Gros mené

Critique album | Gros Mené – Agnus Dei (et retour sur le lancement)

Gros mené - Agnus Dei Gros mené Agnus Dei

Comme nous, Fred Fortin, Olivier Langevin (Galaxie) et Pierre Fortin (Les Dales Hawerchuk) ont surement constaté la pénurie de bon gros rock sale dans le paysage québécois depuis le début de 2012. Du moins, chez les disquaires. Rien de bien convaincant dans le rayon de l’adrénaline. Heureusement, les trois rockeurs du Lac ont décidé de s’y mettre et de ressusciter Gros Mené, projet de chalet en 1999 qui prend des airs de « superband » québécois aujourd’hui.

Deuxième album qui nous arrive 13 ans après le premier (au titre rigolo Tue ce drum Pierre Bouchard), Agnus Dei résonne, détonne, défonce, fait suer du tympan.

Gros Mené au Verre Bouteille. Photo par Marc-André Mongrain.

La guitare abrasive d’Olivier Langevin fonce comme un truck, la disto dans le tapis, supportée par la basse de Fred Fortin, lourde. L’ensemble fréquente les basses fréquences et respectent des rythmes lents mais sauvages. Du « stoner rock » québécois, à la Kyuss, avec un fond de blues rock ardent, quoi.

Les synthés de Dan Thouin interviennent subtilement, comme les épices dans une sauce à spag extra-viande.  Facultatif mais appréciable.

La formule parait simple sur papier, mais c’est dans l’interprétation que Gros mené prend son aspérité.

Évidemment, Fred Fortin a fait bien du chemin depuis les premiers bredouillements de Gros Mené, Langevin aussi. Les deux sont devenus ce qu’il y a de plus fiable en matière de rock brut au Québec. C’est sans doute cette expertise combinée, cette maturité et cette assurance (sans compter le contexte culturel qui est fort différent d’il y a 13 ans) qui rend Gros mené plus attrayant aujourd’hui que jadis.

Côté texte, il faut vraiment s’y attarder pour comprendre… et rire un bon coup. Les thématiques sont très mâles: les filles, les chars (et les pièces de char), la musique.  Dans un joual de Saint-Prime.

Il est question de hockey aussi, des tragédies masculines qui en résultent lorsque les Bruins l’emportent (Bruins) ou lorsque on n’a pas pris Ovechkin dans son pool (l’excellente Ovechkin).

Un album de gars, qui sent la bière et la sueur.

Olivier Langevin, au Verre Bouteille. Photo par Marc-André Mongrain

Lancement au Verre Bouteille

Curieux de voir ce que ça donne en spectacle, nous nous sommes rendu au Verre Bouteille mardi soir, lieu infiniment trop petit pour un lancement du genre. Mais pour ce genre de déploiement de décibels, c’est de bon ton de jouer dans un espace restreint-parce-que-trop-de-populasse.

Les quatre gars (il y avait un bassiste invité, dont le nom nous échappe) affichaient la mine qu’on leur imaginait: heureux de se retrouver réunis dans un bazar sonore savamment contrôlé.

Près de 24 heures plus tard, les tympans produisent encore du feedback.

Moins effréné que le rock’n’roll de Galaxie, l’assaut sonore de Gros mené en mettra plein la gueule aux amateurs de rock musclé.

À voir un peu partout au Québec d’ici Noel (voir « Événement(s) à venir » ci-bas), notamment le 6 novembre au cabaret La Tulipe, à l’occasion de Coup de coeur francophone.

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