crédit photo: Pierre Langlois
Brad Mehldau

Brad Mehldau solo à la Maison symphonique | La version pop du pianiste, lyrique et inspiré

C’est toujours un plaisir de retrouver Brad Mehldau, cette fois-ci en solo. Quand c’est à la Maison symphonique de Montréal, on ajoute la chaleur du lieu riche en bois avec une acoustique de rêve. Mehldau est en forme et est très lyrique, présentant des versions très inspirées de titres majoritairement pop. Sans doute enchanté par le son de la salle et l’accueil reçu, c’est après quatre rappels qu’il quitte la scène pour de bon!

Ça faisait quelques mois que je m’étais offert un billet pour ce concert solo de Brad Mehldau. J’avais le souvenir de m’être gâté en étant bien placé. Mais arrivé sur place, je me rends compte que je suis à la deuxième rangée, tout juste devant le pianiste, à trois mètres de lui. Joie intérieure, partagée par toutes les personnes assises autour de moi, tout aussi heureuses de la proximité. Ce qui fait que je profite du piano non amplifié. Seul inconvénient d’être aussi proche, ses interventions parlées sont peu audibles, les haut-parleurs étant dirigés en arrière de nous. Tout ça pour le même prix qu’un show de Metallica au Stade olympique dans les derniers gradins, à 150 mètres de la scène avec un son catastrophique…

Le jeu de lumière est minimal, des éclairages blancs centrés sur le pianiste et son instrument. Brad Mehldau entre en scène habillé comme un comptable, pantalon de velours, gilet noir et chemise trop courte, sans doute un avantage pour jouer avec les poignées libres. Les cheveux tirent davantage vers le sel que le poivre et il semble plus serein et assuré que jamais, commençant à jouer John Boy aussitôt assis. La salle est bien pleine, même si le dernier étage est resté fermé.

S’ensuit une vingtaine de titres principalement choisis dans le répertoire pop, comme Satellite et Color Bars d’Elliott Smith, et une belle adaptation du Don’t Let It Bring You Down de Neil Young . Il y a bien sûr du Radiohead que Mehldau reprend depuis des années, Exit Music, qui était déjà sur son album de 1998, Songs: The Art of the Trio Volume Three. Ce soir, Mehldau offre une très belle version d’Optimistic, tiré de Kid A, qui m’a quasiment donné le goût de me réessayer avec Radiohead, des fois que je réussisse à passer outre la voix plaintive de Thom Yorke.

Le dernier album du pianiste, sorti en 2023, Your Mother Should Know, est composé de reprises des Beatles en solo. Bien sûr, nous avons droit à une poignée de titres des Fab Four, comme She Said She Said, If I Needed Someone et une longue version de Gloden Slumbers, très touchante et pleine de surprises et de rebondissements.

Le temps passe vite et Brad sort déjà de scène, mais pas pour longtemps. Le premier rappel est le titre Maybe I’m Amazed, tiré du premier album solo de Paul McCartney. Pas pressé de quitter la scène, Brad nous offre un total de quatre excellents rappels où sont joué une version du Don’t Think Twice, It’s All Right de Dylan et deux standards jazz, Dis Here de Boby Timmons et How Long Has This Been Going On de Gershwin. La salle est debout, charmée par le jeu fluide et lyrique du pianiste.

Avec une abondance de titres tirés du répertoire populaire et rock agrémenté de quelques standards jazz, c’est la version pop de Brad Mehldau qui nous est montrée ce soir. Le pianiste nous présente ici son intensité émotionnelle avec un jeu plus direct et très senti laissant cours à son inspiration du moment. C’est peut-être moins riche harmoniquement qu’en trio avec un répertoire jazz plus traditionnel. Mais la maturité et la maîtrise du pianiste ont toute la place pour s’épanouir complètement dans l’exercice en solo. Quand en plus on a l’attention du public et une acoustique extraordinaire, la soirée est magique!

Grille de chansons

  1. John Boy (Brad Mehldau)
  2. The Falcon Will Fly Again (Brad Mehldau)
  3. In the Kitchen (Brad Mehldau)
  4. Satellite (Elliott Smith)
  5. Color Bars (Elliott Smith)
  6. There’s Your Grace (Brad Mehldau)
  7. Optimistic (Radiohead)
  8. She Said She Said (The Beatles)
  9. If I Needed Someone (The Beatles)
  10. Don’t Let it Bring You Down (Neil Young)
  11. Resignation (Brad Mehldau)
  12. Paris (Brad Mehldau)
  13. Remembering Before All This (Brad Mehldau)
  14. Waltz for J.B. (Brad Mehldau)
  15. Golden Slumbers (The Beatles)

Rappel

  1. Maybe I’m Amazed (Paul McCartney)
  2. Don’t Think Twice, It’s All Right (Bob Dylan)
  3. Dis Here (Boby Timmons)
  4. How Long Has This Been Going On (George Gershwin)

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