
TUTU à la Salle Albert-Rousseau | Entre éclats de rire et surdose de grivoiseries
Une boîte à musique s’ouvre doucement. Sur scène, une ballerine mécanique prend vie, s’animant au son d’une douce mélodie. Le public observe, intrigué. Puis, l’illusion se brise et le ton est donné: ce spectacle ne sera ni classique, ni attendu.
Hier soir, le 7 avril 2025, la Salle Albert-Rousseau était pleine à craquer pour accueillir TUTU, une production déjantée portée par six danseurs qui, loin de se limiter à de grandes performances techniques, proposent plutôt une suite de numéros burlesques où le corps devient un outil de dérision, de poésie et, parfois, de provocation.
Il n’y a pas d’histoire à suivre dans TUTU, seulement une enfilade de tableaux où la danse sert tantôt à faire rire, tantôt à émerveiller. Les six artistes passent d’un style à l’autre avec aisance, brisant les codes du ballet pour mieux s’en amuser. On les voit tour à tour en tutus classiques, en justaucorps fluo ou en costume de créatures improbables, toujours dans un esprit festif et coloré. La complicité entre eux est évidente, rendant chaque interaction plus naturelle et vivante.
Parmi les moments marquants de la soirée, impossible de passer sous silence leur utilisation du Boléro de Ravel. Alors que cette pièce est souvent synonyme de solennité et de crescendo dramatique, TUTU en fait plutôt un terrain de jeu où les mouvements s’amplifient progressivement d’absurdité et de comédie physique. Tout comme pour (I’ve Had) The Time of My Life, revisitée avec une énergie irrévérencieuse qui provoque éclats de rire et applaudissements.
Le burlesque est au coeur du spectacle. Chaque numéro joue avec l’exagération, le détournement des attentes et l’exploration des contrastes. Un danseur mime une diva du ballet avec une grâce caricaturale, un autre pastiche la danse contemporaine avec des expressions faciales théâtrales. Rien n’est sacré, tout est prétexte à s’amuser.
Mais si l’humour est une force du spectacle, il devient aussi sa principale faiblesse. TUTU mise beaucoup – beaucoup trop – sur l’humour grivois. Un moment salace, c’est drôle. Deux, ça passe. Mais qu’un danseur regarde sous le tutu d’un autre, qu’un autre lui renifle les fesses, qu’ils enchainent les malaises à connotations sexuels, ça commence à faire beaucoup. Ce genre de blagues reviennent si souvent qu’ils finissent par lasser, donnant parfois l’impression d’une facilité scénaristique qui prend le dessus sur l’intelligence du comique. Le public a ri, certes, mais à force d’accumulation, ces clins d’oeil graveleux ont alourdi un spectacle qui n’en avait pas besoin pour être efficace.
Malgré cela, TUTU a su séduire la foule, qui a chaleureusement applaudi les artistes tout au long de la soirée. Il faut dire que le spectacle est porté par une énergie communicative et un plaisir évident de jouer avec les conventions. Ceux qui cherchent un ballet traditionnel seront certainement déstabilisés, mais ceux qui aiment la dérision et l’imprévisible y trouveront leur compte, à condition d’être tolérants envers un humour parfois trop appuyé.
Photos en vrac :
- Artiste(s)
- Tutu (Chicos Mambo)
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Salle Albert-Rousseau
- Catégorie(s)
- Burlesque, Danse,
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