crédit photo: Marie-Emmanuelle Laurin
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LaF au MTELUS | Chrome et la voie de la maturité

Le groupe LaF, composé de trois rappeurs/emcees et de trois producteurs/compositeurs, avait convié ses fans montréalais au Metropolis MTELUS pour présenter sur scène les morceaux de cette nouvelle galette. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce lancement coïncidait avec l’arrivée du beau temps!

Ils en ont fait du chemin, les six gars de LaF (à prononcer «la-èf», et non pas «laf» ou «l-a-f»), depuis leurs débuts en 2016. Victoire aux Francouvertes, succès du EP Hôtel Délices, signature au sein de la prestigieuse maison de disques 7e Ciel, succès critique de l’album Citadelle… Tout ça, en 2018 et en 2019 seulement! On peut dire que l’ascension a été fulgurante! Et le sextuor a bien loin d’en avoir fini, continuant de gravir les échelons du rap jeu québécois avec Chrome, son excellent troisième album (son deuxième chez 7e Ciel), lancé fin mars 2023.

Même si la jeune formation ne parvient pas encore à remplir totalement la salle de 2 300 places, on ne peut que constater à quel point son bassin d’adeptes a pris de l’importance depuis ses débuts. Pas de doute : LaF (aka La Famille, aka La Famille Soin Entreprise) a vraiment franchi un autre niveau et semble avoir trouvé un bel équilibre entre son statut plus alternatif, qui attire des fans plus initiés, et le succès auprès du grand public.

C’est vers 22h15, après deux premières parties (Lova et Claudia Bouvette), que le groupe a entamé ce marathon de nouvelles pièces. Mantisse, BKay et Jamaz, les trois rappeurs de LaF, ont fait leur entrée sur scène dans une grande cage pour entamer Luv, le premier morceau du nouveau long jeu. Derrière eux, leurs comparses compositeurs restaient dans l’ombre aux platines, laissant les beats prendre toute la place.

Le feu roulant de nouvelles pièces s’est poursuivi pendant plus de 75 minutes, avec des morceaux comme PolymèreBisou Létal (un morceau parfait en concert), Blue Cheez (avec la chanteuse soul Rau Ze), LFSE, Pèlerinage 2, Combien de fois (de loin la pièce la plus accessible), Encéphale, Donne-moi tout (avec de superbes sonorités au saxophone) et Domaine. 

Et même si l’album Chrome est paru il y a moins d’un mois, plusieurs adeptes connaissaient déjà les nouveaux morceaux. Ceux et celles qui n’avaient pas encore eu le temps d’attraper ces nouvelles compositions ont pour leur part découvert des morceaux plus matures, complexes et authentiques, insufflés d’une certaine noirceur et d’une touche de vulnérabilité. Le rappeur BKay nous a d’ailleurs confirmé le côté plus «vulnérable» de l’album, dont le processus créatif a semblé être pavé de remises en questions, lors d’un (trop) long discours de remerciement servi en fin de parcours.

Mais lancement ou non, LaF a aussi plusieurs solides morceaux sortis avant Chrome, et il n’allait quand même bouder son plaisir de nous les interpréter sur scène! Le public a ainsi pu bouger au rythme de plusieurs morceaux de Citadelle (2019) : Tour du monde (devenue incontournable en concert), HéliumRencontre fortuite (interprétée avec Franky Fade de la formation Original Gros Bonnet), Cadran solaire (servie à la demande générale selon le groupe), Avalanche, et, bien sûr, Le rodéo, assurément leur morceau le plus énergique et «rentre-dedans», qui n’a pas manqué d’enflammer tout le parterre.

D’ailleurs, parlant d’énergie, les trois rappeurs de LaF en avaient à revendre pour ce lancement. Surtout du côté de Mantisse, qui fêtait son 27e anniversaire, et qui nous essoufflait rien qu’à le voir sauter en long et en large!

Bref, le groupe n’a pas seulement gagné en maturité : il a aussi pris beaucoup d’assurance (et de puissance) sur scène! Et avec l’arrivée de Chrome, la compte désormais sur un répertoire de plus en plus riche et varié pour bâtir ses setlists en concert. Plusieurs morceaux comme Drapeaux peuvent ainsi être écartés sans que ça ne pose de problème. On ne peut toutefois pas en dire autant de Tangerine, parue sur le EP Hôtel Délices (2018), qui demeure assurément la pièce la plus connue du sextuor. On sentait d’ailleurs que de nombreux spectateurs l’attendaient de pied ferme, celle-là (ils ont finalement été servis au rappel). 

Difficile de prédire ce que l’avenir réserve à La Famille, mais après ce qu’on a vu et entendu vendredi soir, on se dit que le groupe est sur la bonne voie dans son évolution! Et si l’album Chrome est représentatif de la nouvelle orientation prise par LaF, on sera assurément au rendez-vous pour les prochains chapitres!

Lova et Claudia Bouvette en première partie

La soirée s’est amorcée peu après 21 h, avec l’arrivée sur scène de Lova, un jeune rappeur méconnu, récemment signé sur l’étiquette Joy Ride Records. Flanqué d’un chandail «I Love Jesus», le rappeur de Québec a offert une prestation sympathique, malgré des morceaux trop génériques.

Si l’artiste demeure méconnu du public, il compte néanmoins sur quelques pièces très pop comme Fast Noodle ou Oui (Weekend), pour demeurer dans la tête de certains et gagner quelques fans au passage. 

Pour Claudia Bouvette, en revanche, c’est une autre histoire, elle qui bénéficie d’une notoriété plus importante. Et tout comme LaF, elle a aussi fait pas mal de chemin depuis ses débuts il y a 12 ans!

Accompagnée sur scène d’un bassiste/claviériste et d’un batteur, l’ancienne de Mixmania 2, qu’on a aussi pu voir l’an dernier dans Big Brother Célébrités, nous a offert des morceaux taillés sur mesure pour les festivals estivaux (notamment Solo Night, BBZ ou Douchebag).

La plupart d’entre eux provenaient de The Paradise Club (2022), son premier album, paru sur l’étiquette Bonsound. L’auteure-compositrice-interprète de 27 ans s’est bien tirée d’affaire en nous offrant une prestation énergique et efficace avec ses sonorités oscillant entre la pop électronique, le rap et le rock. Ça ne réinvente rien, mais ça fonctionne bien pour accompagner l’arrivée du beau temps! Et notre petit doigt nous dit que ce n’est probablement que le début, en ce qui la concerne.

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