Festival Archipel

Festival Archipel 2024 – Jour 2 | Kamouraska ouvre grand les bras

La conclusion s’impose d’elle-même, à peine quelques pas à l’intérieur du site du Festival Archipel, qui s’installait à Saint-Pascal, village voisin de Kamouraska, pour son jour 2 : on a plutôt affaire à une grande fête communautaire. Et plus la journée progresse, plus on s’en réjouit.

C’est en grande partie pour offrir un festival digne de ce nom aux gens du coin qu’Archipel est né l’été passé. Unique en son genre dans la région, l’évènement de trois jours, cette fois du 12 au 14 juillet, s’engage autant à mettre en valeurs des artistes de Kamouraska et des environs qu’à partir à la pêche aux grands noms. Une certaine Klô Pelgag, par exemple, performait un set solo à guichets fermés à l’Église de Saint-Louis-de-Kamouraska vendredi soir, premier jour du festival.

Là se trouve un des nombreux ingrédients qui font le charme d’Archipel : sa diversité entièrement assumée. Ramener Klô Pelgag et Laurence-Anne n’empêche pas de céder tout l’après-midi du samedi, par exemple, à des formations ultra locales qui s’échangent des membres et avec qui toute la municipalité semble familière.

À la Place de l’Expo de Saint-Pascal, où Archipel a posé bagages pour l’après-midi, personne ne semble se préoccuper du ciel un peu gris. Le terrain accueille la scène, oui, mais surtout plusieurs familles et leur marmaille qui court dans l’herbe et s’amuse avec les jeux mis en place par le festival.

Des pizzas cuisent dans un grand four à bois, des bières à l’enseigne d’Archipel trouvent preneur un peu plus loin. Tables, grandes chaises de plage et bean bags accueillent un public fourmillant en sandales et vêtements colorés. Kamouraska est un village familial et Archipel l’a bien compris. Nous, on l’a surtout compris quand on a constaté l’âge moyen des crowd surfers pendant le spectacle de Laurence-Anne à l’église de Saint-Pascal-de-Kamouraska plus tard en soirée. On y reviendra.

Musique d’ambiance pour piste de danse

Mississippi Sound System et Saint-Swing-de-Kamouraska, deux formations de la région, se relaient le centre de l’attention entre 16h et 18h30. La première est de retour cette édition après un passage convaincant l’an dernier. Juste de voir arriver les 25 percussionnistes, tambour sur la tête, la foule est captivée. Le grand groupe s’installe sur le pavé devant la scène, à quelques pas du public, puis le chef d’orchestre fait entendre son premier coup de sifflet.

Pendant une heure, Mississippi Sound System fait danser la foule bigarrée au moyen de leurs différents tambours et maracas. Aiguiser un peu son regard permet de voir une tonne de détails dans l’exécution qui peaufinent le rendu. L’heure s’envole, quelques gouttes tombent sans que quiconque en fasse un cas. Les batucadas font face à un public fidèle que pas grand-chose ne semble en mesure d’affaiblir.

Mississippi Sound System. Crédits : JHA Photographie.

La fête se poursuit avec Saint-Swing-de-Kamouraska, formation de six musiciens et musiciennes aussi charmante et colorée que son nom l’indique. L’ensemble (chant, batterie, contrebasse, guitare, saxophone et piano) entreprend des reprises honnêtes de classiques comme Feeling Good et Sunny.

Il ne suffit que de quelques notes avant que l’espace asphalté devant la scène se transforme en piste de danse, et ce, pour la totalité de la performance. Les festivaliers et festivalières changent de partenaire à chaque morceau. Leur enthousiasme est imperméable à la pluie qui s’intensifie. La chanteuse principale souligne leur persévérance, mais elle semble aller de soi.

Saint-Swing-de-Kamouraska. Crédits : Atelier 27×27.

Doux rave signé Laurence-Anne

Les rayons percent quelques instants à peine après Saint-Swing-de-Kamouraska, juste à temps pour la marche d’un kilomètre à travers le village vers l’église de Saint-Pascal-de-Kamouraska, où une performance de Laurence-Anne est prévue pour 19h30. L’autrice-compositrice-interprète bien connue sur la scène émergente montréalaise a grandi à Saint-Pascal, et ses derniers moments dans cette église remontent à son école secondaire, indique-t-elle à un public attentif qui ne paraît toutefois pas des plus familier avec son répertoire. Du moins en début de spectacle.

Laurence-Anne offre à Archipel sa plus belle tenue ecclésiale : shorts en jeans, camisole verte forêt aux détails floraux, imposantes bottes immaculées et longue cape translucide d’un violet délavé. Elle flotte du micro au clavier comme une fée, clochettes en main, regard entre le public et son monde intérieur.

On parvient mal à comprendre les nombreuses places vacantes dans l’église, mais fidèle au poste comme tout au long de la journée, la foule a livré la marchandise.

Après un coup d’envoi plus en retenue, où on sentait une certaine distance entre un band ultra concentré et un public curieux, mais réservé, la magie opère. Sur l’envoûtante et cadencée Nyx, de l’excellent album Musivision, Laurence-Anne invite les enfants du public à la joindre pour un dance party sur l’autel, et vous vous doutez que les parents suivent. En une chanson, les quelques mètres entre l’autrice-compositrice-interprète et les premiers bancs se noircissent de monde qui se trémousse. Une bonne dizaine de jeunes se font porter du bout des bras par les plus agé.es.

Pardonnez l’expression galvaudée, mais on se croirait dans un film. « Ah, vous avez de l’énergie, finalement! », lance une Laurence-Anne mi-déconcertée, mi-soulagée.

Personne ne regagne son siège jusqu’à la toute fin de la performance. Sur les pièces qui demandent plus de calme, comme la nostalgique Ombre sur toi ou Fantôme, les familles s’assoient par terre, attentives. Quelques enfants à l’énergie débordante butinent autour du batteur et du claviériste, crient des paroles inaudibles, font la roue (!). Laurence-Anne est hilare. C’est un set pas comme les autres.

Pour son énergie qui semble avoir conquis les plus jeunes et pour sa voix vaporeuse qui, posée sur ses mélodies énigmatiques, font tout sauf indifférer, la native de Saint-Pascal a sans doute réussi à agrandir encore son bassin d’admirateurs et admiratrices… directement au bercail.

Lecture et puis dodo

La soirée se déplace pour une dernière fois dans le stationnement du restaurant Hôtel Victoria. Une grande scène mobile dont les éclairages rouges percent l’obscurité accueille l’union entre le groupe de musique Le vaisseau d’or et les poètes Virginie Beauregard D., Marjolaine Beauchamp, Shawn Cotton et Alexandre Dostie.

Accueilli.es au chasse-moustiques, les festivaliers et festivalières qui profitent du jour deux d’Archipel jusqu’au bout s’installent aléatoirement autour de la scène. Les personnes attablées sous la douce lumière du restaurant se mêlent au public du Vaisseau, les têtes se tournent toutes vers les premiers mots lancés dans la nuit.

À l’image de la programmation de la journée, les quatre poètes ont des offres bien différentes, tant dans l’interprétation que dans le propos, mais ça ne choque nullement.

Archipel, depuis maintenant deux ans, part à la chasse au talent, et la chaleur de l’accueil de Kamouraska et de Saint-Pascal s’occupent du reste. Des festivals comme tels, à moins grande échelle, mais au potentiel de magie peut-être plus élevé, oserons-nous dire, auront toujours leur place dans la province.

Consultez la programmation complète ici.

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