Thus:Owls

Thus Owls à la Chapelle Scènes Contemporaines | Thus Owls + 3 saxophones = trois fois plus de plaisirs

C’est sous une installation participative que Thus Owls nous présente leur dernier album Who Would Hold You If The Sky Betrayed Us? joint par un trio de saxophones qui emmène les expérimentations du groupe encore plus loin que d’habitude en mélangeant leur rock au jazz.

Thus Owls est une formation que l’on pourrait qualifier de post rock (amateurs d’étiquettes, n’hésitez pas à en rajouter, leur musique est loin d’être unidimensionnelle). Le noyau principal du groupe est le couple Erika Angell au chant et aux claviers que l’on peut entendre sur le projet Lucioles de Guillaume Martineau, avec Patrick Watson, entre autres, et le guitariste Simon Angell, ancien membre du groupe Patrick Watson, Julien Sagot… S’ajoute à la batterie Samuel Joly (Fred Fortin, Klaus, Rémi-Jean Leblanc).

Le dernier album de la formation, Who Would Hold You If The Sky Betrayed Us? sorti début 2022 est composé et joué avec l’apport d’un trio de saxophonistes jazz que l’on retrouve également sur scène ce soir : aux saxophones ténor, on retrouve Claire Devlin (qui vient de sortir un fort intéressant album d’improvisations en duo avec la batteuse Valérie Lacombe : Bird Call – allez voir sur bandcamp ) et Adam Kinner (nombreuses collaborations musicales pour la danse et l’art visuel) ainsi que Jason Sharp à l’imposant saxophone basse (différents projets en solo, FYEAR ) On n’oubliera pas aussi de citer la collaboration de l’artiste visuelle Caroline Robert sur le show.

Ce soir, la scène est surplombée d’un pied central, descendu du plafond, d’où partent de nombreux fils de laine. En arrivant, les spectateurs sont invités par Erika à écrire leur tout premier souvenir sur un carton et à le suspendre aux fils au dessus de la scène. Nous nous retrouvons donc tous sur scène dans un joyeux désordre, à naviguer prudemment, entre les instruments et les amplis, pour y suspendre notre souvenir.

Lorsque l’on a tous regagné nos places, le concert débute à l’avant scène par une improvisation acoustique des trois saxophonistes, assez free dans le genre, ce qui n’est pas pour me déplaire. S’ensuit une courte vidéo qui nous expose un écran blanc de projection où défilent des diapos vraisemblablement de lointaines vacances, si l’on en croit les commentaires hors champs.

Sous les nappes de guitares de Simon, Erika nous lit quelques premiers souvenirs choisis et commence alors pleinement le show avec la pièce Bleeding. La voix ensorcelante, la guitare surprenante, la batterie inventive, on est déjà envoûté. Mais lorsque l’harmonie des saxophones embarque sur le morceau, c’est exaltant! Là où certain se serait contenté d’orchestration jazzy, l’ensemble démontre le travail de composition et d’arrangement qui font que les morceaux de cet album vivent avec les saxophones. S’ensuit Above The Sun dans la même lancée de plaisirs.

Erika présente ensuite le concept de l’album qui est une interrogation de ce que c’est que d’être ou d’appartenir à un groupe ou un endroit. Elle évoque son expérience d’intégration à Montréal depuis sa Suède natale et le long processus d’intégration qui ne finit jamais complètement. Les nombreux immigrants néo-canadiens se retrouveront dans ce vaste sujet, ce qui déplaira sans doute à certains de nos politiciens à la vision réduite et la campagne démagogique.

Quitte à être percutant, le show reprend avec un solo impressionnant de Jason Sharp avec une belle démonstration musicale de respiration circulaire, la technique au service de la musicalité. Par contre, les basses reprises tout en puissance par la sonorisation heurteront quelques tympans non protégés – oui, les bouchons d’oreilles, devenu meilleurs amis des amateurs de concerts… Le concert continue avec deux autres pièces de l’album ainsi que Vessel tiré de The Mountain That We Live Upon (2018).

 

Après un entracte, la deuxième partie commence en douceur, avec chaques musiciens lisant doucement un livre depuis les gradins avant de se diriger vers la scène. Une belle façon de nous remettre dans l’ambiance du concert. Who Would Hold You?, Peregrine et Heather enchainent, on y notera un solo inspiré de Claire Devlin et la guitare double manche de Simone Angell qui n’est pas sans nous rappeler le guitariste de Led Zeppelin, même si le répertoire de ce soir est bien différent.

C’est au tour de l’expansif Sam Joly de briller avec un solo brillant et inventif, sans poncifs ni clichés, agrémenté d’effets sonores qui nous amène à la pièce Black Matter, tiré du EP du même nom de 2015. C’est plaisant un batteur qui nous surprend toujours! Après une période de Questions / Réponses, la deuxième partie se termine avec Bouncy Castle. Le rappel est Devils In The Dark, un classique du groupe, dont l’ambiance monte tranquillement en puissance pour finir par une improvisation collective dirigée par Erika.

Je ne mentirai pas, Thus Owls est le groupe que j’ai vu le plus souvent sur scène au cours de ses dernières années. Toujours inventifs, avec régulièrement des formations différentes (le plus souvent en trio avec Sam à la batterie, juste en couple, avec deux batteries ou deux bassistes ou pas de bassiste) Ce soir, l’apport du trio de saxophones apportent un indéniable bénéfice au groupe et on perçoit très bien que le travail du dernier album est collectif et le résultat s’en trouve bonifié dans sa coh.sion. C’est toujours un bonheur renouvelé d’écouter ce groupe sur scène, j’ai hâte à ma prochaine fois…

 

Grille de titre

Première partie

  1. Improvisation acoustique du trio de saxophones
  2. Bleeding
  3. Above The Sun
  4. Improvisation de Jason Sharp
  5. Balconies
  6. Vessel
  7. I Forget What I Remembered

Seconde partie

  1. Who Would Hold You?
  2. Peregrine
  3. Heather
  4. Black Matter
  5. Bouncy Castle

Rappel

  1. Devils In The Dark

Vos commentaires