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Entrevue avec MGMT | Ben Goldwasser nous parle du troisième album et de sa perception

MGMT est bien conscient de l’accueil tiède réservé à son troisième album, MGMT, paru en septembre dernier. À quelques jours du concert du groupe à Montréal, Sors-tu.ca en a profité pour en jaser en toute transparence avec le membre fondateur Ben Goldwasser, alors qu’il se trouvait à Charlotte, en Caroline du nord, au beau milieu de la présente tournée nord-américaine, qui s’arrêtera au Métropolis, le lundi 9 décembre prochain. 


Sors-tu.ca : Quelle part du nouvel album a été composée en studio ?

Ben : Nous avons pratiquement tout écrit directement en studio. En fait, il n’y avait pas autant de séparation entre la composition et le travail de studio ; ça arrivait en même temps. Une bonne partie de la musique qui s’y retrouve a tout simplement été extraite de sections improvisées. On essayait toute sorte de choses, on enregistrait tout et on prenait des notes de ce qui nous plaisait. Quelque chose de spontané se produisait et ça donnait lieu au début d’une chanson.  On ne voulait surtout pas trop analyser ce que nous faisions.

Au final, ça a donné un album que j’apprécie lorsque je le réécoute. Ce qui n’était pas le cas par le passé…

 

En écoutant l’album dix ou douze fois, on entend encore de nouvelles sonorités que l’on n’avait pas encore remarquées. C’est comme si le point central de la chanson changeait d’une écoute à l’autre. À la longue, on constate que les chansons ne sont, au fond, pas aussi étranges que ce que prétendent plusieurs critiques, mais les arrangements sont touffus et désorientent l’écoute…

C’est cool que tu l’aies ressenti comme ça, parce que c’est notre cas aussi, lorsqu’on l’écoutait en studio. C’est certain qu’il y en a trop à digérer en une seule écoute. Et effectivement, il n’y a jamais qu’un point central, ce qui explique sans doute la désorientation dont tu parles. Tu ne peux pas porter attention à tout en même temps, alors tu dois choisir le chemin que tu empruntes à travers l’écoute de chaque chanson.

 

Ce n’est pas beaucoup demander au public, en 2013, à une époque où la quantité de musique disponible est pratiquement accablante et qu’on prend de moins en moins le temps d’écouter un album à répétition ?

J’imagine que oui. Mais c’est ainsi qu’on apprécie le plus la musique de nos artistes favoris. Je comprends le contexte actuel et son effet sur notre consommation de musique, mais on croit qu’il est encore possible d’apprécier un album qui nécessite plusieurs écoutes. J’espère que cela ne mourra jamais.

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Étiez-vous étonnés de la réaction envers l’album ?

En partie, oui. Pour moi, ça ne sonne pas si expérimental que ça, du moins, pas d’une façon répulsive. Je trouve plutôt que le son de l’album est plus invitant, presque chaleureux, et que lorsque tu y entres, c’est gratifiant. C’est peut-être un peu différent de ce qui se fait ces temps-ci, il faut y mettre du temps. Nous sommes des artistes, et je crois que ça nous donne le droit de nous perdre un peu…


Pourquoi l’album se nomme MGMT ?  Les albums homonymes sont généralement soit le premier en carrière, ou celui qui marque un tournant dans une carrière…

On aime bien jouer avec les stéréotypes d’un band. On l’a nommé ainsi parce qu’on trouvait ça drôle.


mgmt-mgmtEt la pochette?

Ça provient d’un endroit à 20 minutes d’où on habite. On s’y est rendu pour faire des photos avec un photographe, et tout était exactement comme on le retrouve sur la pochette. On s’est juste inséré dans le portrait.


Vous avez pris votre temps pour faire cet album. Vous avez aussi pris le temps de vivre autre chose que la musique entre-temps, afin de ne pas précipiter le processus créatif comme vous l’aviez fait pour Congratulations (le deuxième album, 2010). Qu’est-ce que ça a apporté au projet, concrètement ?

D’un point de vue personnel, ça nous a permis d’apprécier le processus davantage. Il y avait moins de stress tout au long de l’enregistrement.

Congratulations traitait du fait d’être dans un band. C’était un concept cool à exploiter, mais je crois aussi qu’on ne voulait pas refaire ça éternellement : faire de la musique à propos de faire de la musique. Pour ce troisième album, on avait vécu autre chose, on était plus enraciné que jamais avant, et il y avait un grand sentiment de liberté.


Le mot le plus souvent utilisé pour vous décrire est « psychédélique ». Et pourtant, vous dites ne pas vous identifier à ce mot. Pourquoi ?

Je crois qu’il y a certains liens positifs à faire. « L’appel aux sens » est un aspect de cette étiquette qui me convient. Mais toutes les étiquettes viennent avec leur lot de stéréotypes, et un bon nombre d’entre eux ne nous interpellent pas. C’est important pour nous de continuer à créer des choses. Être à l’aise avec une étiquette, c’est faire du surplace.


Parlant de continuer à créer des choses, c’est vrai que vous avez déjà un prochain album en vue ?

En partie, oui. Nous sommes déjà excités à l’idée de retourner en studio et d’enregistrer de nouveau. Nous nous sentons inspirés à essayer de nouvelles choses.

En ce sens, le temps de pause que nous avons pris a été très bénéfique : nous sommes à nouveau excités par le band.


En tournée, vous devez désormais choisir parmi le répertoire de trois albums…

En spectacle, nous présentons un mélange assez équilibré des trois albums. Selon nous, toute notre musique provient de la même place, même si le contenant est passablement différent et que les chansons semblent parfois provenir de styles totalement à l’opposé. Finalement, c’est assez étonnant de constater à quel point tout s’agence bien.


Certaines des chansons du nouvel album doivent être difficiles à transposer sur scène, comme Astro-Mancy ou I Love You Too, Death.

Oui. D’ailleurs, nous n’avons pas encore figuré comme les intégrer au live. Mais des chansons comme Alien Days, Mystery Disease, Introspection ou encore Your Life Is A Lie – bref, celles dont les structures sont les plus, disons, traditionnelles – se transposent de façon très naturelle. Pour le reste, il a fallu quelques ajustements. Au moment de la création, l’album n’avait pas été pensé en fonction de la scène.

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