
Québec-Montréal à la Salle Albert-Rousseau | Un road trip générationnel qui trouve sa place sur scène
Certains soirs, le théâtre se transforme en machine à remonter le temps, ramenant un classique du cinéma québécois pour lui offrir une seconde vie sur les planches. Hier, à la Salle Albert-Rousseau, le public a pu assister à l’adaptation scénique de Québec-Montréal, tirée du film culte réalisé par Ricardo Trogi en 2002. Plus de vingt ans après la sortie du long métrage, cette transposition réussit à garder l’intégrité du scénario original, tout en révélant une énergie neuve, propre au théâtre.
Un récit générationnel inchangé
Le texte, écrit à l’époque par Ricardo Trogi, Patrice Robitaille et Jean-Philippe Pearson, conserve tout son mordant. L’histoire suit des trentenaires en quête de repères, coincés entre leurs rêves d’adolescence et les compromis de l’âge adulte. Les voitures deviennent des huis clos où s’entrechoquent confidences, désirs, jalousies et désillusions. Les trajets entre Québec et Montréal se font ainsi le prétexte pour décortiquer l’amitié, l’amour et les attentes sociales, à coups de dialogues francs et souvent drôles. Sur scène, la force du texte tient toujours dans cette justesse : chaque spectateur reconnaît une part de lui-même dans ces personnages perdus au milieu de la trentaine.
Une mise en scène ingénieuse
Aux commandes, Pierre-François Legendre orchestre la pièce avec une efficacité remarquable. Au centre de la scène, un présentoir géant en forme de tourniquet s’impose comme l’élément-clé du décor : en quelques rotations, il se métamorphose, voiture, appartement, bar, recréant tour à tour les lieux emblématiques de ce récit choral. Cette mécanique fluide donne au spectacle un rythme qui rappelle la route elle-même, avec ses virages, ses pauses et ses accélérations. La scénographie, ingénieuse et sobre, laisse toute la place au jeu des comédiens.
La distribution s’est montrée d’une grande justesse, et l’on retiendra particulièrement les prestations de Charlotte Aubin, Mickaël Gouin, Pierre-Luc Funk, Simon Pigeon, Antoine Pilon et Louis Carrière, qui ont brillé par l’intensité de leur jeu. Chacun incarne un personnage qui oscille entre fragilité et humour, sans jamais tomber dans la caricature. Leurs performances donnent au texte une intensité nouvelle, parfois tendre, parfois grinçante, mais toujours juste. Cette complicité scénique rend l’ensemble attachant et évite que l’adaptation se contente d’un simple exercice de nostalgie.
La pièce affichait complet, mais plusieurs bancs sont demeurés vides. On a cru comprendre que certaines absences n’étaient pas dues au hasard, mais plutôt à un geste volontaire, en signe de désaccord avec les propos d’une personnalité de l’équipe concernant Charlie Kirk. Ce contexte particulier a flotté en filigrane, sans toutefois entacher la qualité du spectacle en lui-même. Sur scène, le texte et le jeu l’emportaient largement sur la polémique extérieure.
Québec-Montréal sur scène, c’est la preuve qu’un récit générationnel peut traverser les décennies sans perdre de sa pertinence. La pièce réussit le pari de garder l’essence du film de Trogi, Robitaille et Pearson, tout en trouvant une nouvelle inspiration grâce à la mise en scène de Pierre-François Legendre et à la fougue de ses interprètes. Plus de vingt ans plus tard, les mêmes questions existentielles continuent de résonner, portées cette fois par les planches d’un théâtre. Comme un trajet familier qu’on refait des années plus tard, l’expérience garde la même saveur, mais avec un paysage renouvelé.
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