Roberto Fonseca

Roberto Fonseca Trio invite Erik Truffaz au Gesù | La pépite cubaine

On connaissait le talent de Roberto Fonseca qui avait été acclamé par la critique suite à son dernier album Abuc, une fois de plus l’étoile de la musique cubaine contemporaine s’illustrait dans une atmosphère intime et électrique hier soir au Gesù dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM).

Fonseca était accompagné de Yandi Martinez à la basse électrique et à la contrebasse, avec qui le pianiste a l’habitude de collaborer, et du percussionniste Ruly Herrera qui a fraichement intégré le trio cette année. Le premier soir d’une série de trois était marqué par la présence du trompettiste français Erik Truffaz sur scène, grand ami et véritable inspiration pour le pianiste cubain. Le public était impatient d’assister à cette collaboration entre deux talents qui revendiquent tous deux une approche sensible et percutante du jazz contemporain.

Un voyage coloré, tout en douceur

On prend place au Gesù comme dans un bateau qui nous fait découvrir un univers musical coloré et joyeux. Le Festival de Jazz est toujours une occasion pour se laisser bercer au son des artistes internationaux de passage à Montréal. Hier soir, on débutait ce voyage avec Yandi Martinez et Ruly Herrera. Les deux musiciens posent le décor, donnent la pulsation, c’est confortable, doux et agréable.

Photo Benoît Rousseau

L’arrivée de Fonseca est chaleureuse et authentique. On admire le souci de bien débuter cette série et l’art d’entrer progressivement dans ce voyage musical. On apprécie la complicité du trio, tout comme le français aux accents cubains de l’ancien pianiste du Buena Vista Social Club.

L’humour de Fonseca et le lien que ce dernier arrive à créer avec son public donnent le ton à ce qui suivra. La soirée sera festive, heureuse, triste et mélancolique. On se laisse ainsi surprendre dans les premiers instants par les constructions musicales que nous offrent les musiciens. Un bref moment de nostalgie, parfaitement formé, où on se met à chantonner Quizás, quizás, quizás. La magie de Roberto Fonseca est celle-ci, faite de surprise, de chemins audacieux, surprenants et colorés.

Les rythmes afro-cubains laissent place à une partie qu’on pourrait appeler d’anti-groove, où les trois artistes proposent un langage tranché et instable parfaitement mené. On aime la façon dont les silences et les arrêts brusques nous surprennent. L’écoute et les réponses de la batterie, du piano et de la basse électrique sont pleines de puissance et de précision.

Photo par Benoît Rousseau

Les sonorités feutrées de Truffaz

L’arrivée de Truffaz sur scène se fait sous des applaudissements d’un public qui ne cache pas son plaisir d’assister à cette collaboration. La veille, le trompettiste avait émerveillé la scène principale de la Place des Arts, accompagné de son Quartet. Cette fois-ci, Truffaz est seul et il forme sur scène un nouveau quartet. Cette place lui va à merveille.

Le trompettiste qui s’est fait connaitre 20 ans plus tôt avec son album The Dawn n’en est pas à sa première collaboration avec des artistes d’autres horizons. On se rappelle notamment son passage avec Nya, Sly Johnson ou encore avec le compositeur Murcof.

Truffaz se balade et répond habilement aux appels de Fonseca. Les deux artistes se complètent, s’amusent et brillent ensemble. Les réponses avec Martinez et Herrera se font quant à elles plus difficiles et moins évidentes. On s’attendait à une collaboration entre deux grandes étoiles du jazz contemporain, et c’est réussi. La générosité et le partage ne dureront que deux morceaux, mais le public acclamera à la fin de chaque passage la performance de l’artiste français.

Le génie et la palette sans limites de Fonseca

Le registre de Fonseca est impressionnant, on se souvient notamment de son album YO qui explorait les rythmes afro-cubains à merveille. Hier soir, on pouvait ainsi admirer le génie du pianiste. L’agilité et la rapidité des mains de Fonseca sont à couper le souffle. On reconnait ici l’influence de Herbie Hancock.

Photo par Benoît Rousseau

La variété du registre de Fonseca est elle aussi déconcertante. Les motifs qui s’enchainent, l’humour, le jeu, et la voix de l’artiste transportent littéralement le public. C’est dans un hommage à Ibrahim Ferrer que la foule se surprend à danser sur son siège. Pas facile au Gesù, mais le génie de Fonseca arrivera tout de même à faire lever un public qui ne demande que ça.

On s’attendait à un grand spectacle, et c’est une véritable réussite. On ressort de là avec des sonorités qui redonnent le sourire et on en redemande!

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