Coachella 2014 – Jour 1 | Outkast, The Knife, Haim et plus

Un mois après le festival le plus en vue du milieu, c’était au tour de Coachella, celui qui donne le coup d’envoi à la saison des festivals estivaux, de se mettre en branle vendredi, au Empire Polo Club, dans le désert de la Californie. Déjà, dès le premier des trois jours, plusieurs des grands noms qui se retrouveront dans plusieurs festivals cet été se succédaient sur l’une des six scènes du vaste champ de polo. Sors-tu.ca y était. 

Si SXSW attire plus de gens de l’industrie que du grand public, cultive la rareté à coups de files d’attente et ouvre toutes grandes les portes aux commanditaires mégalomanes, Coachella demeure infiniment plus lubrique et peace and love. Assis dans l’herbe tendre à l’abri de la grande chaleur sous un palmier, le hipster moyen n’a pas à s’inquiéter que son choix de compagnie de téléphone mobile lui coûte la « chance » de faire la queue pendant trois heures pour peut-être voir Kanye West et Jay-Z donner un show moyen. Ici, tout le monde qui a payé son billet pourra voir Outkast si ça lui chante.

Et pour tout le mal qu’on puisse dire de la typique douchette écervelée et inculte que l’on identifie comme le spectateur moyen de Coachella depuis les hilarantes capsules virales de Kimmel, le public qu’on y trouve est à l’image de la jeunesse américaine contemporaine, celle-là même qui compte autant de chansons de Miley Cyrus que de Lorde dans son iPhone sans vraiment savoir différencier l’une de l’autre sans support visuel. Une populace qui parade fièrement son look H&M a qui veut bien le zieuter, avant de s’arrêter prendre un selfie devant la grand roue pour prouver à son cercle Facebook que sa vie regorge de moments palpitants.

En revanche, cette petite jeunesse butine d’un concert à l’autre avec un enthousiasme naïf mais fort rassurant, avant de réaliser que, finalement, « ah c’est eux, Haim, qui chantent cette chanson-là ».

Fermement en 2014

Une chose est sure, on ne pourra pas lui reprocher de vivre dans le passé: à Coachella, la nouveauté a la cote. C’est d’ailleurs un peu triste de voir aussi peu de gens assister aux très bonnes prestations de The Afghan Whighs et The Replacements, deux groupes dont les années de gloire précèdent presque la naissance d’un bon nombre de festivaliers présents. Idem pour Bryan Ferry, dont le chansons pop-adultes ont toutefois moins bien vieilli.

À part Outkast – qui effectuait son retour officiel après plusieurs années d’absence – les artistes qui suscitaient les plus gros amoncellements de spectateurs étaient les Haim, Bastille, Flume, Chromeo, The Knife, The Glitch Mob, Martin Garrix, et Zedd de ce monde. La nostalgie de demain, certains diront.

C’est tant mieux, parce qu’elle a du bon à offrir, cette scène actuelle. Le pop rock de Haim ne réinvente pas la roue, encore moins celui de Bastille, mais ça a de la gueule et du coeur dans les deux cas. Davantage sur scène que sur disque.

Les nouvelles chansons de Chromeo – album à paraître en mai – n’ont rien à envier au matériel précédent du duo montréalais. Du carburant à party, à saveur néo-disco, que les deux potes ont su défendre adéquatement.

Pour le reste, cette première journée de Coachella s’est déroulée sous le signe du party. De Kate Nash qui rejoint ses fans dans la foule en plein concert pour prendre des selfies avec eux, à Girl Talk qui fait monter une centaine de personnes sur scène afin de danser tout au long du show (qui se termine évidemment en pluie de ballons et confettis), la connexion entre le public et les artistes a semblé particulièrement soutenue tout au long de la journée.

