
Envol et Macadam 2025 – Jours 2 et 3 | Un week-end entre pèlerinage punk et célébration de la relève
Agora du port de Québec, 12 et13 septembre. Après une soirée d’ouverture brutalement métal, Envol et Macadam a changé de visage pour le week-end, nous plongeant au cœur même de l’histoire et de l’avenir du punk rock. Entre un voyage sentimental dans les années 1990 et une fête ska-punk endiablée, le festival a offert deux soirées mémorables qui ont résonné bien différemment, mais avec la même intensité.
Vendredi 12 septembre : Un retour dans le temps, droit au cœur de l’adolescence
Si la soirée d’ouverture gratuite fut un succès, la marée humaine qui a déferlé sur l’Agora ce vendredi était d’une tout autre ampleur. Il était clair que les têtes d’affiche de la soirée étaient attendues de pied ferme par une foule visiblement plus volumineuse et fébrile. Pour moi, et pour beaucoup d’autres, ce n’était pas qu’un simple concert, c’était un retour en arrière, une machine à remonter le temps qui nous ramenait à l’époque des cassettes, des skateboards et des premiers shows dans des sous-sols bondés.
Après que Blooming Discord et Béton Armé aient solidement mis la table, le premier grand moment d’émotion est arrivé avec Face to Face. Ce groupe n’est pas anodin pour moi ; il a été mon tout premier concert punk, en 1994. Près de trente ans plus tard, l’amour viscéral que je leur porte est intact. Livrant un set impeccable, le groupe a ravivé cette flamme avec une précision et une passion qui ont prouvé que leurs chansons sont intemporelles. Les refrains étaient repris en chœur par une foule qui, comme moi, revivait une partie de sa jeunesse. Je n’ai d’ailleurs pas pu résister à l’appel du mosh pit, où mes pauvres genoux vieillissants se sont vite chargés de me rappeler avec humour que nous n’étions plus tout à fait en 1994.
Puis, les pionniers de la vague punk rock californienne, Pennywise, sont montés sur scène pour finir le travail. Véritable bande sonore de notre adolescence, le groupe a transformé le parterre de l’Agora en un immense mosh pit fraternel et survolté. Ce qui était particulièrement beau à voir, c’est que les visages dans ce pit n’étaient pas que ceux de ma génération. Une toute nouvelle génération était là, chantant les paroles avec autant de conviction que nous. Cela prouve l’incroyable pertinence d’un groupe qui, après presque 40 ans d’existence, réussit encore à rassembler. Les visages changent et se rajeunissent, mais l’esprit amical et communautaire du punk rock, lui, perdure. C’était une communion totale, un véritable pèlerinage intergénérationnel.
Samedi 13 septembre : La flamme se régénère dans une grande fête ska-punk
Loin de s’essouffler, la vague de festivaliers s’est faite encore plus dense pour la soirée de clôture, prouvant à quel point les têtes d’affiche de ce grand rendez-vous ska-punk étaient attendues de plusieurs. Si le vendredi était une soirée pour les vétérans, le samedi a prouvé de manière éclatante que l’esprit punk rock n’est pas mort, et qu’il continue de se régénérer avec brio. La soirée a offert une magnifique progression dans l’univers punk, démontrant que la relève est non seulement assurée, mais qu’elle est explosive.
Après les excellentes mises en bouche de The Robert’s Creek Saloon et The Anti-Queens, les incontournables rois montréalais du ska, The Planet Smashers, ont fait ce qu’ils font de mieux : transformer l’Agora en une gigantesque piste de danse. Forts de leur nouvel album, ils en ont profité pour nous lancer quelques pistes de ce dernier opus. Et même si ces pièces étaient moins connues du public, la foule a continué de danser sans arrêt, prouvant la confiance absolue que les fans leur accordent : peu importe ce qu’ils jouent, les Smashers vont toujours livrer la marchandise. La fête a culminé avec leurs grands succès, se terminant comme il se doit par le magnifique Skate or Die qui a vidé tout ce qui restait d’énergie à une foule plus que satisfaite.
Le moment de pure virtuosité de la soirée est ensuite venu avec Streetlight Manifesto. Avec eux, on quitte le ska-punk traditionnel pour entrer dans un autre univers. Chacune de leurs chansons est une véritable épopée épique, où le travail magistral derrière chaque composition est brillamment démontré sur scène. Leur univers musical n’a rien de simple ou facile ; il est construit sur de multiples couches de sons et d’ambiances qui donnent un effet grandiose à leur performance. Le résultat est un véritable mur de son qui nous attaque, presque comme dans un grand concert classique, orchestré par une section de cuivres d’une précision chirurgicale. Une prestation d’une intensité et d’une richesse à couper le souffle.
Enfin, The Interrupters sont venus couronner le festival, et de quelle manière ! Leur marque de commerce, c’est une musique foncièrement positive et entraînante ; il est impossible de sortir d’un de leurs concerts en étant déprimé. C’est au contraire une grosse bouffée d’énergie positive, et l’effet sur la foule a été immédiat : tout le plancher, sans exception, avait envie de danser ! Sur scène, le groupe donne beaucoup, porté par une énergie communicative rare. Ils ont même offert le moment le plus touchant du week-end en jouant une version improvisée et ô combien émotive de la chanson Alien, à la demande spéciale d’un fan.
Et que dire du sourire de la chanteuse Aimee Allen! À craquer, il illumine la scène et est à lui seul une invitation à la fête. Leur prestation était la conclusion parfaite, un message d’espoir et de joie qui a laissé tout le monde avec une énergie renouvelée.
En somme, Envol et Macadam a une fois de plus frappé un grand coup. En créant un pont parfait entre la nostalgie des pionniers du punk et l’énergie vibrante de la scène actuelle, le festival a prouvé sa pertinence et sa vitalité. Avec une organisation impeccable, un site toujours aussi enchanteur et une ambiance électrique d’un bout à l’autre, cette 28e édition s’inscrit sans contredit parmi les plus mémorables. Vivement la 29e!
- Artiste(s)
- Béton Armé, Face to Face, Pennywise, Robert's Creek Saloon, Streetlight Manifesto, The Anti-Queens, The Interrupters, The Planet Smashers
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- L'Agora de Québec
- Catégorie(s)
- Punk, Ska,
Événements à venir
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