crédit photo: Hamza Abouelouafaa
FTA (Festival)

Entrevue avec la direction artistique du FTA | Une programmation dévoilée qui fait plaisir

Le Festival TransAmériques dévoilait mardi soir, à la Société des Arts Technologiques, sa programmation 2024. Au total, 20 représentations annoncées venant d’un peu partout dans le monde et plusieurs autres activités composeront ce festival pour la fin mai. Sors-tu? a pu s’entretenir avec les deux codirectrices artistiques du festival, Martine Dennewald et Jessie Mill, après qu’elles aient annoncé les nombreuses œuvres qui seront de passage à Montréal.

Les deux responsables du choix des 20 représentations ont vu, depuis la dernière édition, environ 700 spectacles pour bien cerner ce qui figurera au FTA en 2024. Un travail en amont qui nécessite une réflexion continue pour être en mesure d’amener des artistes de choix venant de Montevideo avec Tamara Cubas, Manchester avec Sonia Hughes, Abidjian et Montpellier avec Nadia Beugré ou encore New York avec l’artiste Yup’ik, Emily Johnson.

 

Des visiteurs de choix et des talents d’ici

On compte aussi plusieurs œuvres d’ici provenant de gens de partout dans la province. Le chorégraphe montréalais Sébastien Provencher proposera Floreus, une cérémonie où six interprètes feront réfléchir le public sur les représentations des corps queer dans une chorégraphie où les danseurs feront des fleurs leurs partenaires sensuels.

Surveillée et punie sera aussi un spectacle d’ici provenant de l’esprit de Philippe Cyr et de Safia Nolin, dans lequel un chœur chantera les milliers d’insultes proférées à l’égard de l’artiste. Une remise en question de la liberté d’expression lorsqu’elle devient un outil de violence. Ces deux spectacles font partie du lot d’œuvres d’artistes québécois qui seront en vitrine au festival, une tradition du FTA.

« On élabore une programmation à partir de ce qu’on voit, mais aussi à partir des ébauches de projets que les artistes nous amènent. Les créateur.istes québécois.es viennent nous voir avec une idée de projet deux à trois ans à l’avance et c’est à ce moment que nous décidons de nous engager à coproduire le spectacle et de le présenter au festival », explique Martine Dennewald.

La programmation reste fidèle à ce que le FTA a proposé dans les dernières années, mais se démarque aussi dans une nouvelle offre pour les festivaliers. Une édition qui se rapproche du projet original de la fondatrice Marie-Hélène Falcon, qui était sur place pour la cérémonie. Les deux coproductrices artistiques ont aussi mentionné que cette édition du festival était le début d’une vision, d’un projet pour les années à venir.

« Le monde change. Toutes ces thématiques prennent aussi une couleur vraiment distincte. Prenez l’intersectionnalité. Ce n’est pas un terme qui existait il y a 30 ans. C’est important pour nous, mais aussi pour notre dialogue avec les artistes, qu’on puisse s’attarder sur plusieurs années sur des sujets ou des territoires qui nous intéressent. Un projet théâtral, ça prend souvent trois ans à se construire. Donc, c’est un travail qui se fait aussi dans cette durée-là et dans ce dialogue-là », répond Jessie quant au bagage laissé par le passé du Festival TransAmériques.

 

Une direction qui voyage et se forge dans le temps

On dénote aussi vingt spectacles de danse et théâtre. Parmi ceux-ci, on retrouve Du temps où ma mère racontait, d’Ali Chahrour, originaire de Beyrouth, qui convoque le chant, la danse et de la musique pour faire émaner le chagrin et l’espoir chez les spectateurs. Représentation qui marquera le début du festival.

« Cette année n’est pas particulièrement différente sinon peut-être de dire que nous, on a un projet artistique qu’on creuse sur plusieurs années. On est arrivé non pas avec des thèmes, mais avec un peu des questions qui guident notre recherche, qui nous aident à choisir le pays où nous irons voyager et la manière dont on travaille avec les artistes», indique Jessie.

Un TransAmériques qui continue de plonger dans le concept de l’intersectionnalité et qui a au cœur de toutes les thématiques l’humain, principalement. Carte noire nommée désir touche ces dimensions dans une cérémonie qui dénonce le machinisme et le colonialisme dans une mise en scène de Rébecca Chaillon. Une œuvre provocatrice et électrisante qui avait fait couler beaucoup d’encre durant son périple en Europe. Jessie et Martine, qui elles, attendent ces réactions dans ce festival n’ayant jamais eu peur de faire réagir et amener à la discussion.

Dans une programmation où tous les spectacles devraient être mis au calendrier, nous avons demandé aux deux directrices artistiques la représentation à ne pas manquer durant le festival. L’œuvre qu’elles recommanderaient respectivement à un.e proche.

Jessie y est allée de la réponse suivante: «Carte noire nommée désir, tiens, parce que ça marque justement des thèmes qui sont extrêmement contemporains. Qui sont même, je dirais, un peu à la mode, mais sans pour autant renier rien de la grande tradition théâtrale. On a des textes forts, des actrices et performeuses formidables dans un espace bien géré. C’est un spectacle dont on ne sort pas indemne, ce qui est un peu l’ADN du FTA»

Martine, elle, choisit Ode de Catherine Audet pour son incontournable. «Il y a deux ans, son spectacle Old Town pour cinq interprètes était ce que tout le monde voulait voir et c’était complet. Pour la première fois, elle travaille avec dix interprètes. Elle a doublé le nombre d’interprètes dans une salle beaucoup plus grande. il y a une fébrilité qui accompagne ce projet-là, donc il faut vraiment être là le soir de la première et voir ce qui se passe», insiste Martine.

Une édition marquée par la dernier mandat du directeur David Lavoie, mais aussi le début d’une vision que les codirectrices partagent et souhaitent prendre pour les éditions dans le futur. Le FTA provoquera, mais surtout, comblera les amateurs de grandes sensations artistiques.

Pour toutes les informations sur la programmation et vous procurez des billets, consultez le site du Festival TransAmériques

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