L’amour dans la création : 5 artistes d’ici s’ouvrent le coeur !
L’amour ; ce vecteur de création, ce sentiment si souvent recherché ou évité, cette sensation qui chatouille dans notre fond intérieur ou l’égratigne. L’amour avec un grand «A» ou avec un petit, celui dont nous avons grandement besoin en ses temps ardus. Il y a celui qu’on baise et celui qu’on caresse. Celui qu’on partage ou bien qu’on garde pour soi.
À l’approche de la Saint-Valentin, laissons de côté son frère jumeau, l’amour capitaliste, et plongeons plutôt dans ce moment de grâce où les artistes se penchent sur une feuille de papier vide. On le sait, l’amour a depuis très longtemps, et encore aujourd’hui, inspiré des grands de ce monde. Dans un processus de création porte-t-il toujours le même masque? Est-il toujours vu de la même façon?
On entend souvent que l’amour en chanson c’est quétaine. Cinq auteur(e)-compositeur(e)-interprètes nous ont raconté leur point de vue sur ce sujet. La question suivante à été posée à chacun(e) : Quelle est la place de l’amour dans votre création?
Klô Pelgag
L’amour est au coeur de ma création parce que l’amour est au coeur de tout. Les choses que je déteste, j’aurais préféré les aimer. Il est le point de départ de toutes les émotions.
L’amour c’est comme le soleil autour duquel gravitent les étoiles. De là naissent ses variantes et ses dérivés: la mélancolie, la déception, la jalousie, la haine. Il a le pouvoir de faire naître le plus beau comme le plus laid. Et donc, je crois que c’est le sentiment humain le plus violent puisqu’il sait surpeupler le coeur jusqu’à en noyer le cerveau. Il est ce que nous avons de plus spontané et grave. Il peut nous tuer et nous redonner goût à la vie en une fraction de seconde.
Salut Karl!
Chanson d’amour préférée:
Ne me quitte pas – Jacques Brel
* Klô Pelgag est en tournée un peu partout au Québec, et prépare son grand spectacle avec « l’Orchestre de l’étoile thoracique » au Théâtre Maisonneuve le 10 juin 2017.
Thierry Bruyère
C’est drôle, parce que même si mes chansons ne le laissent pas toujours paraître, je pense que je suis un peu un éternel amoureux et que le cœur est toujours là, au centre, quand je crée.
Quand j’ai commencé à écrire, je voulais surtout parler des autres, et j’ai d’abord voulu partager mon amour pour mes ami(e)s, pour mes voisin(e)s, pour les victimes d’injustices, pour les mal-aimé(e)s, pour ma ville!
Et puis un jour, ça a chaviré; avec le cœur qui brise, et j’ai pensé que je ne m’en remettrais jamais. Sauf qu’un jour, après l’éternité, il y avait une petite pousse verte au milieu d’une cour à scrap (comme dans Wall-E) et ce que j’avais vécu, même si c’était personnel et dur à raconter, j’avais soudainement envie de le partager.
Un cœur brisé finalement, c’est peut-être ce qu’il y a de plus universel, et un cœur brisé, ça a aussi des craques pour laisser entrer la lumière, pour paraphraser l’un de nos grands romantiques.
Créer par amour, à l’endroit, à l’envers, par espoir ou par colère, ça peut être thérapeutique, et ça se pourrait que ça fasse du bien à une autre personne (si vous faites des chansons et que vous lisez ceci, sachez que vous me faites du bien!).
Bref, ça aura toujours été par amour. Et par indignation. Mais on s’indigne par amour de toute façon.
Chanson d’amour préférée
True Love Waits, de Radiohead
(idéalement version I Might Be Wrong: Live Recordings, 2001)
Sabrina Halde (de Groenland)
Quand je crée, je crois que ça doit inévitablement venir d’une place d’amour. C’est dans cet espace-là que je me sens libre. C’est pas mal la seule raison pour laquelle je fais tout ce que je fais. Je ne peux pas dire que je pense à l’amour de couple souvent quand j’ai écrit.
