touchés par la proposition.

Alors que l’un des membres de La Bottine soutient que « ces chansons, ce sont aussi les vôtres », une fierté palpable semble se dégager de la part de la foule.

Celle d’appartenir au peuple québécois, et d’être simplement heureux de partager ce sentiment avec autant de personnes aux alentours.

Au gré des notes des violons, percussions, cuivres, etc., la soirée bat son plein sous les acclamations constantes, avant que La Bottine ne termine vers 23h30.

 

Après la pluie, le beau temps le reggae

Suivant une pluie battante ayant trempé jusqu’aux os les festivaliers gaspésiens présents, des dizaines de courageux s’étaient réunis pour assister à la performance d’Ammoye, chanteuse jamaïcaine résidant à Toronto, débutant la soirée du vendredi 11 août à 20h30.

Pour sa première fois dans la région (mais pas la dernière, de ses mots), l’artiste s’offre un solide concert d’ouverture, mêlant le reggae à la soul dans une musique engagée, toujours le sourire aux lèvres en chantant.

*Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Sans être la performance la plus mémorable du festival, le talent d’Ammoye s’avère indéniable, et il est bon de le souligner, pendant que certains rappeurs paresseux marmonnent quelques mots par minute sur scène, la chanteuse parvient à enchaîner plus d’une heure de mélodies souvent compliquées, toujours à la voix et à la technique parfaites.

 

La puissance à l’africaine

Après une excellente performance d’à peu près une heure du quintette Bon Enfant, combinant brillamment plusieurs genres musicaux comme le rock, la pop, le psychédélique ou même le blues, et s’étant terminé sur un grand mosh-pit à l’avant du public, le collectif Moonshine, accompagné des artistes Pierre Kwenders, San Farafina et AKAntu, foule les planches pour cette dernière performance à la Scène Hydro-Québec, le samedi 12 août.

Et, la folie.

Une ambiance enflammée, mais surtout, particulièrement constante.

Pierre Kwenders se charge du premier quart-d’heure de la performance, interprétant des titres plus décontractés de son dernier album, José Louis And The Paradox Of Love, lauréat du prestigieux Prix Polaris en 2022.

Puis, il se fait rejoindre par une DJ, passant au cours de la soirée des mélodies à tendance afro-beat.

La chaleur monte encore, sans répit, les artistes se succèdent les uns après les autres.

La fin du concert de Bon Enfant semblait synonyme avec la performance suivante.

Des jeunes n’arrêtent pas de sauter et de causer des turbulences dans la foule du chapiteau, exaltés, presque en transe face à la puissance de cette musique et ces danses.

L’un des coups de cœur du festival.

Moonshine et les autres artistes terminent peu avant minuit, laissant aux festivaliers deux choix quant au déroulement du reste de leur nuit.

D’abord, essayer de récupérer quelques heures de sommeil avant le concert de Klô Pelgag, le lendemain à 5 heures du matin, ou encore, danser jusqu’aux petites heures du jour, sans interruption avant la performance de la musicienne au Cap-Bon-Ami.

Par cette simple décision, on arrive à démêler les fêtards des « casés ».

Si les festivals de région misent généralement sur une scène locale et traditionnelle québécoise dans leur affiche, force est de constater que le FMBM parvient autant à marier les artistes du territoire que les musiques d’ailleurs, un éclectisme qui permet de faire briller les choix des programmateurs.

Comme si on invitait les autres continents à Gaspé.

Le temps d’un instant.

Le temps d’un festival.

 

La fin d’un chapitre

Ce vendredi 11 août, le climat de Gaspé ne se range du côté des vœux des festivaliers.

Comme la veille, avec Lara Klaus, la pluie contraint le FMBM à déplacer le concert d’Elliot Maginot à l’auditorium du Cégep de la Gaspésie et des Îles, normalement programmé au sommet du Mont-Béchervaise.

Débutant avec Easy Morning, Maginot présente dans une salle pleine à craquer son folk doux, planant, rock, parfois.

En soi, l’endroit apparaît logiquement aux yeux des auditeurs teinté d’un caractère trop habituel, un brin fade, mais des guirlandes sur la scène permettent de rendre le moment d’autant plus magique, une touche admirable.

*Photo par Roger St-Laurent.

Proche de son public, Elliot Maginot interprète à la guitare une partie de son répertoire, à noter également la magnifique reprise seul au piano de Voir un ami pleurer, de Jacques Brel, alors que cet instant représente beaucoup pour l’artiste.

Le talentueux musicien québécois avoue que ce concert constitue la dernière représentation « avec cette gang-là », ses musiciens, visiblement ému qu’une page se tourne aujourd’hui.

« Ça veut peut-être dire que c’est le temps de passer à autre chose », confesse-t-il.

Elliot Maginot termine en rappel, après un peu plus d’une heure mémorable passée à ses côtés, avec Parmi les autres, son plus récent simple.

Effectivement, le musicien semble regarder vers l’avant.

*Photo par Roger St-Laurent.

Le concert était-il agréable? Oui, sans l’ombre d’un doute.

L’aurait-il été davantage si le Mont-Béchervaise avait accueilli Elliot Maginot et ses musiciens? Oui, c’est également certain.

Voilà la difficulté intrinsèque à un festival.

Pour profiter en musique d’un décor aussi enchanteur que celui d’une région comme la Gaspésie, il faut savoir composer avec les risques du métier.

Malgré la dommage annulation de Pamela Rooney, en supposée ouverture vendredi des spectacles gratuits offerts sur la rue de la Reine, il faut tout de même saluer les efforts déployés, ainsi que la capacité de réaction chez les employés du FMBM.

On aura su avoir Maginot, au final.

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