Documentaire Billie Eilish: The World’s a Little Blurry | Dur hédonisme

Stop, what the hell are you talking about? Quoi, tu n’en as pas entendu parler? La célèbre chanteuse américaine Billie Eilish sort ce vendredi un documentaire sur Apple TV+. Intitulé Billie Eilish: The World’s a Little Blurry, le documentaire s’avère une excursion brute, honnête et fascinante dans l’univers de l’artiste, de ses débuts jusqu’à la dernière cérémonie des Grammys.

Un documentaire étoffé

Quatre ans après la sortie de bellyache, un de ses premiers succès, Billie Eilish propose Billie Eilish: The World’s a Little Blurry, un documentaire écrit et réalisé par RJ Cutler (The War Room, If I Stay, Nashville). Étant un grand admirateur du travail de Billie Eilish (et m’étant même déjà déguisé en Eilish pour l’Halloween), ce film suscita chez moi une grande curiosité.

Billie Eilish: The World’s a Little Blurry s’avère un documentaire extrêmement bien équilibré, passant d’archives personnelles à des vidéos de coulisse, en passant par de nombreuses prestations complètes. Le tout s’harmonise très bien et donne quelque chose de dynamique et complet. Le film ne comporte aucune longueur, à l’exception de certaines performances musicales, qui peuvent s’avérer un peu plus ennuyeuses pour les gens qui ne connaissent que bad guy. Il reste que ces performances sont toujours ancrées dans leur contexte et ne portent ainsi généralement pas atteinte à la fluidité et au rythme du documentaire.

La famille avant tout

Occupant une place presque aussi majeure que Billie Eilish dans ce documentaire, la famille de l’artiste est mise de l’avant dans toute sa simplicité, alors qu’on suit à de nombreuses reprises les réflexions parfois inquiètes, parfois admiratives des parents de Billie Eilish et de son frère Finneas, dans leur petite maison californienne (souvent bordélique). Elle-même chanteuse et actrice, la mère de Billie Eilish, Maggie Baird, est une personne essentielle dans ce documentaire (et dans la vie de l’artiste), se montrant présente, compréhensive, mais aussi parfois confrontatrice et soucieuse. Collaborateur essentiel à la musique de Eilish, l’artiste et producteur FINNEAS bénéficie également d’une présence constante dans le documentaire, et se montre plus d’une fois abrupt, mais également fier envers sa petite sœur.

« I’m never happy »

Relation amoureuse toxique, blessures physiques, chicanes de famille, perfectionnisme, intenses solitudes, difficultés avec le syndrome de Gilles de la Tourette, insatisfactions persistantes : le documentaire, qui partage aussi des souvenirs de mutilation et de pensées suicidaires, n’entre jamais dans le flafla et le superficiel, tout en réussissant à toucher et à ébranler.

Alors que l’intérêt augmente envers le documentaire Framing Britney Spears, relatant le parcours très difficile et tumultueux de Britney Spears, Billie Eilish: The World’s a Little Blurry donne de drôles de symétries et d’asymétries par rapport à l’image que l’on a donnée aux célébrités, féminines particulièrement, dans la dernière décennie. D’ailleurs, la présence de Katy Perry et de Justin Bieber durant le film le rappelle plus d’une fois. La fameuse apparence d’authenticité tant recherchée ces dernières années par les artistes a parfois (comme dans le cas de Miss Americana, qui suit Taylor Swift) plus ou moins de succès.

Une confiance et un respect mutuel entre Eilish et l’équipe de production du documentaire a probablement (et heureusement) permis d’éviter une quelconque censure de ce genre. En fait, Billie Eilish: The World’s a Little Blurry pousse encore plus loin l’honnêteté et la qualité cinématographique atteinte par des documentaires comme Gaga: Five Foot Two (sur Lady Gaga), pour donner un nouveau standard à ce que devrait être un « documentaire d’artiste » durant les années 2020. Mais, après tout, n’est-ce pas Billie Eilish qui a donné une nouvelle dimension à la définition de pop star?

La principale intéressée a par ailleurs mentionné dans une récente entrevue que ce documentaire ne représente qu’une fine partie de sa vie à ce moment-là. Elle ajoute avoir adoré l’expérience, bien que le processus ait parfois été invasif.