Michel Pagliaro

Artistes variés – Pag Revisité (****) | Exercice d’hommage réussi

Michel Pagliaro - Pag Revisité Michel Pagliaro Pag Revisité

L’exercice qu’est le disque hommage est toujours un peu risqué, le principal problème étant que les réinterprétations seront inévitablement sujettes aux comparaisons – souvent défavorables –  avec les versions originales. Néanmoins, sous la gouverne de Carl Bastien, une poignée d’artistes courageux ont enfilé les souliers (ou plutôt les lunettes fumées!) de Michel Pagliaro pour créer Pag Revisité, et le résultat est plutôt heureux.

Si certains d’entre eux décident d’être prudents, tels que Patrice Michaud qui ouvre l’album avec une version groovy mais conventionnelle du succès Les Bombes, ou encore Damien Robitaille qui offre une version soul de Rainshowers qui n’a pas la splendeur de l’originale, d’autres s’amusent davantage avec les arrangements.

C’est le cas de Karim Ouellet avec Si tu voulais, celle-ci débutant comme une chanson des Supremes pour rapidement se transformer en quelque chose digne de Sufjan Stevens, mêlant habilement les claviers, les voix et autres effets sonores, pour créer une pièce qui se démarque énormément du lot de par son style et son audace.

Joseph Edgar propose, quant à lui, une version de L’espion sortie tout droit de la trame sonore d’un film à suspense, une sorte de rock rempli de mystère, à la fois sauvage et beau.

Alexandre Désilets offre une alléchante version de M’Lady qui, quoique très ressemblante à l’originale, prend quelques tournures intéressantes, surtout au niveau du chant, la voix de Désilets convenant parfaitement au texte et aux émotions exprimées dans la chanson.

Plusieurs artistes participants n’ont pas oublié que Pag est une icône du rock québécois et y sont allé de versions qui déménagent. La reprise endiablée de Louise par Galaxie est très réjouissante tandis que Rémi Chassé s’époumone avec efficacité sur l’incontournable J’entends frapper, qu’il rend avec beaucoup plus d’énergie que Pag.

Sunny Duval et Mara Tremblay proposent l’une des meilleures reprises de l’album avec What The Hell I’ve Got, mélange de country et de rock ‘n’ roll assez fidèle à l’originale, mais interprété avec tellement d’enthousiasme qu’on se laisse prendre au jeu avec plaisir. À noter que le fils de Mara, Victor Tremblay-Desrosiers, est derrière la batterie sur cette pièce.

Le plaisir est également au rendez-vous sur Lovin’ You Ain’t Easy par The Seasons.  Les frères Chiasson décident de refaire ce classique de la période londonienne de Pag (l’originale avait été enregistrée dans les studios d’Abbey Road) en utilisant des voix haut perchées à la Frankie Valli, ce qui aurait pu être agaçant, mais fonctionne bien grâce à leur enthousiasme contagieux.

Fred Fortin clôt l’album avec Fou de toi, à laquelle il donne sa signature un peu trash et s’avère un bon choix de pièce pour son style graveleux, bien qu’encore une fois, l’originale demeure meilleure.

Si ce n’est que pour rappeler l’importance de l’apport de Michel Pagliaro dans le paysage musical québécois des cinquante dernières années, Pag Revisité a tout à fait raison d’être. Sa courte durée fait en sorte que ça s’écoute avec énormément plaisir. Il n’y a rien de superflu ici. Le disque est un bel hommage qui, non seulement, permet de redécouvrir certaines pépites dans la mine d’or qu’est la carrière de Pag, mais également de les entendre sous un nouveau jour, et surtout traitées avec beaucoup de respect.

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