Zoofest 2015 | Fred Dubé et Simon Delisle en supplémentaires

Les supplémentaires du Zoofest nous ont permis de rattraper certains spectacles qui nous avaient échappés au cours du festival, dont ceux de Fred Dubé, savoureusement intitulé Radical Pouding, ainsi que Simon Delisle, avec Avaler la pilule.

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Si l’humour consensuel et conservateur vous agace, Fred Dubé pourrait bien être votre nouveau chouchou. L’humoriste ouvertement de gauche propose du stand-up sans concession, engagé et fort en gueule. Il ne mâche pas ses mots et écorche sans merci tout ce qui le tracasse. Tout ça sans oublier l’essentiel : être drôle.

On sent que le métier commence à rentrer. Fred Dubé est à l’aise sur scène, en parfait contrôle de son texte et maîtrise la gestuelle et le non-verbal. Il navigue aussi allègrement de l’ironie à l’humour venimeux sans détour.

Tout y passe, de la monarchie constitutionnelle à la désinformation du Journal de Montréal, ou pire encore, de TVA Nouvelles. Tout le monde en parle ?  Pas mieux. Radio-Canada ? « Sans plus grande qualité est d’être comparé à TVA ».

Il n’y a pas que les concepts et les groupes qui en prennent pour leur rhume ; certains individus passent égalemet au cash, dont Sophie Durocher, qui fait du « journalisme d’enquête d’opinion », selon lui, ou Philippe Couillard qui est dépeint de façon peu flatteuse – oh l’euphémisme! – lors d’une petite mise en scène volontairement grossière.

Même le big boss de Juste pour rire, Gilbert Rozon, est éclaboussé joyeusement, tout comme le commanditaire du Zoofest, Pabst Blue Ribbon.  Fred Dubé n’épargne rien, ni personne… y compris lui-même. Il en profite pour tourner en dérision « l’humour engagé ».

La radio-poubelle de Québec – ville de mongols, soutient-il, en dépit de la controverse créée par Jean-Sébastien Girard récemment en lien avec ce terme maudit – y est également citée, et déculottée.

Mais surtout, comme l’indique le titre de son spectacle, Fred Dubé s’en prend à cette fâcheuse manie qu’ont certains d’entretenir les préjuger tout en se donnant bonne conscience en apposant le terme « radical » à tort et à travers.

Loin d’être léger, l’humour de Fred Dubé frappe fort et déride. Que le milieu de l’humour soit prêt ou non pour ce genre de ton, Fred Dubé persiste et signe, et il s’avère excellent dans ce qu’il fait. Ce n’est pas pour tout le monde, et on ne s’attend pas nécessairement à ce qu’il perce au point d’atteindre le grand public et connaître la gloire. Ce n’est pas demain la veille qu’on va le voir essayer une nouvelle auto chez un concessionnaire, genre un gros char luxueux – ce qui serait contre ses principes de toute manière, mais il est voué à un succès d’estime, c’est certain.

 

Simon Delisle

Pour son spectacle Avaler la pilule, Simon Delisle y va pour sa part d’un humour plutôt bon enfant, et assez personnel.

Somme toute, on pourrait le comparer à bien d’autres humoristes par la légèreté des sujets abordés – le sexe, l’enfance, le rapport au sexe opposé et à la marijuana, son arrivée à Montréal en provenance de la région, etc. – mais une chose le distingue : la maladie. Un négatif habilement tourné en positif par Delisle.

Il n’y a pas seulement que sa drôle de bouille qui, en raison de son absence de pilosité (capillaire), le distingue des autres humoristes de bars qui observent le quotidien. Abonné des hôpitaux et pharmacies depuis l’enfance, Simon Delisle souffre de polyendocrinopathie, une rare maladie contrôlée par une médication assez intense, qui lui permet d’aller piger dans des anecdotes personnelles et d’aborder des sujets assez uniques, de façon assez convaincante.

Attachant et éloquent, Simon Delisle transpire l’humanité et la joie de vivre. Ça fait changement de la morosité ambiante et de l’apathie souvent véhiculée en humour.