Festival de Jazz de Montréal

Festival International de Jazz de Montréal en mode virtuel : Le multiculturalisme comme pierre d’assise

À défaut de pouvoir tenir une 41e édition comme d’habitude devant des dizaines de milliers de festivaliers au Quartier des spectacles, le Festival International de Jazz de Montréal, présenté par le Groupe Banque TD en collaboration avec Rio Tinto, annonçait mercredi qu’il tiendrait au moins une édition virtuelle, avec des concerts d’une impressionnante brochette d’artistes locaux captés sur la scène de l’Astral et des archives historiques. À l’image de ce qu’on connaît du FIJM, il y aura des noms établis et des découvertes qui se succéderont. Et la clé de cette variété si chère au Festival, c’est le multiculturalisme.

« Ça fait longtemps que je le dis : la scène de Montréal, ça fait plus de 15 ans qu’elle est importante et qu’elle brille partout dans le monde, nous explique Laurent Saulnier, vice-président à la programmation. Rappelle-toi quand les Arcade Fire et tous ces artistes faisaient notre renommée au début des années 2000. J’ai jamais eu l’impression qu’elle a diminué en quantité, ni en qualité, cette scène montréalaise. Elle s’est diversifiée, mais elle demeure aussi riche. Sinon plus riche. »

Laurent Saulnier. Photo par Benoit Rousseau.

Pour Laurent Saulnier, cette édition spéciale virtuelle « en attendant le retour à la normale » du FIJM, qui se tiendra du 27 au 30 juin, suivra les mêmes principes de base que les 40 éditions du festival, le même canevas que la programmation extérieure gratuite qui anime habituellement le Quartier des spectacles. « Comme le Festival de Jazz en extérieur, le numérique sera basé sur une gratuité et une vraie diversité musicale. Oui, il y aura du jazz, mais aussi beaucoup de diversité. On y retrouvera autant un Carl Mayotte, qui est la Révélation Jazz de Radio-Canada, qu’un Rafael Zaldivar, qui vient de Cuba, et plein de trucs comme ça. »

Le Festival débutera le 27 juin, Journée canadienne du multiculturalisme. Et ce n’est pas un hasard. « On avait déjà commencé l’an dernier avec une série complètement dédiée à des musiciens qui habitent Montréal mais qui proviennent de partout dans le monde. On aurait dû la reprendre sur le site extérieur, si le festival avait eu lieu normalement. Alors on s’est dit: on fait 4 jours, commençons ça le 27 juin, Journée du multiculturalisme! Quand on y pense, le multiculturalisme, c’est un presque la définition du Festival International de Jazz de Montréal! Alors on reprend le concept de notre série, mais en le concentrant sur une soirée. »

Le concert d’envoi du 27 juin sera donc celui de Malika Tirolien, autrice-compositrice-interprète originaire de la Guadeloupe, installée à Montréal. Certains l’ont connue en tant que chanteuse principale du spectacle La Nouba du Cirque du Soleil de 2010 à 2012. Tirolien jouera sur la scène de l’Astral dans le cadre de la série Les Apéros SAQ, des rendez-vous en direct chaque soir à 18h.

Malika Tirolien, photo par ID Line Studio.

La formule sera la même à chaque soir : une perfo live en Apéros SAQ à 18h, puis quelques capsules de courts concerts de 15 à 20 minutes de 19h à 20h (c’est là qu’on retrouvera des artistes comme The Barr Brothers, Naya Ali ou Bia, par exemple).

Puis à 20h, le FIJM nous proposera des documents d’archives tirés de la fameuse voûte du Festival International de Jazz de Montréal. Pour cette première soirée sous le signe du multiculturalisme, quoi de mieux que le fameux concert avec Oscar Peterson et Oliver Jones en 2004!

