Critique théâtre | Napoléon voyage (où Napoléon est remplacé par un inconnu qui n’a jamais voulu tuer de Prussiens) à La Petite Licorne

Jean-Philippe Lehoux présente le fruit de ses nombreux voyages autour du globe dans ce « one-man-show » touristique. Présentation du Théâtre Hors-Taxe, Napoléon voyage est un récit humoristique et touchant, où le choix des mots remplace aisément quantité de photos de paysages internationaux.

Jean-Philippe Lehoux nous aide, à travers ses anecdotes anodines, à retrouver la distinction entre touriste et voyageur. D’abord, simplement par le choix des endroits visités, la Syrie, la Bosnie ou une île de la péninsule nippone habitée par quelque 120 habitants, mais surtout par les péripéties à la limite de l’invraisemblable racontées avec brio par l’auteur.

Les grands explorateurs

Co-mis en scène par Philippe Lambert, l’organisation scénique se veut sobre et dépourvue de tout élément multimédia, la trame sonore étant d’ailleurs présentée sur scène, par un musicien, installé côté cour. Lehoux utilise agréablement cette simplicité.

Par exemple, pour raconter des mésaventures embarrassantes ou une bourde commise, l’unique comédien se rend côté jardin, où l’on retrouve un cercle au sol et l’inscription « idiot ». Au fil de ses aventures, Lehoux a connu plus que son lot d’embarras. Ainsi, sa démarche vers l’extrémité de la scène accompagnée d’une mélodie au ukulélé et gazou devient un running gag bien exploité.

Le comédien peut ainsi se permettre de jouer avec la scénographie pour créer des moments drôles où les exagérations s’enchaînent et le talent de conteur de Lehoux est réellement mis en évidence.

Photo de courtoisie par Matthew Fournier

Photo de courtoisie par Matthew Fournier

En duo

Alors que Jean-Philippe Lehoux se veut seul narrateur de l’histoire, il est accompagné sur scène de Bertrand Lemoyne, compositeur, servant à remplacer par sa voix la présence d’autres personnages. Lemoyne présente plusieurs compositions musicales servant d’intermèdes au récit. Alors que la première de ces pièces surprend (surtout parce qu’elle est en anglais) les deux autres, en français, servent beaucoup mieux le propos et créent d’agréables pauses dans la narration.

Lemoyne apporte également la trame sonore live alors qu’il accompagne Lehoux pour exemplifier des mémoires musicales. Entre autres, Mr. Roboto, chantée en karaoké ou Take Me Home, improvisée dans une salle de classe nippone, lors d’un cours d’anglais donné à deux étudiants. Cette dernière anecdote est d’ailleurs présentée en vidéo à la sortie de la salle, dans le hall du théâtre, à la manière d’un après générique au cinéma, laissant le spectateur quitter avec un sourire certain.

Photo de courtoisie, par Matthew Fournier

Photo de courtoisie, par Matthew Fournier

Au final, Napoléon voyage est un quasi-monologue court (1 h 20) et divertissant où l’auteur fait preuve d’autodérision et apporte une réflexion sur plusieurs attitudes qu’ont les touristes en voyage. Juste milieu entre stand-up et poésie nostalgique sur le voyage, on y amène l’auditoire à se questionner sur le savoir-être à l’international et les bons et mauvais côtés d’être un éternel voyageur solitaire.

Photos en vrac, courtoisie de Matthew Fournier

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