Le legs littéraire de Réjean Ducharme en don au TNM qui baptisera sa deuxième salle Réjean-Ducharme

En conférence de presse mardi matin, la directrice artistique du Théâtre du Nouveau Monde, Lorraine Pintal, a dévoilé une partie du testament de Réjean Ducharme, disparu en août 2017 à 76 ans, concernant ses droits d’auteur dont le TNM devient l’héritier direct. En signe de reconnaissance, Lorraine Pintal a également annoncé que la nouvelle salle qui sera ajoutée en 2021, suite aux travaux d’agrandissement du TNM pour son 70e anniversaire, portera le nom de Salle Réjean-Ducharme.

Elle qui s’est mesurée avec force et doigté à plusieurs mises en scène de l’écrivain fantôme dans le passé, en a profité pour dévoiler aussi que son adaptation pour la scène du roman culte de Réjean Ducharme, L’avalée des avalés, sera créée au Festival Off d’Avignon cet été au Théâtre du Petit Louvre, et jouée à Paris à l’automne aux Déchargeurs, avant d’amorcer en 2019 une tournée qui mènera la production ailleurs en France, ainsi qu’en Suisse et en Belgique.

Que je sache, c’est la première fois qu’un auteur fait un don semblable à un lieu culturel. Nous devenons les héritiers de Réjean Ducharme. C’est vraiment avec beaucoup d’émotion que nous avons accueilli cette nouvelle. J’y vois une grande déclaration d’amour envers les artistes qui ont défendu son œuvre ici depuis toutes ces années, un signe de confiance et un sentiment d’appartenance au TNM.

Les droits d’auteur cédés au TNM concernent les œuvres déjà publiées, jouées ou enregistrées, de même que sa création en tant que parolier, entre autres pour Robert Charlebois. Mais pas ses autres écrits, comme ses journaux, ses calepins, ses manuscrits et leurs différentes versions qui iront rejoindre le Fonds Réjean Ducharme à la Bibliothèque nationale du Canada. On se souviendra que le fonds de l’écrivain publié par les prestigieuses Éditions Gallimard, s’est retrouvé à Ottawa parce que jugé pas assez important quand Ducharme, sans le sou, l’avait offert à Québec.

Impossible de mettre un chiffre sur le legs au TNM, comme pour entretenir le mythe autour de l’écrivain. Le legs sera administré par Les amitiés ducharmiennes, une association créée par Monique Jean, à titre d’exécutrice littéraire. Ainsi, Réjean Ducharme aura choisi cette voisine dont l’amitié tenue secrète remonte à 1985, et qui a remplacé sa conjointe et intermédiaire de toujours, Claire Richard, décédée peu de temps avant son protégé.

Les amitiés ducharmiennes est un cercle restreint où figurent entre autres Lorraine Pintal, Rolf Puls, son fidèle éditeur et rare ami, ainsi que Pascale Galipeau, la fille de Pauline Julien et de Jacques Galipeau, qui était une amie d’enfance de l’écrivain. « Nous serons un intermédiaire pour tout ce qui touchera l’utilisation de son œuvre, en même temps que son chien de garde. Par exemple, L’Avalée ne servira jamais à annoncer une bière », a précisé Monique Jean en termes clairs.

De même, l’adaptation pour le théâtre par Lorraine Pintal de L’avalée des avalés, sera la dernière à ce qui semble, Ducharme ayant établi dans son testament qu’il ne voulait pas que ses romans soient adaptés pour la scène. Ce texte théâtralisé reposera essentiellement sur le triangle formé par la mère, qui sera jouée par Louise Marleau, Christian, le frère, par Benoît Landry, et le rôle pivot de Bérénice Einberg que tout avale, par Sarah Laurandeau. Ils étaient tous présents d’ailleurs à la conférence de presse, de même que le cinéaste Charles Binamé en tant que scénographe pour la première fois au théâtre qui disait s’être inspiré des fameuses « boîtes » du sculpteur américain Joseph Cornell.

« Les pièces de Réjean Ducharme continueront d’être jouées au TNM, vous pouvez vous fier sur moi. Et j’espère que d’autres théâtres prendront le relai. Nous voulons que le rayonnement de l’œuvre de Ducharme ne se tarisse jamais, et que sa parole soit transmise d’une génération à l’autre », concluait Lorraine Pintal.

On trépigne déjà d’impatience à l’idée de voir son adaptation de L’avalée des avalés à la nouvelle Salle Réjean-Ducharme du TNM.

* Photo d’entête par Olivier Chassé.

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