Danse Danse

Saison 2020-2021 de Danse Danse à la Place des Arts | Le retour attendu du chorégraphe Édouard Lock

La compagnie allemande de Pina Bausch, celle du Québécois Sylvain Émard, le chorégraphe français Hervé Koubi, le Norvégien Alan Lucien Oyen, une première visite du English National Ballet avec l’imposant chorégraphe Akram Khan, le retour intrigant du chorégraphe québécois Édouard Lock avec la Sào Paulo Companhia de dança du Brésil, font tous partie de la saison prochaine de la série Danse Danse qui année après année nous offre à la Place des Arts l’excellence de la danse contemporaine mondiale.

« La danse fait parler le corps humain. Elle le contraint, le transforme, le libère. Par ses divers langages, elle communique avec chacun de nous et nous murmure ses secrets. Elle fait du bien. », écrivent conjointement dans la brochure de saison les deux directeurs artistiques de Danse Danse, Pierre Des Marais et Caroline Ohrt que l’art chorégraphique continue de fasciner complètement.

Une saison équilibrée

« Notre priorité, disait Pierre Des Marais après sa présentation, est de faire voyager le public à travers notre saison, de créer un parcours avec des compagnies de danse qui peuvent être à l’opposé l’une de l’autre, mais qui se parlent et nous parlent. » Ce à quoi la codirectrice ajoute : « Notre objectif est d’atteindre un équilibre dans une même saison. La danse contemporaine est multiple, avec plusieurs langues et cultures empruntant diverses voies chorégraphiques pour aller chercher les émotions du public. »

L’aura chorégraphique de Pina Bausch

Un peu comme à l’opéra, il faut bien du temps d’avance et beaucoup d’acharnement pour arriver à signer des grandes compagnies comme le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Après Vollmond en 2014, cette compagnie allemande qui a fait école viendra présenter en début de saison prochaine Nelken. Créée d’aussi loin qu’en 1982, la pièce donne à voir ses danseurs évoluer dans un immense champ de 8 000 œillets, avec une virtuosité qui vient titiller le langage classique.

De Tel Aviv à Montréal

*Photo par Stefan Dotter.

Suivra en novembre une compagnie de Tel Aviv, L-E-V, menée par l’impétueuse chorégraphe Sharon Eyal qui « transfigure les tourments de l’amour par sa danse furieusement sensuelle ». Dans Chapter 3 : The Brutal Journey of the Heart, les neuf danseurs affichent à outrance leurs tatouages en portant des costumes peints par une artiste de chez Dior. Le programme parle d’ « Une danse pulsée, riche de tourbillons de corps explosifs, de mouvements de voguing, et de citations de ballet ».

*Photo par LePetitRusse.

 

Sylvain Émard Danse présentera juste après Rhapsodie, une célébration des 30 ans de sa compagnie avec une volumineuse distribution de 20 interprètes. Pendant 10 ans, il a fait voyager son Grand Continental partout dans le monde et dirigé des meutes de danseurs tous azimuts. L’exploration en danse des tourments de l’âme humaine se traduira cette fois par « l’abandon subversif des corps », alors que le public sera installé tout autour de la scène à la Cinquième Salle.

L’énergie du hip-hop en danse

*Photo par Nathalie Sternalski.

 

Début décembre, pour sa première visite à Montréal, la compagnie française Hervé Koubi exposera les riches facettes de la culture méditerranéenne avec Odyssey. Rassemblant 14 danseurs et deux musiciens live, l’œuvre sera portée par la voix ensorcelante de la chanteuse belge d’origine égyptienne et anglaise, Natacha Atlas, qui occidentalise la musique arabe jusqu’à la rendre avec l’énergie du hip-hop, dans une traversée poétique et onirique en danse.

La nouvelle vague scandinave

L’année 2021 commencera avec le jeune chorégraphe norvégien Alan Lucien Oyen, une figure de proue de la nouvelle génération d’artistes scandinaves. Avec sa compagnie winter guests, il entraîne ses sept danseurs dans une exploration de l’interdépendance entre l’amour et le mensonge, avec une grande fascination pour le désir.

S’exécutant aussi bien en théâtre et en opéra, son travail en danse s’opère avec une approche théâtrale du mouvement dansé, ce qui donne une danse très physique, comme encore dans cette nouvelle chorégraphie intitulée Story, story, die.

*Photo par Ernest von Rosen.

