Cigale – Jour 1 | Musique, groove et vibe californienne à la Baie de Beauport

Tel est le slogan de Cigale, et il reflète parfaitement l’expérience vécue. À quelques pas seulement des quartiers de Québec s’étend une plage et ses installations dignes d’une carte postale. Les 8, 9 et 10 août 2025, l’équipe de GESTEV a investi les lieux pour une quatrième édition remarquablement orchestrée. Entre la vue sur le fleuve, le sable fin, les stands variés et les espaces de détente, tout concourait à créer une atmosphère de vacances. Deux grandes scènes, installées avec soin, permettaient de vivre des moments musicaux qui valent même plusieurs heures de route.

Acte I – Lou-Adrianne Cassidy

Lou-Adrianne Cassidy entre en scène avec une présence saisissante, mêlant sensualité maîtrisée et précision artistique. Ses mouvements, ses vêtements et la boucle imposante dans ses cheveux – évoquant des oreilles de loup sous les projecteurs – participent à une esthétique parfaitement pensée. La musique, riche et structurée, joue sur des extensions harmoniques qui ajoutent couleur et relief. Polyrythmies, accents précis et variations rythmiques nourrissent une soif d’exotisme musical. Le répertoire navigue entre grooves entraînants, influences rock-pop et harmonies dignes du jazz.

Cassidy affiche une maîtrise vocale remarquable : tessiture d’alto qui ouvre sur des lignes mélodiques inhabituelles, contrôle impeccable du timbre, capacité à explorer un large ambitus avec justesse, et sens aigu de la nuance. Soutenue par un groupe incandescent, elle offre des pulsations musicales recherchées qui captivent.

Sur scène, ses chansons prennent une nouvelle dimension. Sa prestance assumée fait passer chaque mot, chaque geste. Sa poésie, empreinte d’humanisme, se mêle à une gestuelle fluide et millimétrée. Même les textes les plus audacieux – comme sur « Entre mes jambes » – trouvent leur place dans un ensemble artistique cohérent. Les passages instrumentaux, finement construits, suscitent autant d’enthousiasme que les chansons.

Acte II – Valence

En quelques secondes, l’univers de Valence s’installe. Guitare, batterie, synthétiseurs, voix, saxophone et flûte composent un paysage sonore doux et enveloppant. Le projet, porté par Vincent Dufour, réunit plusieurs artistes de Québec. Les nombreuses interventions scéniques invitent à la réflexion et au partage. À un moment marquant, des fleurs sont offertes au public, accompagné d’un micro circulant parmi la foule pour exprimer, à haute voix, l’appréciation envers les personnes venues ensemble. La démarche s’inscrit dans un message résolument positif et rassembleur.

Le tempo et l’atmosphère sont restés relativement homogènes tout au long du concert, donnant parfois l’impression d’un fil musical continu. Une séquence humoristique, où le public devait huer les musiciens pour leur manière de jouer un style précis, bien que probablement pensée sur un ton léger, a pu être perçue comme dépréciative envers un genre musical déjà fragilisé. Revoir ce passage permettrait de préserver le ton bienveillant qui caractérise l’ensemble. Les musiciens démontrent un potentiel indéniable qui ne demande qu’à se consolider avec le temps et l’expérience.

Acte III – Half Moon Run

Le groupe montréalais Half Moon Run ouvre avec une montée progressive : un solo de baguettes et de rimshot, rejoint peu à peu par les autres instruments. La foule réagit aussitôt, portée par l’énergie rock du trio. L’expérience et la cohésion des musiciens instaurent une connexion immédiate, maintenant l’attention du public du début à la fin.

Pour l’occasion, ils sont accompagnés de la chorale Les Anges de l’Apocalypse, offrant des instants d’une intensité rare. Les décalages rythmiques et les harmonisations entre la voix principale et le chœur produisent des effets d’une grande beauté. Les passages acoustiques révèlent des nuances délicates, tandis que les nouvelles compositions explorent des ostinatos dissonants qui évoluent vers des textures hypnotiques.

Après 17 ans d’existence, Half Moon Run prouve sa capacité à se réinventer. Le rappel généreux de trois pièces, conclu par Full Circle accompagné du chœur et de battements de mains, referme la soirée sur une note festive et lumineuse.