Marianne Faithfull

Critique album | Sufjan Stevens – Carrie & Lowell

Marianne Faithfull - Carrie & Lowell Marianne Faithfull Carrie & Lowell

Cinq ans après le très expérimental The Age of Adz, le musicien américain Sufjan Stevens revient avec Carrie & Lowell, album d’une douceur et d’une beauté rare qui marque le retour au folk pour l’artiste originaire de Détroit.

Carrie & Lowell, ce sont les noms de la mère et du beau-père de Sufjan Stevens, et on comprend rapidement à l’écoute le choix de ce titre. En effet, la mère du multi-instrumentiste américain, souffrant de dépression, de schizophrénie et d’alcoolisme, est décédée en 2012, et cela a profondément marqué Stevens. En ce sens l’album se veut vraiment un hommage à celle-ci, mais on ressent aussi qu’il s’inscrit dans une démarche thérapeutique pour le musicien.

L’opus commence sur Death With Dignity, dont les premières notes indiquent dès le départ le sens que va prendre l’album. Du folk calme et posé, une guitare, et une voix entre murmures et susurrements. Ce qui se fait aussi d’emblée remarquer, c’est la simplicité des arrangements. Ici, contrairement à The Age of Adz, l’authenticité est de mise, la voix dédoublée de Sufjan étant la plupart du temps simplement accompagnée d’une guitare ou d’un piano.

Outre cette infinie pureté qui ressort dès la première écoute, les paroles de Stevens, souvent qualifié de poète moderne, dévoilent un lyrisme certain ainsi qu’une face de l’artiste que l’on ne connaissait pas. Carrie & Lowell est clairement un album personnel, introspectif à souhait. «I forgive you, Mother» déclare l’artiste sur le premier morceau.

D’ailleurs le fantôme de sa mère hante toutes les compositions de l’album, avec les quelques souvenirs de son enfance dans l’Oregon que l’artiste relate. Lui, qui a passé si peu de temps avec Carrie, mais qui pourtant est anéanti par sa perte, comme on peut le ressentir sur Eugene ou The Only Thing, sur laquelle l’artiste évoque également ses désirs de mettre fin à ses jours.

Ponctué de références bibliques et mythologiques, l’album donne l’impression de nous élever quelque part vers le ciel et la lumière. L’auditeur est transporté par cette rayonnante tristesse, accentuée par les quelques chœurs que l’on entend ici ou là.

« We’re all gonna die » répète le musicien incessamment sur Fourth of July, marquant le déchirement et la sincérité de son œuvre. Sufjan Stevens a, encore une fois, réussi à faire un petit bijou musical qui saura toucher chacun d’entre nous.

« Nothing can be changed, the past is still the past, the bridge to nowhere. » affirme Stevens. Et on a envie de le remercier pour cette justesse et ce dévoilement personnel, qui, même s’il est douloureux, se révèle être un baume pour nos coeurs.

* Sufjan Stevens sera en concert à la Salle Wilfrid-Pelletier le 30 avril prochain. 

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