crédit photo: Jessica Rousselle
Wouf Wouf

Wouf Wouf propose un rock parental à saveur corporative

Wouf Wouf, trio de rock parental « pan-provincial », sort un premier album ce vendredi 15 octobre. La formation y aborde l’idée du « travail de neuf à cinq » de manière humoristique et en souligne l’absurdité. Décrit par le groupe comme faisant office d’une PCU musicale, « Dangereuse vie » est chapeautée par l’idée du corporatisme et fait écho aux réflexions de ses membres quant à leur place dans une société capitaliste en tant que musicien.

Rencontré lors d’une entrevue zoom, le groupe était réuni dans la maison du chanteur-guitariste-bassiste du groupe, Alexis Dionne, à Iberville, tout près d’Alma. C’est là que celui-ci travaille dans le but d’ouvrir une école de musique. Guillaume Mansour, également multiinstrumentiste — il joue de la guitare, de la basse, du synthétiseur et chante pour la formation — travaille dans « une job plate, neuf à cinq ». De son côté, Charles Smith, qui oeuvre à la batterie étudie à Rimouski pour devenir marin.

Malgré ces occupations à temps plein, ils enjoignent ceux qui les écoutent à « lâcher leur job » pour retrouver le goût de vivre.

Aux yeux d’Alexis, « on vit dans un monde considérablement absurde », il est donc évident que les compositions de Guillaume et lui-même « parlent un peu de ces absurdités-là. Ce sont aussi un peu des lettres d’amour à ces absurdités-là ».

Considérant les anciens employeurs « qui pouvait être tortionnaires » de Guillaume, les études en mathématiques d’Alexis et l’avenir de marin de Charles, le groupe est très rapidement devenu corporatif dans ses thèmes. « On avait un pied dans la musique et on avait des considérations très pures au niveau de c’est quoi la musique, c’est quoi être un artiste. Puis, on était aussi déchiré dû au fait qu’on a des loyers à payer et qu’on a une vie à vivre », raconte le Montréalais.

Pour rester honnête face à eux même, le groupe s’est donc lancé dans ces thématiques de plein fouet, tentant de rester le plus loin possible de l’abstraction. Le trio explique avoir voulu rester le plus concret possible, de parler leur rapport au travail qu’ils entretiennent en tant que musiciens, puisque « être artiste n’est pas nécessairement un choix de carrière si tu veux vivre avec un moindre confort. »

 

Par des musiciens, pour des musiciens

Alexis Dionne et Guillaume Mansour, les deux multi-instrumentistes, sont aussi les compositeurs principaux de la formation. Ils composent les structures de base, mais tous s’entendent pour dire qu’une « chanson va être devenue une toune de Wouf Wouf uniquement lorsque Charles sera intervenu » à la batterie.

Alexis et Guillaume ont développé une complicité manifeste au niveau de la composition et des exercices musicaux. Non seulement se poussent-t-ils constamment à s’impressionner et « monter la barre l’un de l’autre », ils se font beaucoup écho au niveau des compositions.

« D’ailleurs, il y a beaucoup de chansons sur l’album qui ont des jumelles », souligne le second. Ami et Ennemi sont des contraires, et Lundi et Dangereuse vie sont « comme des opposées, beaucoup de chansons viennent en groupe de deux. » Autant dans la musicalité que dans le thème, plusieurs des chansons se font écho.

Côté forme, ce que le trio effectue musicalement « a toujours pris en considération le live », affirme Alexis. Celui-ci aime beaucoup jouer sur les permutations d’instruments et aussi sur les moments forts ou doux. Il explique que le fait de n’être que trois les pousse à avoir une palette limitée : une batterie, une guitare, une basse et un synthétiseur.

Sur scène, les deux instrumentistes échangent leurs instruments, ne restent pas sur place. L’album, « plein d’exercices de style » et réalisé par Jean-Michel Coutu, se veut un album « pour musiciens », avoue Alexis.

Il ne faut pas trop se mentir : je pense qu’il doit y avoir un énorme pourcentage d’artistes qui font de la musique émergente au Québec dont la musique est surtout écoutée par leurs amis et d’autres musiciens.

« Là pour longtemps, mais pas souvent »

Alexis et Guillaume se sont rencontrés alors que le second assistait à un spectacle de l’ancien groupe du premier. Ils ont échangé cette soirée-là et après quelque temps, ont commencé à jouer ensemble. Ils sont ensuite allés recruter Charles Smith, qui joue également pour le groupe Tendre.

En 2019, le groupe a fait paraître un EP de sept chansons qui leur « ressemblait, mais n’était pas encore la dernière mouture Wouf Wouf » raconte le multiinstrumentiste de Montréal. « L’album [Dangereuse vie] a su cristalliser un peu qui on est », affirme-t-il.

« Le futur et le style de Wouf Wouf vont se naviguer au gré des courants. On va tous être inspirés différemment, nos courants vont un moment donné se fusionner pour donner le Gulf Stream de Wouf Wouf », raconte le futur marin, inspiré.

« Je sens que Wouf Wouf va durer longtemps, mais pas souvent », conclu-t-il.

Wouf Wouf sera en spectacle 14 octobre au Pantoum à Québec, le 15 octobre à Alma avec Sheenah Ko au Café du Clocher et le 16 octobre à l’Hémisphère Gauche à Montréal.

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