Abysmal Dawn

Pour une histoire d’un soir à la Cinquième Salle | Retour en 1993…

Ce soir, ma tante Josée m’a invité à aller voir le spectacle réunissant les trois chanteuses pop ayant eu le plus de succès ces dernières années : Marie-Denise Pelletier, Joe Bocan et Marie Carmen. C’est pas trop mon genre de musique, mais elle sait que je trippe toujours à voir des spectacles. Après avoir regardé Watatatow (‘pu capable des jumelles Fraser…), j’ai engouffré le spaghetti de ma mère et j’ai rejoint ma tante, qui m’attendait à l’entrée de la Place des Arts, direction la Cinquième Salle.

Le pouvoir aux femmes

C’est cool de voir qu’il y a plein de messieurs dans la salle. Maintenant qu’on a une femme à la tête du pays, on sent que les choses changent : les hommes se retrouvent dans le public, les femmes sur scène. C’est surement à cause du succès des 4 Non Blondes, qui, à elles seules, semblent initier un courant qui permettra aux femmes de prendre le devant de la scène musicale très bientôt. Un changement qui fera du bien.

Le spectacle semble décousu au début : on nous sert une finale de chanson en ouverture, puis un medley qui ne réussit malheureusement pas à accoter celui de Ce soir on danse vol. 1, qui m’a fait découvrir ce type d’arrangements. Joe Bocan, sur qui je trippe ben raide depuis Minibus (elle avait l’air d’être la plus gentille) est splendide dans toute sa théâtralité. Elle enfilera des robes toutes plus belles les unes que les autres. La moitié du budget du spectacle a l’air d’avoir été consacrée à sa garde-robe.

Spectacle en deux temps

En gars habitué à voir des groupes qui jouent seulement leurs propres tounes, j’ai compris ce soir que c’est bien différent dans le monde des interprètes. Dans la première partie du spectacle, les chanteuses se font plaisir en choisissant des chansons moins connues de leur répertoire (Faut pas que j’panique, Finir ça et là, Corsica) et font plusieurs covers. Elles prennent d’ailleurs soin de nommer les auteurs de la plupart des chansons.

Ici aussi, la soirée m’aura appris que derrière les interprètes, il y a toujours des auteurs.

Je me demande si James Hetfield pourrait un jour écrire une chanson pour Marie Carmen, il me semble que ça pourrait bien fitter, surtout si elle se décide à ressortir son manteau de cuir. Peut-être aussi que, dans sa position de leadeuse d’un nouveau mouvement, Linda Perry (la chanteuse de 4 Non Blondes) pourrait en écrire une pour Joe Bocan.

Je me souviens avoir entendu mon oncle Yvan et ma tante Josée se moquer de Plamondon au party de Noël cette année. Ils riaient de ses « il faut que ça fasse un number one, il faut que ça soit le fun » et autres « son dentifrice avait un goût de réglisse qui me rappelle mon premier french kiss » (d’ailleurs, pourquoi Martine n’a pas été invitée à faire partie de se spectacle? Il ne manquait qu’elle…).

C’est donc tout à l’honneur des trois chanteuses de réhabiliter l’auteur-star en présentant certains airs moins connus de Starmania (Le rêve de Stella Spotlight, Petite musique terrienne). On a même droit à J’ai douze ans, qui nous rappelle que Joe Bocan a tout pour continuer sa carrière en digne héritière spirituelle de Diane Dufresne et remplir un jour le Forum de Montréal.

Exception faite de L’aigle noir, c’est dans la deuxième partie que défilent les grands hits des trois chanteuses. Ça donne un show un peu inégal, mais ça invite le public à ne pas se gêner pour faire des standing ovation à la fin de (presque) chaque pièce de cette seconde moitié. Marie-Denise en versera une larme et Marie se livrera, plus spontanée que les autres, sortant de son texte.

* Photo par Alain Chevrier.

Bilan de la soirée

Il y a bien eu quelques incongruités dans cette soirée. Mon côté obsessionnel a remarqué que deux des marches sur la scène étaient grises alors que les trois autres sont noires. Comme tout le reste de la scène est monochrome, ça m’a dérangé toute la soirée et, dans les moments moins prenants, mon regard revenait toujours à cette possible référence aux deux teintes de noir de la pochette du dernier Metallica.

Après le show, en retournant chez moi d’un pas léger pour ne pas faire sauter mon discman, je rêvassais. Si je n’avais pas eu à revenir chez moi pour rassurer ma tante Josée, j’aurais fait la groupie en attendant à la sortie pour pouvoir aller boire un verre de vin avec Marie-Denise (la plus distinguée), prendre une bière avec Marie Carmen (la plus authentique) ou fumer un joint avec Joe Bocan (la plus flyée).

Mais bon, demain, c’est jour d’école et je ne dirai à personne que je suis allé voir ce show pour être sûr de ne pas perdre mon lustre de métalleux. Je ne sais pas pour vous, mais Entre l’ombre et la lumière et Tous les cris les S.O.S. me procurent plus de frissons que Nothing Else Matters et Don’t Cry… C’est pour ça que j’ai accepté l’invitation de ma tante.

Le futur nous appartient !

Maintenant que la Coupe Stanley est à Montréal, que la future grande vedette du hockey, Alexandre Daigle, est un petit Québécois, et que Céline Dion part en tournée vers les États-Unis et le Japon, le vent semble souffler dans le bon sens par chez nous !

On peut surement prédire à ces trois grandes chanteuses, en pleine forme et toutes en voix, une carrière mondiale fulgurante avec leur spectacle Pour une histoire d’un soir

 

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