Nouvelle Vague

Nouvelle Vague à la SAT | Du baume au coeur pour les amoureux de la musique

La formation parisienne Nouvelle Vague était de passage à la SAT (Société des Arts Technologiques) de Montréal ce samedi, une salle ni trop grande ni trop petite pour l’immense talent de l’intimiste groupe. Retour sur une prestation qui s’est avérée un baume au coeur pour les amoureux de la musique.

Seule en scène avec sa guitare, Liset Alea ouvrait le bal. Assez bavarde pour avoir raconté sa naissance à Cuba, sa non-histoire d’amour avec un certain Alexander, sa phobie de la neige et son agacement envers la boucane sur la scène, l’artiste s’est montrée très sympathique avec le public.

Quelques morceaux ont suffi à convaincre l’auditoire de sa prestance, de son sens du rythme et de sa maîtrise vocale. Car Liset est dotée du genre de voix délicieusement étouffée dans les aigus, à la fois chaude et berçante. Le dernier morceau qu’elle interprète, Serenade for a Dogs and Mermaids, a d’ailleurs réussi la prouesse d’être épique en n’utilisant qu’un seul accord (ou presque). Avant de quitter, l’artiste lance un « On se revoit très bientôt! » qui laisse deviner qu’elle fait aussi partie du groupe en tête d’affiche.

 

De la bossa nova au carnaval

Lorsque Nouvelle Vague fait son entrée, l’attirail d’instruments installés annonce déjà un concert rafraîchissant : congas, grosse caisse, contrebasse et guitare trônent en effet sur scène. Le départ est pourtant légèrement crispé sur I Could Be Happy, tube new wave déterré des années 1980. Il faut dire que ce premier morceau a été perturbé par une crise d’éternuements bien dissimulés de l’une des deux chanteuses, elle aussi victime de la boucane (cette fois arrêtée pour de bon)!

C’est ensuite au tour du Blue Monday de New Order de passer à la machine Nouvelle Vague. Et le public commence à se délecter du vent de bossa nova qui siffle à ses oreilles.

Les deux chanteuses, Mélanie Pain et Élodie Frégé, alternent leurs places en avant-scène d’un morceau à l’autre et dansent même à en perdre l’équilibre. Marc Collin et Olivier Libaux, fondateurs du projet musical donnent le ton à la guitare et à la contrebasse sans fausses notes. À l’arrière Liset Valea assure comme choriste et percussionniste avec une grande diversité d’instruments comme les claves, les maracas, le güiro ou encore un charmant carillon fabriqué avec des clés.

Les morceaux s’enchaînent et la fluidité avec laquelle le groupe immisce de la chaleur dans la cold wave, la no wave et le post punk impressionne. Méconnaissable, le Grey Day de Madness n’a jamais été aussi envoûtant et sexy. Liset reprend ensuite le micro pour chanter deux morceaux en espagnol. Autre moment culminant : comme si Dancing With Myself suivi de Just Can’t Get Enough ne suffisaient pas à survolter le public, le batteur s’empare du devant de la scène, sifflet à la bouche et grosse caisse entre les jambes pour donner une fin digne du carnaval de Rio à ce bel enchaînement.

Un interlude en français vient apaiser la foule avec La pluie et le beau temps, composition originale aux notes jazzy, tirée de l’album I Could Be Happy sorti en 2016. Puis l’irrésistible Too Drunk to Fuck des Dead Kennedys vient remettre un peu de subversion dans l’air. Déjà plus d’une heure et quart de show et c’est le temps d’un double rappel où In A Manner of Speaking de Tuxedomoon abandonne son spectre inquiétant pour laisser place à la douceur.

Le mot de la fin a été laissé à Love Will Tear Us Apart de Joy Division (reprise qui ouvrait le premier album de Nouvelle Vague en 2004). Une version peut-être un peu trop festive pour les fans de Ian Curtis, mais tout de même entraînante grâce à Élodie Frégé descendue dans le public pour un divertissant bain de foule.

Dans une SAT surchauffée, le groupe a ainsi su se montrer généreux avec un savant mélange d’énergie et d’élégance tout au long du spectacle. Sa tournée déjà bien rodée fera escale à Toronto avant de se poursuivre aux États-Unis et en Europe.

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