Complainte pour Catherine

Complainte pour Catherine par les McGarrigle et Wainwright à la Place des Arts | Émouvant hommage à Kate

Le spectacle d’un seul soir au Théâtre Maisonneuve venait souligner les dix ans du décès de Kate McGarrigle, emportée par un cancer à seulement 63 ans. Tout le clan familial des McGarrigle et des Wainwright s’est réuni sur scène pour fêter la mémoire de l’auteure-compositrice-interprète. Avec sa sœur Anna, elles formaient les Sœurs McGarrigle, des artistes anglophones francophiles, comme Leonard Cohen ou encore Jim Corcoran. Mais à leur image, toute réservée, rien ici de trop solennel, mais plutôt une célébration festive le temps d’une soirée qui passera à l’histoire.

De son vrai titre Complainte pour Ste-Catherine, la célèbre chanson écrite par Paul Tatartcheff, sur la musique d’Anna McGarrigle, a été livrée dès le début du spectacle avec ses 12 artistes sur la scène du Maisonneuve. La chanson, identitaire, a d’abord été enregistrée sur l’album Entre Lajeunesse et la sagesse, aussi connu comme le french record. Et l’on cherche encore la signification réelle des paroles « Y’a longtemps qu’on fait d’la politique – Vingt ans de guerre contre les moustiques ».

C’est le même tandem qui est à l’origine d’un autre hit du groupe, déclinant « Entre Lajeunesse et la sagesse – Il y a un arrêt de métro – Deux dépanneurs, un bricoleur – Une affiche de Brigitte Bardot ». Un clin d’œil au fait que Kate et Anna ont vécu dans le quartier Villeray après avoir grandi dans les Laurentides, à Saint-Sauveur des Monts.

À la jonction de deux cultures

Dans les années 60, Kate a étudié le génie à l’Université McGill, tandis qu’Anna s’est laissé attirer par la peinture, jusqu’à s’inscrire à l’École des Beaux-Arts. Elles proviennent d’une mère au nom on ne peut plus francophone, Gabrielle Latrémouille, et d’un père anglophone d’origine irlandaise, Francis McGarrigle. Mondialement reconnues pour leur musique folk d’une teinte si particulière, les deux sœurs auront partagé par la suite un destin commun.

Kate, mariée au chanteur américain London Wainwright, puis divorcée, aura eu deux enfants : Rufus et Martha. Les deux, qui mènent chacun une carrière internationale, étaient à l’avant-plan de ce spectacle hommage à leur mère. Rufus, dont la voix paraît avoir gagné du coffre depuis qu’il porte sa barbe grise, et Martha, attentive à ses tantes Anna et Jane, disant à cette dernière qu’elle ne serait pas là sans elle, ont enchanté de leur participation toute personnelle le public qui en redemandait.

Sur un ton bon enfant

L’atmosphère de la soirée était tout ce qu’il y a de plus bon enfant, au point de nous demander si le groupe avait manqué de temps de répétition, tellement chaque chanson était précédée d’ajustements des instruments et de discussions entre eux, le tout se déroulant sous nos yeux, comme si nous faisions partie de la famille.

Recréant le son unique des McGarrigle avec leurs harmonies vocales accrocheuses, deux musiciens collaborateurs de longue date se sont joints à l’armada regroupant en symbiose piano, accordéon, guitare, violon, basse, banjo et harmonica.

« Qui annonce reçoit réponse – Qui demande a récompense – S’il vous plaît répondez-moi », fait partie de la chanson Petite annonce amoureuse qui figure dans leur deuxième album en français, La vache qui pleure, paru en 2003 et ayant connu un succès instantané.

On ne le réalise pas assez, mais les McGarrigle, restées vraies et naturelles au bout d’une douzaine d’albums entre 1975 et 2010, tout en se réservant, connaissent une gloire bien méritée de par le monde. D’autres concerts hommage à Kate ont été produits à New York et à Londres. Mais le spectacle Complainte pour Catherine a été prévu pour seulement deux villes, soit après Montréal, Toronto le 8 février au prestigieux Queen Elizabeth Theater. De quoi faire le voyage.

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