Klô Pelgag

Spectacle spectral Notre-Dame-des-Sept-Douleurs | La furieuse urgence de vivre de Klô Pelgag

Après 13 mois de pandémie, des centaines de spectacles virtuels ont eu lieu, et plusieurs restent encore sur l’impression que c’est ennuyant à visionner. Que c’est pas « comme la vraie affaire ». Ça c’est vrai. Mais ça peut être une AUTRE patente complètement, une œuvre qui ne pourrait pas exister autrement, bien que peu d’artistes se soient donné la peine de pousser l’audace d’aller plus loin qu’une simple captation frontale d’une prestation sans public. Heureusement, il y a Klô Pelgag. Son « spectacle spectral », qui sera diffusé ce soir par ici, en est un exemple probant : les shows virtuels peuvent être transcendants.

Le concert virtuel, sur lequel Klô Pelgag travaille depuis des mois avec le réalisateur Laurence Baz Morais, prend la forme d’un film-spectacle intitulé Vivre.

On nous transporte dans la salle d’attente d’un bureau morne, où Emmanuel Schwartz fait office de réceptionniste. Quelques personnes ternes viendront lui porter un formulaire, avant de se rendre dans une autre pièce et d’en ressortir avec un genre de combinaison jaune de protection chimique, et d’accéder, par le biais d’un trou dans le mur, à un univers éclaté où Klô Pelgag et sa quinzaine de musiciens, un collectif nommé « Les grands-mères à broil », se produisent.

Les musiciens sont vêtus de combinaisons couleur peau avec des pilosités ostentatoires. Klô, elle, est en mode « Diane Dufresne live au Parc Safari » avec un costume rembourré gris, duquel dépasse des otaries de ses épaules. Sa chevelure teinte verte arbore une tresse qui lui traverse le front, et son visage est décoré de maquillages enfantins.

Le décor impressionniste ressemble à un mélange de Soul Train et de certaines scènes de la Montagne sacrée de Jodorovsky.La disposition circulaire permet d’être créatif dans les prises de vue, ce que la réalisation embrasse tout au long de l’heure et demie.

Bienvenue au spectacle spectral!  La quinzaine de spectateurs en combinaisons jaunes s’asseoit parterre et profite du spectacle, à commencer par de superbes interprétations de La maison jaune et À l’ombre des cyprès.

Et ce sera tout un voyage, avec des moments suprenenants, des caméos, du poulet frit, une chanson entière sous une pluie battante, une autre sous un parachute multicolore, et un gigantesque smash the cake pour adulte. Et une finale de pétage de coche qui satisfera les détracteurs de Phoebe Bridgers.

Bref, une célébration de l’extravagance en règle!

* Photo par William Arcand.

 

Œuvre d’art totale

« Tout le monde impliqué a élevé le projet d’un cran, à chacun des niveaux : la musique, la direction artistique, la coloration… », exprimait Baz, lors d’un court énoncé juste avant la projection privée à laquelle nous avons eu le bonheur d’assister hier soir, dans un cinéma de Montréal.

Il dit vrai. On pourrait dire que rien n’a été laissé au hasard, mais en fait, oui : beaucoup a été laissé au hasard, à la spontanéité, au naturel. Et c’est la beauté de la chose.

Disons plutôt que tout a été travaillé, et préparé, et réfléchi avec soin en amont pour que les pupilles et l’ouïe soient séduites et stimulées au maximum. C’est une expression très dense et chargée de l’envie de vivre à fond ce que Klô Pelgag n’aura pas pu vivre, c’est-à-dire un spectacle contenant les chansons du chef-d’œuvre paru à l’été dernier, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dans toute leur splendeur, et avec toutes les ressources qu’elle souhaitait y accorder.

Certaines pièces du précédent album, L’étoile thoracique, y sont aussi présentées, dont Samedi soir à la violence, l’une des plus réussies du catalogue de Klô Pelgag.

* Photo par William Arcand.

 

Le Spectacle Spectral Vivre sera webdiffusé ce vendredi 23 avril à 20h00. Tous les détenteurs de billets auront accès à la prestation pour une durée de 24 heures. Par ici pour se procurer un billet.

Est-ce que le spectacle va ensuite complètement disparaître à tout jamais? Ou sera-t-il un jour projeté au cinéma, voire au ciné-parc (quel trip ce serait!) ou dans un endroit inusité?

On verra bien…

Mais avec toute la créativité et les moyens mis à la disposition de ce moment d’euphorie vidéo, il y a fort à parier que ça traversera le temps et que ce sera, un jour, considéré comme une pépite de l’histoire de la chanson pop du Québec.

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