L’amour de soi et des autres sous toutes ses formes, on dirait que jusqu’à maintenant, c’est là que je vais. J’ai envie de ressentir les affaires et d’en parler sans les placer à l’intérieur de contours et dans des catégories précises. Aussi, le travail sur soi nous ramène toujours un peu vers l’amour de soi. Si je me mets en position de me respecter et m’aimer, le reste en découle, et c’est plus facile de radier cet amour-là vers les autres.
Je crois que la musique que je crée est aussi une forme de thérapie, alors si je peux sentir que je l’ai écrite d’une place d’intention, les chansons peuvent continuer d’avoir un effet thérapeutique sur moi à long terme. Je me raccroche à cette place d’ouverture quand je joue ou quand je chante. Si faire de la musique est mon plus grand potentiel de contribution à la société, j’ai envie d’essayer de créer dans la vérité et l’amour. Ça me fait me sentir utile, d’une certaine façon.
Chanson d’amour préférée
Parc à chiens (feat. La Bronze), de Louis-Philippe Gingras.
Antoine Corriveau
Je pense que l’amour est derrière l’intégralité de mes créations. Sans nécessairement limiter l’amour à une fête plate comme la St-Valentin, au concept du couple ou au romantisme. J’aime mélanger l’observation que je ferai sur l’amour à une autre observation, souvent diamétralement opposée; une observation sur la mort par exemple.
Un ami enseignant de français m’a par contre dit qu’on avait déformé la signification du mot amour au fil du temps, qu’on l’avait travesti. Qu’on ne peut pas aimer le bacon, par exemple. On peut trouver ça bon, mais l’amour serait un sentiment indescriptible, envahissant, qu’on ne peut nommer, qui brûle notre intérieur de passion pour quelqu’un. Et alors là, non, l’amour ne serait peut-être pas derrière mes créations.
Fondamentalement, je pense que je préfère l’amour tel qu’on l’a transformé. Regarder les choses, les humains et y voir du bon avant d’y voir du mauvais. Prendre pour acquis que tout être est bon à 100% et les laisser perdre des points, plutôt que l’inverse. Ça me permet aussi d’affirmer haut et fort que j’aime le bacon et que je n’aime pas les chats.
Bref, pour écrire, pour composer, je pense que je dois aimer. Aimer mon sujet, aimer tout ce que j’observe, qui se meut en moi et devient un jour une chanson. De toute façon, celui qui n’aime pas est mort.
Chanson d’amour préférée
Boire. Manger. Dormir., d’Avec pas d’casque
Avec Pas D’casque = Boire. Manger. Dormir. from jptremblay on Vimeo.
* Antoine Corriveau sera en spectacle au Centre Phi le 11 février prochain.
Samuele
J’aime mes guitares. Beaucoup. J’aime chacune d’entre elles pour sa façon unique de vibrer et de faire vibrer des choses en moi. Je les trouve tellement belles. De plus en plus belles à chaque fois. Je leur parle. Je les écoute. Je prends soin d’elles. Elles prennent soin de moi. On aime tellement chanter ensemble. Avec d’autres aussi.
Il y a des moments de magie des fois quand elles vibrent entre mes mains où je ressens les choses les plus grandioses de tout l’univers connu. C’est un peu comme sortir de prison à chaque fois. C’est ça pour moi l’amour et ça prends toute la place.
Chanson d’amour préférée
Nobody Really Cares If You Don’t Go to the Party, par Courtney Barnett
Crédits photo
(photo d’entête de l’article)
- Sabrina Halde de Groenland : LM Chabot
- Samuele : Julia Marois
- Klò Pelgag: Étienne Dufresne
- Antoine Corriveau: Le petit russe
- Thierry Bruyère: Yoan Boisjolie
Transformées par : Shanti Loiselle
- Artiste(s)
- Antoine Corriveau, Klô Pelgag, Sabrina Halde de Groenland, Samuele, Thierry Bruyère
- Ville(s)
- Montréal
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