Yoo II à la Sala Rossa | Une magistrale leçon de rock psychédélique

En ce mardi soir, c’était l’événement type à la Sala Rossa où le public est venu très nombreux et a su être attentif. Le super-groupe Yoo II se produisait pour une unique fois à Montréal, croisement entre les trios rock bruyants de Yoo Doo Right et de Population II auquel s’est joint le multi-instrumentiste texan Nolan Potter. Avec un concert court et particulièrement intense, ils nous ont offert une leçon de rock psychédélique enflammée.

C’est lors d’une courte pause pendant le festival SXSW à Austin au Texas que les deux formations montréalaise Population II et Yoo Doo Right se sont vu offrir l’opportunité d’étrenner le tout nouveau studio de Nolan Potter (Nolan Potter’s Nightmare Band). Les improvisations enregistrées ce jour-là étant particulièrement réussies, l’idée d’en sortir un album est alors survenue. L’album Yoo II avec Nolan Potter sortira le 12 septembre 2025.

C’est donc sous le sobriquet Yoo II que la formation s’est produite, une contraction du nom de Yoo Doo Right, trio rock expérimental et de Population II, le trio de rock psychédélique qui m’a redonné l’espoir en un rock frais, particulièrement solide et en français. Derrière ce clin d’œil vers U2, l’un des plus grand groupe de stade actuel avec une fraîcheur toute relative et une inspiration abandonnée il y a quelques décennies, le super groupe texano-montréalais Yoo II a, lui, encore toute sa fraîcheur et sa fougue juvénile et nous le démontre toute la soirée.

La salle est rapidement très remplie et la formation a installé une scène centrale, et le public peut circuler en arrière comme l’avait fait Misc lors du lancement de Beat Bouquet aux Foufs, il y a quelques semaines. On retrouve les deux batteries de John Talbot (YDR) et Pierre-Luc Gratton (Pop II), également au chant. Sébastien Provençal (Pop II) est à la basse 8 cordes principalement. À l’avant scène, on retrouve Tristan Lacombe (Pop II) à la guitare électrique 12 cordes et au clavier, Justin Cober (YDR) à la guitare et au clavier ainsi que Nolan Potter en maître de cérémonie, joueur de guitare, flûte et saxophone.

Une caméra projette la scène vue d’en haut sur l’écran placé sur ce qui est la scène régulière de la Sala. L’ambiance est électrique bien avant que la formation paraisse sur scène.

Les musiciens s’accaparent la place rapidement après une courte présentation de Pierre-Luc Gratton qui explique la genèse de la formation et que le concert de ce soir sera imparfait et plein de surprises et d’improvisations. « J’espère que vous avez déjà pris votre mush… »

Le rock psychédélique rugit dans la sonorisation de la place et le fait que le groupe soit sur une estrade basse ajoute au sentiment de proximité que l’on peut ressentir avec les musiciens et leur musique. Les lumières clignotent plus ou moins vigoureusement et il ne manquait que les projections d’huiles pour se sentir en 1967 à la Roundhouse, mythique salle de concert londonienne.

Avec une courte performance de 50 minutes, la formation a présenté une version scénique des titres de leur album, proche de la version enregistrée, mais a su conserver toute la tension des titres avec des alternances de calmes et de montées en puissance contrôlées et maîtrisées qui ne sentait pas le cliché. Il y a bien sûr eu de la place à l’improvisation et aux explorations sonores de Nolan Potter et ses instruments à vent, mais là encore, un sens bienvenu de la retenu a su conserver l’essentiel pour ne pas sombrer dans d’interminables solos dilués et dénués de direction.

Au milieu des influences des maîtres du rock psychédéliques que sont Can, Acid Mothers Temple et autre Gong, la réminiscence de Pink Floyd s’est également fait sentir avec un goût d’Any Color You Like alors que la basse bien présente et la cadence de batterie se mélangeait avec une guitare à saveur d’effets rotatifs.

C’est avec une prestation courte, mais particulièrement intense, riche en émotions et brillante dans son rendu que le super groupe Yoo II nous a présenté les pièces de son album. Un évènement exceptionnel et sans doute unique qui a su ravir par son originalité autant dans la configuration scénique que dans un répertoire frais et intelligent livré de mains de maître. La qualité des formations Yoo Doo Right et de Population II montre toute la puissance musicale de notre scène québécoise et Nolan Potter a su être l’élément catalyseur de ce succès!

 

Photos en vrac