Critique | Philippe Katerine et ses reprises atypiques au Cabaret du Mile-End de Montréal

Philippe Katerine était enfin de retour à Montréal pour un concert, après des années d’attente. C’est toutefois avec son projet de « 52 reprises dans l’espace », avec ses potes de Francis et ses peintres, que l’excentrique bonhomme français s’est donné en spectacle dans l’intimité du Cabaret Mile-End. La soirée décadente a rapidement pris des airs de karaoké sur l’acide… 

Après une mise en appétit fort sympathique du Benoit Paradis Trio – genre de croisement late night jazz de Bernard Adamus et de Damien Robitaille –  Philippe Katerine s’est amené sur scène aux côtés de ses acolytes François Ripoche (saxophone et claviers), Fred Chiffoleau (basse), Christophe Lavergne (batterie) et Gilles Coronado (guitare).

Photo par Patrick Roger.

Photo par Patrick Roger.

Pour ceux qui l’ignoraient, il n’était pas question pour Katerine de balancer SES hits ce soir, oh que non. Ce sont ceux des autres, toutes de reprises mi-drôles mi-étranges de chansons issues de la vaste francophonie musicale, qui allaient y passer.

Question de déstabiliser les fans non-avertis, la bande a débuté par deux des plus ahurissantes : Les yeux de ma mère d’Arno (percussions et voix chancelante de Katerine) et Elle est d’ailleurs de Pierre Bachelet, pratiquement a capela mais ponctuée d’explosions aléatoires d’instruments.

Et ça se poursuit ainsi, avec Belle-Île-en-mer, Au fur et à mesure, Capri c’est fini ou encore, le « petit bijou » de Garou et Céline Dion, Sous le vent.

Comme pour son plus récent album solo (intitulé Philippe Katerine), on ignore si la simplicité enfantine et les arrangements obliques sont des expressions d’insolence, d’humour ou de respect. Ou un peu de tout ça. Et c’est précisément là le charme de l’opération : Katerine et ses potes n’en font qu’à leur tête et ne se prennent vraiment pas au sérieux.

Parce que oui, c’est rigolo lorsque Katerine massacre une chanson de Liane Foly ou du boys band français 2Be3, mais on ressent tout de même une certaine conviction lors de J’ai rencontré l’homme de ma vie de Diane Dufresne (une exclusivité québécoise, sans doute, parce qu’elle ne figure pas à l’album triple). Il la respecte comme nous, cette chanson, non ?  Ou s’en moquait-il ?

On ne sait trop, mais c’est ainsi avec Katerine.

Le petit jeu se poursuit ainsi, avec des interventions gamines et amusantes du charismatique grand gamin mi-quarantenaire entre les chansons.

Les interprétations varient du jazz minimaliste au gros rock (le vieux succès de Mylène Farmer Maman a tort, et Qui c’est celui-là de Pierre Vassiliu, notamment), en passant par la pop (Ma Benz, de NTM, qui est meilleure sur le disque).  La foule du Cabaret Mile-End (plein à craquer) embarque dans le petit jeu, en acceptant l’invitaition du chanteur à improviser du scat sur La Boîte de jazz de Michel Jonasz, et forme même un petit train d’une vingtaine de wagons personnes, qui circule à travers la foule, pendant l’interprétation de La queuleuleu de Bézu.

Après un premier rappel qui menait à deux heures le temps passé par la troupe sur scène, la foule en redemandait, et s’est fait servir exactement ce qu’elle souhaitait : Katerine a chanté la seule chanson originale de la soirée, Louxor j’adore, question de se faire huer copieusement comme un vilain lutteur à chaque fois qu’il « coupe le son ». Mais puisqu’il « adoooooooore regarder danser les gens », il en a eu pour son argent lui aussi !

Finale funky, pleine de folie et d’exubérance, à l’image de cette soirée savamment décoiffée.

En espérant qu’on nous le ramène bientôt sur une scène montréalaise…  Avec un nouvel album prévu pour octobre (Magnum, qu’il s’appellera), un spectacle de chansons originales à Montréal sera sans doute dans les plans.

Photos en vrac
(par Patrick Roger)

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Grille de chansons

1. Les yeux de ma mère (Arno)
2. Elle est d’ailleurs (Pierre Bachelet)
3. Belle-île-en-mer (Laurent Voulzy)
4. Au fur et à mesure (Liane Foly)
5. Sous le vent (Garou et Céline Dion)
6. Capri, c’est fini (Hervé Villard)
7. Partir un jour (2Be3)
8. Confidences pour confidences (Jean Schultheis)
9. J’ai rencontré l’homme de ma vie (Diane Dufresne)
10. Medley 1 (C’est O.K. /Quand un vicomte / C’est la ouate / What’s In A Bird / Les brunes comptent pas pour des prunes / Laisse tomber les filles / Tomber la chemise / Ma Pomme / La Banane)
11. Ma Benz (NTM)
12. Maman a tort (Mylène Farmer)
13. Quand t’es dans le désert (Jean-Patrick Capdevielle)
14. C’est lundi (Jesse Garon)
15. La boîte de jazz (Michel Jonasz)
16. Medley 2 (Il est vraiment phénoménal / La queuleuleu / Mahna Mahna / La Banane)

Rappel
Et j’attends (Leslie)
Papayou (Carlos)
Qui c’est celui-là? (Pierre Vassiliu)

Rappel 2
Louxor j’adore

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