crédit photo: Patrick Beaudry - SNAPePHOTO
Lorde

Lorde à la Place des Arts | Une bulle de savon pop

La chanteuse néo-zélandaise Lorde était de passage à Montréal pour une seule représentation dans le cadre du Solar Power Tour, la tournée liée à l’album éponyme sorti en 2021.  Celle qui avait secoué la planète avec le hit « Royals » en 2013, alors qu’elle était âgée de 16 ans, récidive dans ce troisième opus en s’éloignant des sons qui l’ont fait connaître.

La salle de jeunes gens fébriles a bondi presque simultanément avec le rideau temporaire qui cachait le décor.  Deux cercles, l’un faisant le double de l’autre, coupé par un escalier incliné.  Une photo géométrique, et l’apparition d’une silhouette dans le plus petit cercle.  Lorde entame une courte pièce d’intro, presque a capella.  Elle sort de sa lumière, d’autres silhouettes se joignent à elle, sous un tonnerre d’applaudissements.  Chemise ouverte sur un soutien-gorge, elle entame Homemade Dynamite en bougeant librement sur le rythme.  Après quelques hits, elle s’adresse à la foule, souriante et désinvolte.  Elle a l’air sincèrement à l’aise et heureuse d’être là.

* Photo par Patrick Beaudry, SNAPePHOTO.

 

Pour ceux qui, comme moi, qui avait conservé l’image d’elle au Grammys de 2014, avec le rouge à lèvre foncé et les cheveux cachant son visage, seront content d’apprendre que l’enfant emo avec le tube électro a grandi, et embrasse maintenant le pouvoir du soleil.  Trêve de sarcasme,  ce nouvel album est très entrainant certes, mais somme toute assez homogène.  Le plus surprenant, c’est qu’il flirte sans gêne avec les rythmes planants des années 70, rappelant la comédie musicale Hair, en même temps que de sonner comme la pop du début des années 2000.  Elle avoue elle-même l’inspiration d’All Saints, vous vous rappelez?

Cette rencontre improbable des deux styles se retrouve aussi dans la scénographie : tous les musicien.nes sont habillés de la même façon, en complet brun-ocre, et déambule autour d’elle de façon presque robotique, toujours lentement ou carrément immobile, pour former des tableaux rappelant les débuts des concerts sur les plateaux télévisés.

* Photo par Patrick Beaudry, SNAPePHOTO.

Même que durant la chanson Fallen Fruit, elle pousse le concept en créant des projections live des musiciens en dégradé, copiant encore une fois les effets télévisuels des années 70, avec le flou et les bulles de lumières.  Ce n’est pas inintéressant ou calqué, mais simplement que la musique ne se démarque pas particulièrement.

C’est elle qui attire, elle qui charme de ses envolées senties, et ses nuances vocales.  Dans n’importe quel concept, elle serait intéressante.  Elle habite son corps, elle utilise l’espace de la scène, elle n’a pas besoin de chorégraphies ni de prouesses.

* Photo par Patrick Beaudry, SNAPePHOTO.

 

Et ses fans sont vendus.  Ils entonnent toutes les chansons avec elle, de plus en plus intensément à mesure que le spectacle avance.  Aucun moment de recueillement, aucune pause instrumentale ne se passe sans exclamation ou cri.  Au milieu du spectacle, elle s’adresse au public en vantant les mérites de Montréal, dont elle n’arrive pas à décrire l’ambiance qui y règne quand elle performe ici. Elle confie aussi avoir souffert de trac intense la veille de ses performances, au point ou elle sentait son corps qui voulait lâcher.  Elle a dû faire un travail pour surmonter ce stress, et avoue être contente de l’avoir fait, car faire le show la transforme et lui fait profiter pleinement de son expérience.  Dans toutes ces interventions parlées, Lorde semble assumer son côté spirituel et sa quête de sens.

Avec son esthétique nostalgique et ensoleillée, la chanteuse jouit toujours d’une popularité certaine et a su charmé les chanceux qui, comme elle l’a mentionné, ont réussi à avoir des billets dans les cinq premières minutes.

 

Première partie : Remi Wolf

Elle a réchauffé la salle de façon assez convaincante, malgré que les fans de Lorde ne l’aient pas encensé comme leur idole.  Cette petite femme bubbly semble tout droit sortie d’une émission pour enfants, cheveux bouclés serrés et fournis, habits oversized et colorés, elle offre des rythmes funk et ska, avec une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Gwen Stefani.

Accompagné de trois musicien.nes, cette participante d’American Idol 2014 a défendu sa place en poussant des notes impressionnantes, et proposant les hits Photo ID de l’album We love dogs!, et Sexy Vilain issu de Juno, sorti en octobre 2021.  « Remi Wolf, c’est mon nom, je le redis parce que je veux que vous alliez tout voir sur moi! »

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