Boris

Boris au Ritz P.D.B. | Voir la vie en Pink

Bien malheureux ont dû être les voisins du Bar Le Ritz P.D.B. mercredi soir. Jusqu’à minuit, ils ont certainement ressenti les fortes vibrations en provenance de l’endroit. C’est que Boris, géant d’une musique éclectique à saveur de noise et de drone, étaient de passage à Montréal. Ce qu’ils célébraient? Le rose.

Le silence de l’instrumental

L’honneur d’ouvrir la soirée a été attribué au groupe C H R I S T. Le trio est grimpé sur scène pour les tests de sons, et doucement, sans coupure, il a entamé la première pièce de la soirée. Aucune parole prononcée. Ce silence s’inscrivait plutôt bien dans leur musique, et dans l’atmosphère qu’ils ont établie. La formation montréalaise en est une de noise ambiant, où les paroles cèdent la place à l’intensité de l’instrumental. Les rythmes sont lents, très lents. La combinaison que les musiciens font de la batterie, de la guitare et de la basse transporte le public dans une ambiance feutrée et planante.

Si la musique est riche en texture et finement polie, elle ne se prête que très peu à une performance live. Présenter de l’instrumental sur scène représente un plus grand défi que de la musique avec paroles, entre autres parce que le lien direct que le chanteur crée habituellement avec la foule n’y est pas. Dans le cas de C H R I S T en plus, les musiciens ne se sont adressés au public qu’à la toute fin, juste avant la dernière pièce, et ce, du bout des lèvres. Est-ce que plus d’interactions auraient ébranlé le monde vibrant dans lequel le groupe a catapulté la foule? Fort probablement. Toutefois, la demi-heure a semblé longue sur la lenteur des notes. Un groupe à découvrir, bref, mais pas nécessairement sur scène.

 

Le rose à l’honneur 

La foule était déjà nombreuse pour la première partie de la soirée, et elle s’est doublée pour la venue de Boris. Comment tout ce beau monde a pu loger dans l’étroitesse du Ritz reste d’ailleurs un mystère, et c’est sans surprise que la mention « complet » est apparue sur le tableau noir à l’entrée du bar. Boris, trio japonais emblématique d’une musique libérée d’étiquettes réductrices, arpente présentement les routes d’Amérique du Nord pour jouer Pink, album iconique du groupe.

Pour célébrer en grand le dixième anniversaire de l’album rose, Takeshi et ses acolytes ont lancé une nouvelle édition du CD. Certaines pièces ont été légèrement modifiées, et neuf chansons « interdites » ont été ajoutées sur un second disque. Tout ceci est couronné de la présente tournée. La liste de chansons ne contenait, donc, que peu surprises. La majorité des pièces sont donc celle de l’album rose, entrecoupées de quelques nouvelles interdites. Parmi celle-ci, on retrouve N.F.Follow, Are you ready? et Talisman.

Le son de Boris fait trembler l’épiderme, le derme, l’hypoderme, et toutes les autres structures du corps humain jusqu’à la moelle épinière. La lourdeur de leur musique contient cependant une certaine sensualité, qui a été mise en valeur par une fumée omni présente. La seule chose désagréable de la soirée a été la température *trop* très élevée de la pièce, causée par les chaleurs estivales, la surpopulation de la pièce, et un manque d’aération. C’était toutefois bien peu pour enlever le plaisir de savourer Pink. Une performance sans surprise donc, et c’était très bien comme ça.

Les murs du Ritz n’avaient pas encore terminé de trembler (littéralement) que les amateurs de noise avaient déjà hâte au retour du trio japonais.

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