 

De Vancouver suivra Epilogos de l’aventureux chorégraphe canadien Shay Kuebler et sa compagnie Radical System Art qui porte bien son nom. Se nourrissant à même le théâtre, les arts martiaux, la trame urbaine, la vidéo et le son en direct, il a mis au point un ingénieux dispositif de senseurs biomécaniques influant directement sur l’environnement scénique et les moindres mouvements de ses danseurs. On nous promet là aussi une danse extrêmement physique.

Une Giselle historique

Coup de tonnerre en mars 2021 avec la première visite à Montréal du célèbre English National Ballet de Londres et sa superproduction Giselle, chorégraphiée par un autre gros nom de la danse, Akram Khan. Porté par la puissance de 44 danseurs, le déploiement des musiciens de l’Orchestre Métropolitain, et une imposante scénographie, son personnage de Giselle est devenu une héroïne des temps modernes avec ses migrants, ses travailleurs au noir autant que ses riches propriétaires.

*Photo par Laurent Kiotardo.

 

Un coup de maître pour Danse Danse que Pierre Des Marais décrivait comme leur projet le plus ambitieux à ce jour. « C’est un fantasme qui se réalise. J’essayais d’amener ici cette énorme production depuis sa création en 2016. De plus, ce sera notre première collaboration avec l’OM. Nous serons exceptionnellement à la salle Wilfrid-Pelletier. J’en suis convaincu, c’est un spectacle qui passera à l’histoire. »

Figure montante

La compagnie montréalaise Skeels Danse présentera Past Rooms juste après, mais à la Cinquième Salle. Figure montante du milieu de la danse, le chorégraphe Andrew Skeels, qui est aussi danseur, a reçu le Grand Prix de la Critique à Paris en 2018. Son nouvel opus, où il s’aventure dans la forme danse-théâtre, est le fruit d’une collaboration narrative avec le dramaturge torontois David di Giovanni. Il y sera question des amours interdites et du poids des convenances sociales, transfigurés par sept danseurs, également à la Cinquième Salle.

Et Édouard Lock dans tout ça?

Il faudra se montrer patients, car sa chorégraphie de Trick Cell Play ne sera à l’affiche de Danse Danse que dans plus d’un an, soit en avril 2021 au Théâtre Maisonneuve. « Un somptueux ballet noir », dit le programme, en même temps qu’« une exploration quasi-cinématographique du clair-obscur des corps des danseurs. »

*Photo par Wilian Aguiar.

 

L’œuvre de Lock fera partie d’un programme triple de la Sào Paulo Companhia de Dança comprenant une adaptation de L’Oiseau de feu de Stravinski par le chorégraphe allemand Marco Goeke, ainsi que la pièce Agora par la jeune chorégraphe brésilienne Cassi Abranches qui porte sur le concept du temps dans la culture latino-américaine.

On avait peu d’échos du chorégraphe, qui a mis au monde et fait danser pendant 18 ans la fabuleuse Louise Lecavalier, depuis la dissolution de sa célèbre compagnie La La La Human Steps en 2015. Mais, dans les faits, Édouard Lock travaille régulièrement en tant que chorégraphe invité par les plus prestigieuses compagnies internationales.

« Je n’ai pas arrêté, affirme-t-il. Une création en Suède, une à l’Opéra de Paris, deux pour le Royal Ballet de Flandres, un court métrage qui devait être présenté au FIFA, je suis resté très actif. Je travaille aussi en ce moment sur un écrit, orienté vers le film. Ma prochaine création sera à Montpellier avec le Ballet du Rhin en avril 21, en même temps qu’ici, ce qui fait que je vais devoir retarder les répétitions.

S’immiscer dans les réseaux sociaux

« Il faudrait que j’apprenne à m’immiscer dans les réseaux sociaux pour qu’on parle de moi. Je n’ai aucune idée de comment fonctionnent Facebook, Twitter, Instagram, et je n’ai pas de site Web non plus », dit un peu à la gêne le chorégraphe d’origine marocaine qui vient d’avoir 66 ans.

Il continue en précisant : « Trick Cell Play a été créée à Sào Paulo cette année, puis présentée en Allemagne. J’apprécie beaucoup cette compagnie brésilienne. Elle est jeune, fougueuse, elle a une bonne base technique qui lui permet de prendre des risques et d’explorer de nouvelles façons de s’exprimer par la danse. »

La danse, c’est la vie? « La danse, c’est la vie. Ou la vie, c’est la danse », conclut, avec un sourire au coin de l’œil, Édouard Lock.

Événements à venir

Vos commentaires