Et qui de mieux qu’Outkast pour couronner une telle journée. Le duo d’Atlanta a débuté son set – son premier en presque une décennie! – sur les chapeaux de roue avec B.O.B., et l’a terminé en grand avec Ms. Jackson, So Fresh, So Clean, The Way You Move et Hey Ya!, coup sur coup. Moment malaise, à 1h pile, lorsque le duo a dû interrompre les festivités alors qu’il restait encore The Whole World à jouer. Couvre-feu oblige. C’est toutefois la section du milieu qui a paru la plus décevante : l’énergie tombait à plat, particulièrement durant le segment solo d’André 3000 qui est allé pigé dans les titres plus lents de son The Love Below.

La prestation marquante de la journée revient toutefois à The Knife. Pour défendre son excellent album de 2013, Shaking The Habitual, les frère et soeur suédois Karin Dreijer Andersson (Fever Ray) et Olof Dreijer compte sur 9 autres musiciens, tous costumés de façon théâtrale. La prestation a débuté en force avec un jeu de percussions, d’harmonies vocales et d’instruments inusités époustouflants, qui soulignait à grands traits l’apport des musiques du monde dans l’oeuvre de The Knife. Peu à peu, la mise en scène gagnait plus de place, jusqu’à en devenir carrément un show de danse, au détriment (malheureusement) de l’interprétation live. Rendu à mi-chemin dans le concert, les 11 musiciens exécutaient une chorégraphie sur du playback, ce qui est un peu dommage.

Tout de même, The Knife a donné le genre de prestation qui marque l’imaginaire. Chanceux sont ceux qui ont réussi à mettre la main sur des billets en vue de leur concert au Métropolis, le 26 avril. Inutile de dire qu’il est trop tard : ça affiche désormais complet.

Belle première journée, en somme, pour le festival Coachella. Et ce n’est que le début. Dans notre mire pour samedi : Foxygen, The Internet, Cage The Elephant, Ty Segall, CHVRCHES, Julian Casablancas, Warpaint, MGMT, Lorde, Fatboy Slim, Queens of the Stone Age, Pharrell Williams et Muse.  Qui dit mieux ?

Faits divers en vrac:

– La chanteuse de Haim – le groupe provient de la vallée de San Bernardino, pas très loin d’Indio – a candidement admis avoir assisté à plusieurs éditions de Coachella depuis 2004 en tant que spectatrice clandestine en sautant la clôture et en échappant à la sécurité. « Sorry Goldenvoice », ajouta-t-elle de façon laconique, en s’adressant au promoteur de l’événement.

– Le public américain ne semble pas très familier avec Woodkid : son nom se trouvait en petits caractères sur le poster officiel et on ne peut pas dire que la foule présente était imposante lors de sa prestation. Il faut dire que sa présence entrait en concurence avec celles de The Glitch Mob, Chromeo et Broken Bells. Mais son set a eu l’effet s’une bombe. Il ne faudrait pas se surprendre de le voir parmi les « trouvailles cachées » de quelques médias branchés américains. Montréal aura été en avance sur la Californie…

– Janelle Monae, Sleepy Brown et Future sont venus faire leur tour pendant le show de Outkast. Monae a même interprété Tightrope avec sa fougue habituelle ; l’un des moments forts de la soirée.

– Problème technique bizarre : pendant le show de Girl Talk sur la scène principale, les écrans géants diffusaient… le show de Bryan Ferry qui se tenait sous la tente Mojave.

 

Grille de chansons d’Outkast

B.O.B.
Gasoline Dreams
ATLiens
Skew It on the Bar-B
Rosa Parks
Da Art of Storytellin’, Part 1
Aquemini
SpottieOttieDopaliscious (avec Sleepy Brown)
Bowtie (avec Sleepy Brown)
Shutterbugg
GhettoMusick
Tightrope (avec Janelle Monae)
Kryptonite (I’m on It) (de Purple Ribbon All Stars)
Vibrate
She Lives in My Lap
Prototype
Behold a Lady
Roses
Same Damn Time (avec Future)
Ain’t No Way Around It (avec Future)
Benz Friendz (Whatchutola) (avec Future)
Hootie Hoo
Elevators (Me & You)
Ms. Jackson
So Fresh, So Clean (avec Sleepy Brown)
The Way You Move (avec Sleepy Brown)
Hey Ya!

 

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