Saison 2017-2018 des Grands Ballets | Nouveau directeur, nouveau départ
C’est devant un parterre rempli d’irréductibles au Théâtre Maisonneuve que le nouveau directeur artistique des Grands Ballets, Ivan Cavallari, a fait l’annonce la semaine dernière de la programmation 2017-2018 de l’institution fondée par Ludmilla Chiriaeff en 1957, celle-là même qu’on appelle la mère de la danse classique au Québec. Placée sous le leitmotiv nouveau départ, la saison prochaine des GB se veut spirituelle et rassembleuse. « C’est mon premier enfant », dira le directeur avec dans la voix un sourire chaleureux.
La toujours prestigieuse compagnie montréalaise quittera ses locaux vétustes de la rue Rivard pour emménager en juin dans le nouveau temple de l’Espace danse de l’édifice Wilder, en plein cœur du Quartier des spectacles, où elle aura sa base permanente. Mais les spectacles des Grands Ballets, et de ses compagnies invitées, continueront comme maintenant d’être présentés à la Place des Arts voisine.
La saison, qui fera la part belle aux jeunes chorégraphes autant qu’à des créations provenant du monde entier, commence en octobre avec un programme double qui plaira à tous. Le Stabat Mater de Pergolèse par le chorégraphe roumain montant Edward Clugg se verra ainsi jumelé à la Symphonie no 7 de Beethoven telle que chorégraphiée par le regretté artiste allemand Uwe Scholz.
Suivra en décembre l’indélogeable Casse-Noisette pour une 55e année, puis dès février 2018, une curiosité, soit deux Requiem. L’enfant terrible de la chorégraphie en Russie, Boris Eifman, signera avec le Eifman Ballet de Saint-Pétersbourg en premier celui de Dmitri Chostakovitch, puis mieux connu, le chef-d’œuvre inachevé de Mozart en seconde partie. Un « souffle de l’éternité », nous promet-on, avec voix solo et chœur de l’Orchestre des Grands Ballets.
Un autre doublé est annoncé pour mars 2018, et pas le moindre, puisque le jeune chorégraphe français Étienne Béchard, issu du prestigieux Béjart Ballet Lausane, se mesurera à la modernité du très sacré Sacre du printemps, alors que l’Américaine Bridget Breiner allumera L’oiseau de feu du même compositeur, Igor Stravinski, qui se verra traité comme une ode à l’espoir.
Le Ballet national d’Ukraine arrive en mai 2018 avec un classique parmi les classiques, Cendrillon, sur la musique de Sergueï Prokofiev. L’œuvre emblématique en trois actes, tirée du fameux conte de Charles Perrault, et créée à Kiev en 1897, sera chorégraphiée ici par Victor Lytvynov, avec de brillants solistes et un imposant corps de ballet.
Une curiosité en mai aussi, cette Vendetta sur des musiques variées, chorégraphiée par la Belgo-colombienne Annabelle Lopez Ochoa dont le travail navigue constamment entre la danse, le théâtre, l’opéra et la comédie musicale. Elle qui a dansé pendant 12 ans, dirigera cette production spécialement créée pour les danseurs des Grands Ballets, une œuvre narrative qui s’inspire du milieu tout-puissant de la mafia. En explorant ainsi la psyché humaine et ses pulsions violentes, la chorégraphe ose parler de passion, de luxure, de colère, de cupidité, de jalousie, de frustration du pouvoir. Et on nous promet, pour ponctuer cette soirée intrigante, des apparitions surprises et de réels coups de théâtre.
Enfin, c’est la Soirée des étoiles qui clôturera la saison en juin 2018 avec Dance Me To the End of Love, en hommage à l’icône qu’est devenu Léonard Cohen.
Des danseurs étoiles venus des plus prestigieuses compagnies du monde se mêleront aux danseurs des Grands Ballets et à une soixantaine de voix des Petits Chanteurs du Mont-Royal, pour célébrer en danse la poésie des textes et des musiques de Cohen sur le thème de l’amour.
Avenir radieux
Après avoir fait monter sur scène et se présenter un à un les quelque 40 danseurs des Grands Ballets, en provenance autant de République tchèque, de Pologne, de Chine, du Japon, de France, d’Espagne, de Belgique, que d’Australie, le nouveau directeur s’est montré rassuré. Du talent, il y en a, et voilà que s’ajoutent les infrastructures appropriées avec l’Espace danse du Wilder qui mettra à la disposition de la compagnie sept studios professionnels, un grand studio de création, un atrium où peuvent se rassembler jusqu’à 300 curieux de la danse, un café et un restaurant.
« La première fois qu’on s’est vu, on s’est aimé tout de suite », déclarait par après en entrevue l’ex-première danseuse des GB, Anik Bissonnette, à propos de l’arrivée d’Ivan Cavallari à la direction artistique de la compagnie. Depuis bientôt sept ans, c’est elle qui dirige l’École supérieure de ballet du Québec, rattachée aux GB. Même qu’entre la compagnie et l’école, une nouvelle synergie se profile, qui se traduira par des relations plus rapprochés entre le travail des danseurs et l’apprentissage des élèves. « C’est formidable ! Pour moi, c’est effectivement un nouveau départ », disait encore, radieuse, Anik Bissonnette.
De son côté, Ivan Cavallari mise sur ses nouveaux locaux pour rajeunir son public tout en gardant le public actuel. « Avec le déménagement, tous pourront venir découvrir notre travail en cours, assister aux répétitions de ce qui s’en vient pour la saison suivante, parler aux chorégraphes pour mieux comprendre ce que ça veut dire devenir un danseur professionnel », ajoutait le directeur en entrevue, poursuivant en déclarant : « On veut une école qui est capable de nourrir la compagnie, c’est très important, ne serait-ce que pour créer des liens entre les danseurs et augmenter le corps de ballet ».
Cet Italien du nord, né à Bolzano en 1964, ex-danseur qui a fait les beaux jours du Ballet de Stuttgart en Allemagne, la compagnie du réputé John Cranco, a appris le français en fréquentant des danseurs venus de France. Son choix en tant que nouveau directeur artistique des Grands Ballets s’est fait à partir d’un long processus où le comité de sélection est passé d’une quarantaine de candidatures à quatre, pour la dernière étape qui a tourné en sa faveur.
Questionné à la légère sur les chaussures en suédine bleu, paraissant neuves, qu’il arborait sur la scène du Théâtre Maisonneuve pour sa présentation de saison, il précise : « Presque neuves… J’aime les chaussures colorées. Elles symbolisent bien ce nouveau départ, vous ne trouvez pas? », ajouta-t-il avec une certaine fantaisie audacieuse dans la voix.
« Mais, j’ai voulu que ma première saison soit spirituelle, parce que la spiritualité n’a pas besoin de mots, comme la danse. »
- Artiste(s)
- Casse-Noisette
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Espace Danse (Édifice Wilder), Théâtre Maisonneuve
- Catégorie(s)
- Danse,
Vos commentaires