Festival Quartiers Danses 2016 | Maya Orchin et Morgane Le Tiec séduisent la Place des Arts
Programme double ce soir au Festival Quartiers-Danses qui présentait deux shows à la Cinquième Salle de la Place des Arts : Transport Fade de l’Américaine Maya Orchin et Barouf de la Française Morgane Le Tiec. Et c’est une grande réussite ! Les deux jeunes chorégraphes nous emmènent dans leur monde, explorant l’espace de la scène et les corps des danseurs jusqu’à leur extrême.
Avec Transport Fade, Maya Orchin (qui tient aussi la casquette d’interprète dans son oeuvre) nous fait découvrir un réalisme pagique. S’agit-il d’un rêve ou d’une réalité tout autre que la notre ? Peu importe. L’accélération dans les mouvements que nous ressentons tout au long de la pièce nous précipite dans un tourbillon énergique.
La chorégraphie est prodigieusement technique, physique, les portées sont nombreux et les danseurs explorent la scène, seuls, à deux, en trio ou quatuor. La musique nous transporte dans un rythme effréné qui s’active de plus en plus, ne laissant que peu de répis aux danseurs qui s’échangent les contacts et les mouvements, tantôt à l’unisson, tantôt en solo. La dernière explosion et le retour brutal à la réalité se fera dans un porté final qu’on ne pourra qu’à peine distinguer : le noir qui tombe sur la scène absorbe les danseurs et dissout le rêve dans lequel le public était transporté. Le songe qui nous a fait fuir l’existence du moment présent s’est évanoui…
Barouf et le mythe de Babel
Mais c’est sans conteste Morgane Le Tiec que l’on retiendra de cette soirée avec sa création, Barouf. Un grand coup de chapeau pour cette jeune chorégraphe qui explore le mythe de Babel en le retransposant à notre époque à travers cinq magnifiques danseurs (dont l’un est malentendant). C’est toute la question de la communication entre les humains qui est remise en question tandis que les artistes semblent vouer un culte à leur dieu iPhone : comment ne pas se laisser dépasser par la réalité virtuelle alors que le monde actuel et la technologie grandissante nous précipite dans l’oubli d’autrui ? Que se passera-t-il le jour où la technologie aura dépassé la communication des cinq sens humains ?
On voyage dans le monde de la chorégraphe qui superpose la danse au théâtre et le langage à l’exploration du corps en utilisant l’humour comme moyen d’échappatoire. Dans une communication complice, les danseurs s’expliquent et nous expliquent la création du Babel moderne qui nous a conduit au point où nous sommes : serons-nous capable de passer par-dessus le virtuel pour continuer de partager la réalité ?
La précision et la justesse des propos que souhaite retransmettre Morgane Le Tiec n’ont d’égaux que la subtilité des danseurs, qui, chacun à leur manière nous touchent, pointant du doigt une défaillance du monde dans lequel nous vivons actuellement. Innovante, la créatrice n’hésite pas à prendre des risques dans ses choix chorégraphiques et a su avec perfection tirer l’essence même de ses interprètes. Accompagnés d’une musique rythmique, parfois instrumentale, parfois sous forme de bruitages ou d’effets sonores, les différents tableaux scotchent le spectateur par leur poigne et leur fougue. Le prix du Public du Festival Quartiers-Danses est décidément une valeur sûre, pleine de promesses et d’idées, qu’il faudra suivre de près dans les prochaines années.
* Le Festival Quartiers Danses se poursuit jusqu’au samedi 17 septembre prochain. Détails par ici.
- Artiste(s)
- Ashley Werhun, Cai Glover, Festival Quartiers Danses, Joshua Stansbury, Katherine NG, Katie Stehura, Kiera Hill, Marcio Silveira, Maya Orchin, Michael Abbatiello, Morgane Le Tiec
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cinquième Salle
- Catégorie(s)
- Danse,
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