La soirée initiale du Festival de Jazz virtuel se conclura avec la Fin de soirée Loto-Québec, un « party en direct avec Monsieur Pierre Kwenders, accompagné d’un VJ pour le visuel, et de Kando qui va faire de la peinture en direct. »

Pierre Kwenders, photo par Marc-André Mongrain.

Une édition entre-deux

Laurent Saulnier se réjouit de cette expérience virtuelle que tente le FIJM cette année. Il n’essaie pas pour autant de cacher l’immense manque qu’il ressent à l’idée de ne pas voir le Quartier des spectacles s’animer comme d’habitude. « De façon professionnelle ou pas, j’ai assisté physiquement à tous les Festivals de jazz. Depuis que j’ai 17 ans, tu t’imagines! C’est la première fois que je n’en ai pas. Je sens physiquement qu’il me manque quelque chose. Je suis comme un vieux junkie qui n’a pas son adrénaline. »

Au moment où la crise a frappé de plein fouet, vers la mi-mars, Laurent Saulnier croyait toujours que le Festival International de Jazz de Montréal se tiendrait d’une façon ou d’une autre. Ça a pris plusieurs semaines avant que le constat inévitable s’impose. « On a eu droit à des nouvelles encourageantes ces derniers jours pour les salles de spectacle, mais on s’entend qu’on est quand même très très loin d’avoir 25 000 personnes sur la Place des Festivals, ou 2000 dans un MTELUS », se désole-t-il.

« Ça a été un long processus, mine de rien, pour déterminer qu’on pouvait faire une édition virtuelle cette année. À partir du moment où on savait qu’il n’y aurait pas de festival physique, on a commencé à se poser la question. Mais c’est plus complexe qu’on pouvait l’imaginer au départ. D’abord, c’est plus cher qu’on le pensait. Alors la première chose à régler, c’était de trouver du budget. Et je le dis sans flagornerie : merci à nos commanditaires. Groupe Banque TD et Rio Tinto ont décidé d’embarquer dans cette aventure-là sans hésiter. C’est une expérience, on l’essaie. Simplement parce qu’on trouve qu’un été sans Festival de jazz, ça fait trop mal. À partir du moment où on avait l’argent, la deuxième étape, c’était de figurer comme on peut s’installer à l’Astral et le transformer en studio de télé tout en conservant l’aspect salle de spectacles, et tout ça, en respectant un protocole sanitaire rigoureux. »

On y est. Tout ça est maintenant en place. Voici d’ailleurs une photo publiée sur le compte Facebook du Festival de Jazz, démontrant l’Astral en mode captation de spectacles :

* Photo par Vincent Croteau.

Maintenant, place à la musique, du 27 au 30 juin, sur les plateformes numériques du FIJM!

Justement, quelques infos alléchantes en vrac :

  • La série Les Apéros SAQ comptera sur des perfos complètes, en direct, de Malika Tirolien, Jacques Kuba-Séguin, Fredy V. & The Foundation et Jordan Officer.
  • Parmi les Trésors du festival présentés par TD et Rio Tinto, les vidéofestivaliers pourront voir des performances historiques de Miles Davis, Jaco Pastorius et Sarah Vaughan, « renumérisées pour avoir la meilleure qualité possible. »
  • Un artiste à découvrir absolument, selon Laurent Saulnier?  « Clerel. Je sais que tu vas tomber en amour avec ce gars-là! Franchement, je peux dire que c’est ma découverte de cette année sur la scène montréalaise. C’est soul, folk, il écrit des vraiment bonnes tounes. Tout un artiste! »
  • Les séries Les rythmes Rio Tinto et Les sessions TD proposeront des concerts intimes exclusifs enregistrés dans un studio spécialement conçu pour l’occasion à l’Astral, dans la Maison du Festival. On pourra y voir au cours du festival des artistes tels que Charlotte Cardin, Jean-Michel Blais, Dominique Fils-Aimé, Naya Ali, Jeremy Dutcher ou encore Jack Broadbent.

L’horaire précis et complet du Festival de Jazz de Montréal virtuel :

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