Prédiction 2017 | Notre Vu pas vu

Pas assez occupés avec leurs 4 heures de radio hebdomadaires et leurs contributions télé et radio omniprésentes, le boys club de La Soirée est (encore) jeune s’est lancé dans l’aventure d’un spectacle de style revue-de-l’année au Théâtre St-Denis, mis en scène par Serge Denoncourt (un ami de l’émission). Pour les besoins de la cause, Fabien Cloutier joint les rangs, dans cette simple mais efficace transposition scénique d’une recette gagnante pour les adeptes d’humour caustique aux références renseignées.


Ça débute avec Jean-Philippe Wauthier, seul devant le public, qui y va d’un monologue sur 2016 et ses nombreux travers. On installe peu à peu le ton mordant de la soirée avec quelques blagues salées et bien placées, écorchant notamment Eric Salvail, Paul Cagelet, Micheline Lanctôt, Joël Le Bigot, Julie Snyder, voire même Gilbert Rozon… Nous voilà aussitôt rassurés ; les nouveaux RBO n’iront pas avec le dos de la main morte !

Après cet apéritif bien réussi, on passe en mode « Prédictions 2017 », c’est-à-dire qu’on imagine une revue fictive de l’année qui, dans la réalité, ne fait que commencer.  (Espérons que 2017 ne soit pas vraiment aussi absurde… quoi qu’on sait jamais.)

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Les cinq comparses prennent donc place derrière un pupitre, un décor sobre mais élégant qui passerait bien à la télé. Les habitués de La Soirée est (encore) jeune ne seront pas trop dépaysés : le spectacle est scindé en segments où tour à tour, les chroniqueurs / humoristes enchaînent les blagues dans leurs catégories de prédilection. Ainsi, Olivier Niquet exploite les pires bêtises prononcées par des personnalités connues dans les médias, Fred Savard ira de gags politisés sans gants blancs, Jean-Sébastien Girard décortique les « actualités » culturelles de l’année, et Jean-Philippe Wauthier pilote le tout avec aplomb.

Parce que oui, dans l’ensemble, ça ressemble à un croisement entre une émission de La Soirée et un show de fin d’année des Zapartistes, sans sketchs de personnages.

En fait, le seul personnage qu’on y verra, c’est un technicien de scène… flambant nu parce qu’après tout, « c’est une mise en scène de Serge Denoncourt ». Franchement.

Outre cette touche récurrente plutôt drôle, la mise en scène demeure plutôt simple, comme il se doit, parce que c’est le contenu, les textes, les citations acerbes qui priment. On utilise à l’occasion des projections d’images pour puncher sur quelques gags, ou des bandes vidéo plutôt cocasses (notamment les auditions pour remplacer Eric Salvail à « En mode Salvail », et un speech de remerciement de Guylaine Tremblay), mais c’est pas mal tout. Ça, et un segment chanté, mettant en vedette les « plus grands succès » de Jean-Sébastien Girard pour le plus grand plaisir de sa public. Un segment bien dosé, heureusement.

Et Fabien Cloutier, lui ?  Sans doute le plus expérimenté sur scène, il s’intègre plutôt bien à la bande, tout en conservant sa saveur de « péteux de coche » qui s’emporte dans de longues diatribes imaginatives.

Les interventions de Fabien Cloutier emmènent souvent le spectacle hors du concept « revue de l’année », surtout ce long segment sur les fraises et la pollution créée par la masturbation et le gaspillage de mouchoirs, mais personne n’en fera grand cas. Parce que c’est tout de même assez drôle, et mené de main de maître par cet excellent équilibriste conteur-humoriste. Sa montée de lait contre le public de La Soirée (bref nous, spectateurs de Prédictions 2017) et son sentiment de supériorité est aussi plutôt surprenante et habile. Comme quoi les loose canons viseront partout, y compris dans la salle.

Les gars ont aussi un sens de l’autodérision, se tirant la pipe l’un et l’autre. Bref, tout le monde passe dans le tordeur, et bien que Juste pour rire produise le spectacle, on ne sent aucune retenue, aucune censure.

Comme dirait l’autre : ce spectacle « va beaucoup trop loin ». Et dans le paysage des nombreuses revues de l’année bon enfant, ça fait autant de bien que leur émission de radio qui décoiffe.

Prédictions 2017 est à l’affiche du Théâtre St-Denis jusqu’au 25 janvier 2017. Détails et billets par ici.

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