Stevie Wonder

Stevie Wonder au Centre Bell | Un marathon musical de 4 heures

Qui d’autre que Stevie Wonder pourrait transformer un album double de 88 minutes en marathon musical de près de 4 heures.


Quatre heures ?  Oui, quatre heures.

Il devait y avoir des temps morts ?

Pas nécessairement des « temps morts ». Mais disons que la troupe a parfois étiré la sauce, dans la grande tradition du Great American Zigonnage. C’est que Stevie Wonder, grand gamin et musicien extraordinaire, est bien entouré de musiciens de haut calibre. Et il les aime, les chérit. Au point de leur confier chacun un solo substantiel.

Or, ils sont 22 musiciens, dont 6 choristes, alors ça fait beaucoup de solos, notamment plusieurs hautes voltiges vocales qui finissent par amuser davantage les gens sur scène que ceux dans la salle. Quand la technique des musiciens prend le dessus sur les chansons pendant 20-25 minutes, ça décroche forcément dans la foule.

 

Un album marquant

Mais bien que la prestation ait été un peu trop longue, force est d’admettre qu’il y avait du génie là-dedans.

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La pochette de Songs in the Key Of Life (1976)

C’est bien normal : dans le cadre de cette nouvelle branche de la tournée Songs in the Key of Life Performance qui se mettait en branle à Montréal hier soir, la légende Motown et ses musiciens interprétaient – bien évidemment – l’album du même nom en intégral.

Ce double-disque mythique regorge de moments brillantissimes, de grooves mythiques, de mélodies hors du commun, d’arrangements luxuriants. Des chansons marquantes, qui s’enchaînent plus souvent qu’autrement prodigieusement pour construire des moments transcendants.

« J’ai décidé de continuer cette tournée Songs in the Key of Life Performance, parce que 40 ans plus tard, plus que jamais, je sens que l’amour est en besoin d’amour. »

Sur ces mots lourds de sens, il s’assied et lance la grande fête vers 20h15 avec Love’s In Need Of Love Today.  Les musiciens sont soudés, sous la direction attentive de Nathan Watts. Rendu à Village Ghetto Land, c’est maintenant l’ensemble à cordes de 10 musiciens qui se fait entendre.

 

Des élans brillants, des bris de momentum

Le moment fort de la soirée (et de l’album) survient ensuite après l’instrumentale Contusion : les deux singles Sir Duke et I Wish s’imbriquent et soulèvent la foule d’un vent d’enthousiasme presque palpable. L’excitation est à son comble.

Après la jolie Knocks Me Off My Feet, le momentum se brise pour une première fois, alors que le pianiste s’amuse ferme à faire chanter ses choristes comme des pinsons sur des petits airs improvisés, un petit jeu qui s’étire inutilement.

Heureusement, une interprétation sentie et dramatique à souhait suivait pour Pastime Paradise, où Stevie Wonder n’est accompagné que par les fameux élans de cordes.

Acte 2

Au retour de l’entracte, on se lance dans le deuxième volet, un peu moins spectaculaire que le premier, à l’exception notable de sa toute première chanson, Isn’t She Lovely. Sans doute la plus connue et la plus attendue de la soirée.

Le « disque 2 » ne manque pas de bons moments pour autant :

  • le duo d’harmonicas avec accompagnement de saxophone sur l’instrumentale à saveur « late night jazz », Easy Goin’ Evening
  • le jeu inspiré de Wonder à la harpejji, un intrigant instrument au carrefour entre le piano et la guitare, inventé tout récemment (vers 2007) par la compagnie Marcodi, ce qui prouve que le musicien a toujours la curiosité d’apprendre de nouveaux instruments. Dans les circonstances, sa maîtrise de l’instrument est épatante : ses doigts s’y promène joyeusement, laissant couler une cavalcade de notes harmonieuses. Il en profite d’ailleurs pour jouer Michelle des Beatles ainsi que Tequila, parce que… pourquoi pas!
  • l’interprétation d’If It’s Magic avec la trame de harpe originale sur bande enregistrée, en l’honneur de la regrettée Dorothy Ashby, qui signait les arrangements de cette chanson sur l’album. Sublime.

Les extraits As et Another Star viennent clore la performance de l’album, après plus de trois heures de prestation.

« Êtes-vous prêts à rentrer à la maison? », s’écrie Stevie Wonder aux 10 000 spectateurs qui ont désormais accepté de rentrer plus tard que prévu. Non monsieur, on en prendrait un peu plus svp.

C’est alors que le musicien s’est « métamorphosé » en « DJ Chick Chick Boom », un moment un peu bizarre où il s’est mis à scratcher quelques extraits de son greatest hits sur un petit bidule électronique, avant d’en venir au point et d’interpréter Higher Ground, Don’t You Worry ‘Bout A Thing et Superstition, coup sur coup.

Il est passé minuit, et bien qu’on puisse énumérer tous les hits qui auraient pu suivre, il était temps de rentrer à la maison sur cette autre citation d’une grande générosité d’esprit :

If your heart is big enough, love somebody.
If your heart is really really big enough, love everybody.

Grille de chansons

  1. Love’s In Need of Love Today
  2. Have a Talk With God
  3. Village Ghetto Land
  4. Contusion
  5. Sir Duke
  6. I Wish
  7. Knocks Me Off My Feet
  8. Pastime Paradise
  9. Summer Soft
  10. Ordinary Pain
  11. Saturn
  12. Ebony Eyes* ENTRACTE *
  13. Isn’t She Lovely
  14. Joy Inside My Tears
  15. Black Man
  16. All Day Sucker
  17. Easy Goin’ Evening (My Mama’s Call)
  18. Ngiculela – Es Una Historia
  19. If It’s Magic
  20. As
  21. Another Star

RAPPEL

Higher Ground
Don’t You Worry ‘Bout A Thing
Superstition

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