Santana

Santana amène le printemps au Centre Bell

Le roi du latino rock, Carlos Santana, a fait oublier la neige pendant deux heures, alors que le Divination Tour faisait danser un Centre Bell proche d’être complet. Retour sur la performance d’une légende de la guitare, accompagné d’une troupe vêtue de blanc envoyant dans toutes les couleurs.


Alors déjà que c’est un labyrinthe pour rentrer dans la salle avec la nouvelle tour de cocaïne des Canadiens, le temps de se faire renvoyer à l’entrée médias, puis finalement à l’entrée principale, et renvoyé au vestiaire car un sac à dos avec un vieux tupperware vide et un chandail contient sûrement une bombe, puis renvoyé dans le stationnement sous-terrain pour trouver un ATM pour payer ledit vestiaire, passer le portique de sécurité électronique en vidant ses poches, nous manquons les deux premières chansons. Merci encore aux terroristes de ce monde de transformer les lieux publics en forteresses impénétrables. Carlos, téléporte-moi dans les années 60. L’amour vaincra.

Alors on pouvait se demander si Santana intéressait encore du monde en 2018 un mercredi soir ? Eh bien à en juger un Centre Bell presque complet qui ovationne chaque solo, le guitariste mexicain déplace toujours les foules. Et c’est vrai que sur scène, ça groove à mort.

Et honnêtement, il n’y a aucun musicien qui soit ennuyant à regarder ou écouter. Notamment la Black Magic Woman derrière la batterie, la formidable Cindy Blackman (ex-Lenny Kravitz), synchronisée avec les deux percussionnistes non moins remarquables qui l’accompagne, un trio qui tape en chœur et en puissance. Côté claviers ça va aussi à toute vitesse avec un bon son 70s. Tommy Anthony accompagne brillamment à la deuxième guitare et au chant, avec un bon solo de wah dès le début du concert. Andy Vargas et Ray Greene mènent le chant principal en harmonie et avec une belle énergie, n’hésitant pas à traverser la grande scène pour aller chercher chaque spectateur.

Tout le monde debout !

C’est le vieux classique Oye Como Va qui fera enfin lever le parterre, parce qu’on va se le dire c’est quand même triste de voir 9500 personnes assises et bien rangées alors que ça groove, danse et jam aussi bien sur la scène. C’est aussi là qu’on réalise la froideur de ce genre de salles quand on vient à de la musique aussi chaleureuse.

Carlos est enchanté par l’accueil du public montréalais qui l’ovationne, la Positive divine fury selon ses mots : «  This is how it’s supposed to be, you are awesome !« .  Il suggère même de ramener les Américains ici pour leur montrer comment il faut faire la fête.

L’homme de 70 ans est impressionnant de feeling et de nuances, comme si on sentait chaque note claquer sous son médiator,  alors que le son de guitare est excellent : vraiment fort, chaleureux, saturé mais pas trop. Meilleur et plus puissant que certains groupes de hard rock ayant joué sur cette même scène. Santana fait briller sa magie: celle d’un guitar-hero de rock qui s’est égaré dans un groupe de musique du monde pour en faire un mélange électrique explosif et coloré unique.

Il nous raconte alors l’histoire d’un gars nommé Swamp Dogg qu’il a rencontré en 1963, qui fumait beaucoup et qui avait écrit cette chanson : Total Destruction To Your Mind. Groove de fou encore, avec un côté plus rock, où il place habilement le riff de Satisfaction, puis Day Tripper, ovationné par un Centre Bell bien réchauffé qui enlèverait bien les sièges pour danser.

La chanson Mona Lisa est introduite par un bon jam des deux guitares, alors que ce sera l’heure de faire chanter le public. Une guitare acoustique est sortie pour la touche flamenco alors que le classique Maria Maria voit encore la salle entière se lever jusque dans les gradins avec ce fameux lick de guitar. Il est maintenant temps de « Go freaking banana, it’s good for you » nous demande Santana avant Foo Foo, nous expliquant que tu peux être végane et tout mais tant que tu te lâches pas « Crazy banana Santana » ça vaut pas le coup. Marrant le Carlos, il réclame même du pop-corn d’un fan au premier rang pendant une chanson, restant bloqué sur une note qui feedback en attendant qu’on lui donne du pop-corn.

Les lumières s’éteignent et c’est l’heure du solo de Cindy Blackman, la charmante batteuse que Santana a épousé, ovationnée après un martelage de fûts vraiment intense. Et le groupe d’enchaîner avec le tube planétaire Smooth qui fait lever tout le monde, et encore quelques notes de guitare bien senties où Carlos tient quelques milliers de personnes au bout de ses doigts, d’une mélodie. Génial.

Le groupe nous laisse en énergie positive avec Love Peace and Happiness, un concept abstrait et inconnu de la sécurité du Centre Bell, et des nombreux policiers de la STM qui nous attendent sur le quai du métro.

Grand merci Carlos et tes superbes musiciens, chapeau bas à une légende vivante qui prône et joue aussi de la vraie musique, vivante et chaleureuse.

On reprend ça ce soir au Centre Vidéotron !

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