Girl Talk

Bluesfest d’Ottawa – Jour 3: Une soirée bigarrée avec le Steve Miller Band, Girl Talk et PS I Love You

Du mashup au classic rock!

Jeudi 7 juillet 2011 – Plaines Lebreton (Bluesfest d’Ottawa)

Si les 2 soirées précédentes offraient chacune une programmation relativement cohérente, le jour 3 du Bluesfest d’Ottawa 2011 nécessitait une certaine ouverture à divers styles (voire tons) musicaux afin de passer une belle soirée. Ce qui ne revient pas nécessairement à dire que ce ne fut pas le cas…

 

Le « classic rock » du Steve Miller Band

C’est au Steve Miller Band que les penseurs du Bluesfest d’Ottawa ont confié la tâche de divertir la foule (légèrement moins imposante que les 2 premiers soirs) sur la scène principale en fin de soirée.

En bons vétérans de plus de 40 ans de carrière, Steve Miller et ses comparses ont offert une prestation sans bavure et très rassembleuse en faisant usage des nombreux hits rock qui tournent à la radio depuis des décennies.

Le spectacle a pris des airs de « greatest hits » avec Abracadabra, la délicieusement country Dance Dance Dance, le classique soft rock Fly Like an Eagle, l’entraînante Jungle Love et, bien entendu, The Joker à la toute fin. La table avait été mise tout juste avant avec Space Cowboy (une chanson bien distincte de The Joker, qui était parue sur l’album Brave New World en 1969) ainsi que Gangster of Love, reprise de Johnny « Guitar » Watson popularisée par le Steve Miller Band en 1968.

Bien que ce ne soit pas comparable en terme de style, le Steve Miller Band a certainement offert la prestation « tête d’affiche » la plus convaincante du festival à date, faisant preuve de beaucoup plus de constance que Soundgarden (mardi soir) et Ben Harper (mercredi).

De fait, le Steve Miller Band a également proposé davantage de blues que ces deux derniers, ce qui est tout de même louable pour un « Bluesfest ».  Le chanteur soul Sonny Charles, qui oeuvre généralement à titre de choriste du Steve Miller Band, a pris les devants pour deux reprises particulièrement « bluesés »: Further On Up the Road de Bobby « Blue » Bland et Tramp d’Otis Redding. Ses petits pas de danse et la chaleur de sa voix ont charmé le public.

Miller lui-même n’avait d’ailleurs rien à se reprocher à ce sujet. Sa voix feutrée était aussi juste que chacune de ses notes de guitares. Idem pour ses compatriotes musiciens, particulièrement Kenny Lee Lewis qui excellait à la basse.

Bien qu’assez convenue (il fallait s’y attendre), la prestation du Steve Miller Band remplissait son mandat à merveille.

 

Girl Talk

L’ambiance familiale du Steve Miller Band jurait avec le party dansant de Girl Talk qui le précédait sur la scène voisine.

Roi du « mashup », Gregg Gillis (de son vrai nom) propose un long mix non-stop qui allie des airs archi-connus à des rythmes tout aussi familiers.

La fille de party est comblée par le rythme continu et l’intensité de la grande fête sur scène – où une cinquantaine de spectateurs sont invités à venir danser aux côtés du DJ déchaîné tout au long du show – pendant que le mélomane en retrait du « plancher de danse » se gratte la tête à se demander « C’est quoi cet air, déjà? » à chaque bribe de chansons.

La force de Girl Talk est d’intégrer un nombre hallucinant d’échantillons de pièces en tous genres à un rythme effréné. Par le temps que le nerd mélomane réalise qu’il s’agit de Hey Ladies des Beastie Boys sur la musique de Lust For Life d’Iggy Pop, Gillis est déjà ailleurs: il fusionne désormais Work It de Missy Elliott avec Rock Your Body de Justin Timberlake, avant de marier Since You’ve Been Gone de Kelly Clarkson au riff tapageur de Wish de Nine Inch Nails.

Au final, la fille de party sort de la foule agitée avec les mollets en feu, le mélomane se demande encore quel extrait de gangster rap recouvrait Bombs Over Baghdad d’Outkast, pendant que Girl Talk étire le party avec un amalgame de War Pigs de Black Sabbath et de Move Bitch de Ludacris.

Vertigineux. Nos lecteurs de Québec pourront vivre l’expérience ce dimanche soir. Sur les Plaines d’Abraham, rien de moins.

 

PS I Love You et Ukrainian

La prestation qui précédait celle de Girl Talk sur la scène principale était une bonne préparation pour les tympans: Infected Mushroom. Toute en basses, la sonorisation du populaire groupe techno israélien défonçait tout et servait bien le trance psychédélique de la formation.

Sors-tu.ca a préféré jouer le jeu de la soirée disparate à fond en allant plutôt du côté de la scène Banque Nationale, au sud du Musée de la Guerre, où l’on pouvait découvrir deux groupes fort intéressants: PS I Love You et Ukrainian.

Au premier coup d’oeil, le duo de Kingston PS I Love You n’avait l’air de rien, sans doute en raison du look de son chanteur et guitariste Paul Saulnier. Rappelez-vous le petit gros qui se faisait tabasser à votre école secondaire. Imaginez-le 20 ans plus tard. C’est peut-être lui.

Quoi qu’il en soit, Saulnier joue les « guitar hero »… et s’en sort plutôt bien! Une écoute attentive laisse entrevoir un jeu de guitare à la fois créatif et mordant, ainsi que des compositions complexes derrière son interprétation bruyante. Benjamin Nelson n’a qu’à battre la cadence en symbiose et le tour est joué: PS I Love You propose de petites bombes noise rock assez convaincantes.

Le tic vocal de Saulnier, qui se la joue « opprimé détraqué » avec de petits cris volontairement faux, peut toutefois agacer à la longue.

Le duo sera en prestation à Osheaga, le samedi 30 juillet à 18h30.

À 18h15, alors que la foule du Bluesfest d’Ottawa se faisait encore très éparpillée, le groupe Ukrainian proposait un étrange polka-rock ukrainien, avec beaucoup de gueule et une bonne dose d’humour.La cohésion du groupe et le charisme de son batteur (qui s’occupait d’interagir avec la foule entre les chansons) auront sans doute converti quelques spectateurs.

Après tout, c’est ce qu’on apprécie des festivals qui se tiennent sur 12 jours: certains soirs plus tranquilles nous permettent de faire des découvertes qui sortent de l’ordinaire.

 

Grille de chansons du Steve Miller Band

Jet Airliner
Take the Money and Run
Abracadabra
The Stake
Swingtown
Further On Up The Road (reprise de Bobby « Blue » Bland)
Tramp (reprise d’Otis Redding)
Ooh Poo Pah Doo
Shu Ba Du Ma Ma
Fly Like An Eagle
Wild Mountain Honey
Dance Dance Dance
Serenade
Living In The USA
Rock ‘N Me
Jungle Love
Gangster of Love
Space Cowboy
The Joker

Grille de chansons du Girl Talk

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