Elliot Maginot

Elliot Maginot au Grand Théâtre de Québec | Quand Noël se dépose en lumières

Il y a des soirs où tout commence avant même la première note, comme si le Père Noël lui-même avait été invité pour annoncer ce qui s’en vient. Hier, au Grand Théâtre de Québec, Elliot Maginot et ses amis-artistes ont transformé la salle en écrin de guirlandes de lumières, des mousses rouges sur les micros, et une chaleur douce installée sur scène comme un foyer rempli de flammes. Puis, la clarinette s’est levée, seule, avant d’être rejointe par les autres instruments pour offrir Somewhere In My Memory, chanson mythique de Home Alone. Une évidence. Comme si Noël n’attendait que cette chanson-là pour faire son entrée. Le public, conquis d’emblée, savait déjà qu’une parenthèse unique venait de s’ouvrir.

Sept artistes. Cinq hommes, deux femmes. Placés comme un chœur qu’on aurait sculpté pour être vu, entendu, aimé. Tous vêtus de noir, élégants sans ostentation. La simplicité chic, ici, servait le moment : rien n’écrasait, tout révélait.

Après la deuxième chanson, Elliot Maginot a salué la foule. Québec, a-t-il partagé, est l’une de ses villes préférées. Vraiment. Une précision qui s’est déposée dans la salle comme une confidence spontanée, suivie d’un sourire trop sincère pour ne pas être vrai. Les festivités pouvaient commencer. Un joyeux Noël a été souhaité, léger, presque timide. Puis Marie-Noël, ce grand classique de Robert Charlebois et Claude Gauthier, a enveloppé la salle de cette nostalgie que seules les chansons héritées savent provoquer.

Il y a, dans la voix parlée d’Elliot, quelque chose de simple, presque doux, un grain qui se laisse porter sans chercher à impressionner. Mais dès qu’il chante, une lumière surgit, comme si des fragments d’étoiles se déposaient sur chacune de ses voyelles. Une voix qui scintille. Une voix qui rappelle que Noël n’est jamais qu’un prétexte pour croire encore à quelque chose de doux.

Les artistes sur scène ont été présentés tout au long de la soirée, chacun avec une tendresse qui ne s’invente pas. Gabriel Thibault, au clavier, dégageait une présence tranquille qui, pourtant, raconte tout.

Puis vint Le sentier de neige, offert d’abord par Stéphanie Boulay, puis par Julia Larochelle. Et soudain, trois voix : celles des deux chanteuses et celle d’Elliot, tressées, enlacées, habitées par quelque chose qui ressemble à un refuge. L’harmonie de leurs voix formait une couverture chaude, celle qu’on dépose tendrement sur quelqu’un qu’on aime s’endormant devant nous.

Stéphanie a ensuite repris Trois anges sont venus ce soir, avec cette douceur presque maternelle, celle qui traverse les générations. Pendant ce temps, Elliot retirait veston et chemise pour finir en camisole. Un geste simple, presque intime, qui disait : « le cérémonial est fait, maintenant, voici l’homme derrière ».

Puis, Greensleeves. Majestueuse. Intouchable. Comme si le roi Henry VIII respirait encore à travers les artistes. La salle retenait son souffle.

Alex Francoeur, maître des instruments à vent, clarinette, flûte traversière, etc. a été présenté comme l’un de ces êtres qui intimident par leur talent, mais attirent par leur lumière. Les blagues d’Elliot, toujours improvisées, glissaient entre les chansons comme des clins d’œil complices. Chaque membre de son équipe était, selon lui, « la plus belle personne du monde ». Rien n’avait l’air forcé. L’admiration coulait sans détour.

Entre deux histoires, il raconta les tapis rouges foulés avec Stéphanie, évoqua Shilvy, la mère de Julia Larochelle, et affirma que ces deux femmes possèdent les plus belles voix du monde. Impossible de ne pas le croire. Elles le prouvaient sur scène.

Avant Auld Lang Syne (1788), il invita le public à faire ce qu’il voulait : prendre des photos, filmer, se moucher, sortir aux toilettes, même venir s’asseoir sur scène. À rebours de l’annonce protocolaire du début. Un moment de permission totale, de liberté, de partage. Les téléphones se sont levés comme autant d’étoiles cherchant à capturer l’instant.

Le spectacle avançait entre classiques revisités, créations originales et confessions légères. L’ambiance évoquait un jam entre amis où tout est parfait, où personne n’a rien à prouver. L’amitié flottait dans l’air, chaleureuse, sincère.

Les anges dans nos campagnes a été partagé dans un élan lumineux. Puis, Stéphanie a offert sa traduction de Blue Christmas, devenue Triste Noël ou Noël brun, puisque, pour elle, le bleu n’est pas triste. Et quand Maginot a livré War Is Over de John Lennon et Yoko Ono, un frisson a traversé la salle. Des têtes se sont rapprochées, se sont déposées les unes contre les autres. L’amour, partout, se voyait.

Ensuite, « JP », Jean-Philippe Hébert, présenté comme un meilleur ami, un frère de scène. Chaque mot débordait de gratitude. Puis Mathieu Leguerrier à la batterie, gardien du rythme, ancré, solide.

La soirée s’est conclue dans un éclat de joie, de remerciements et d’humanité. Par un rappel, drôle, tendre, où Elliot se moquait du moment, nommant au passage Paul Piché, Justin Trudeau et Katy Perry. Comme un enfant qu’on surprend encore dans son élan d’insouciance.

On en ressort attaché à l’homme autant qu’à l’artiste. À sa voix cristalline. À cette façon de faire de Noël un lieu où l’on revient, même adulte, même fatigué, simplement pour voir les étoiles un soir de Noël.

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