Vers solitaire

Le Théâtre de Quat’Sous présente Vers solitaire | Résumé de l’expérience

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans la tête de ces personnes qui se parlent toutes seules à voix haute? Grâce à « Vers solitaire », vous pourriez en suivre une pour mieux comprendre…

Production de L’Activité et codiffusée par le Théâtre de Quat’Sous, Vers solitaire est une déambulation sonore prenant place au centre-ville de Montréal. D’abord, il faut savoir qu’il existe cinq histoires différentes, cinq versions du trajet selon le duo de metteur en scène et de comédien sur lequel le spectateur tombe.

À son arrivée, le spectateur sait deux choses: son parcours durera une heure et se terminera dans une station de métro. Puis, il se fait prêter un téléphone cellulaire et des écouteurs grâce auxquels il pourra entendre des sons et des dialogues lui permettant de s’immiscer dans l’univers du personnage portant lui aussi des écouteurs.

Crédit photo: L’Activité

*Alerte au divulgâchage* Bien que Vers solitaire affiche actuellement complet (des supplémentaires sont envisagées, mais rien n’est confirmé), les prochains paragraphes en dévoilent beaucoup sur le déroulement de l’activité et atténuera sans doute l’effet de surprise qui joue un rôle important dans l’appréciation de l’expérience. Si vous possédez un billet pour Vers solitaire, on vous suggère d’arrêter votre lecture ici et de nous revenir après l’avoir vécu.

Visite guidée

« Mon nom est Olivier Aubin, je suis comédien. » Voici les mots qui servent d’introduction à la déambulation, prononcés par celui qui sera mon guide pour la prochaine heure. La marche débute et les écouteurs projettent des bruits de pas, des sons de voitures et des bribes de conversations. Tous ces sons se mélangent à ceux qui nous entourent, au point où il est difficile de différencier le réel du fictif.

Au départ, dur de dire ce qui nous attend. Avec l’achat du billet, le participant est informé qu’il visitera des lieux extérieurs et intérieurs (le port du masque est donc requis). Avec ce détail en tête, on se demande à quel endroit notre guide nous mènera. Montréal devient réellement le théâtre de notre déambulation.

Sous le soleil de 13h, je marche et l’expérience est agréable. Rares sont les fois où l’on fait complètement confiance à un inconnu pour nous guider dans la ville.

Puis, je remarque que des extraits sonores se répètent dans mes écouteurs. Avec chacune de ces paroles sont associés des mouvements que le personnage répète frénétiquement sous les regards intrigués des passants, qui ne savent pas qu’ils assistent à une performance artistique. À ce stade, je suis toujours observateur de la scène se déroulant devant moi.

Crédit photo: Jean-François Hébert

Déchéance guidée

Au fil du temps, le comédien devient de plus en plus agité. Les mouvements qu’il fait sont plus fréquents et il commence à s’exprimer à voix haute. S’il passait au départ pour un homme un peu trop dégourdi, il n’y a plus de doute que, pour les gens qui nous entourent, le comédien prend des allures d’un schizophrène très expressif. À ce moment dans son périple, le spectateur n’a d’autre choix que de se sentir impliqué dans l’expérience. On s’oublie et on devient omniscient, nos yeux sont une caméra braquée sur une personne en train de dégringoler dans une folie psychotique.

Dans mes écouteurs, une voix sombre répète le mot « manger ».  Sous les regards désapprobateurs des piétons avoisinants, l’homme fouille alors les poubelles à la recherche de nourriture. Son objectif est clair, dicté par cette voix qui semble être sa conscience.

À cette étape, je comprends qu’il n’est plus question d’une marche de plaisance. J’accompagne un personnage qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il se confond avec ses semblables du centre-ville. Derrière la mise en scène se cache un message plus fort, une critique de la société de consommation personnifiée par le jeu d’Olivier Aubin.

Puis, clou du spectacle, on se rend compte que cette voix est la nôtre. Du moins, c’est ce que le personnage pense. Le spectateur n’est plus omniscient, il participe. En suivant le comédien, on l’épie et on le bombarde de pensées desquelles il n’est pas capable de se défaire, jusqu’au moment où il répétera machinalement les paroles que l’on entend dans nos écouteurs. Comme s’il avait finalement accepté de disparaître en laissant place à ses pensées envahissantes.

 

« Je suis Olivier Aubin, j’ai été comédien. »

Nous sommes arrivés à une station de métro. Comme mentionné dans les consignes, l’expérience prend fin. En guise de conclusion, le comédien brise subitement son personnage, me remercie et quitte vers le métro.

Le succès de Vers solitaire réside dans la subtilité avec laquelle on se fait emporter par la mise en scène. Passant d’observateur à participant, il est impossible de deviner ce qui nous attend lorsque l’on se fait remettre la paire d’écouteurs par la souriante employé du Théâtre de Quat’sous.

En cette ère de distanciation sociale où il est plus difficile d’assister à des représentations d’arts vivants, Vers solitaire est l’expérience la plus immersive à laquelle j’ai eu la chance de participer.

Cet article ne représente qu’un bref résumé de l’expérience vécue et ne devrait pas vous empêcher d’aller le vivre par vous-même si vous en avez la chance. Le caractère spontané de Vers solitaire fait en sorte que d’innombrables situations uniques prendront forcément place devant le spectateur lors du parcours.

L’exercice se poursuit jusqu’au 14 novembre. Pour l’instant, les représentations affichent complets. Consultez cette page du site du Théâtre de Quat’sous afin de voir si d’autres représentations seront ajoutées.

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