
Kid Koala au FNC | Space Cadet sur grand écran c’est géant!
La plupart des fans de Kid Koala et de son (super)groupe Deltron 3030 (lisez notre critique du concert de la semaine dernière) savaient que Space Cadet, le tout premier long métrage du Kid, serait présenté lors de cette édition 2025 du Festival du Nouveau Cinéma, en plus d’offrir aussi un spectacle (gratuit!) de Vinyl Vaudeville pour fêter ça!
Comme Space Cadet avait l’honneur d’être le film d’ouverture de la 54e édition du FNC, avant de pouvoir le visionner, les nombreux spectateurs.trices présent.es — incluant bon nombre de fans du Kid bien évidemment — ont dû se farcir une bonne trentaine de minutes des discours protocolaires d’usage.
Du spectacle de la bédé jusqu’au ciné
Le projet a été amorcé il y a plus de 14 ans déjà (!), ayant comme point de départ les fameux concerts que le Kid donna à en juillet 2011 dans la Biosphère (même à l’époque, nous y étions : consultez notre critique). Cette légendaire série de « headphone shows » était en fait une adaptation de la bédé Space Cadet que venait de lancer le Kid, à la fois auteur et illustrateur, en plus d’en signer la bande originale (parce que oui, le livre incluait aussi une trame sonore sur CD!). Car c’était à la suite d’une représentation dudit concert que Mylène Cholet, la scénariste du film, s’est mise en tête d’adapter le roman graphique pour en faire un long métrage.
On parle ici d’un long métrage animé, sans dialogue (mais avec de la musique, bien sûr), 100% canadien et tourné à Montréal, avec en plus la parité homme-femme au niveau de l’équipe, qu’on nous disait d’entrée de jeu. Quand même! Après avoir fait la tournée des festivals à l’international (Berlin, Annecy, Toronto…), l’œuvre était enfin présenté à la maison, en compagnie de sa scénariste, ses producteurs et de bon nombre de ses artisans.
Il faut savoir que l’émérite platiniste de renommée internationale (oui-oui) s’est déjà frotté à des projets connexes dans le passé. Et on ne parle même pas des musiques qu’il a composé pour le 7e art (dont plusieurs films d’Edgar Wright) ou le jeu vidéo (Floor Kids, Riders Republic, South of Midnight), non. On pense plutôt aux fabuleuses productions Nufonia Must Fall (adapté de son premier tout roman graphique, paru en 2003) et The Storyville Mosquito (encore une fois, Sors-tu? y était!), qui furent présentées à la Place des Arts en 2016 et en 2019, respectivement. Lors de cette paire d’ambitieux spectacles, l’action — jouée par une armée de marionnettistes et se déroulant dans plusieurs maquettes — était filmée, montée et projetée sur grand écran en direct, pendant que le Kid et ses musiciens acolytes mettaient le tout en musique.
Or, bien que Space Cadet ne soit que le premier long métrage du Kid en tant que réalisateur, sachez que cette poétique fable est ni plus ni moins qu’une œuvre magistrale.
Rétro-futurisme poétique
Sans aucune longueur ni temps morts, le film est finement monté, alternant des perles (parfois anecdotiques) du quotidien, des séquences d’action et autres instants plus calmes favorisant la contemplation. Et ce, en plus d’être magnifique en tous points, dont la richesse visuelle apaise. Doté de propos carrément universels, le récit, qui fait autant rire que réfléchir, souvent émeut. Car sa prémisse toute simple sonne vraie, car elle l’est… en partie, du moins, le Kid l’ayant initialement créé après la perte d’un être cher.
On y suit une jeune femme, qui doit quitter le nid familial pour voler de ses propres ailes, avant de revenir se poser à la maison et y vivre de grandes émotions. Il est question de deuil, mais aussi — surtout — de ce que c’est d’être un (grand) parent et d’aimer inconditionnellement. De l’importance de savourer les moments. De trouver notre place dans l’immensité de l’univers. Bref, un film qui fait du bien. Quatre-vingt-six minutes de pur bonheur qui se savoure comme une délicieuse crème glacée.
Surtout qu’on alterne fort habilement entre futurisme (notre protagoniste, Céleste, est une astronaute en herbes, alors que son tuteur est un robot) et nostalgie, et ce, jusque dans la musique. Entre les scratchs à gros beats du Kid et des mélodies plus mélancoliques, on retrouve aussi des standards plus rétros, comme cette douce reprise de Fly Me to the Moon (surtout sachant que la version de Frank Sinatra fut jadis utilisé par la NASA!).
On plonge dans les tendres souvenirs du compagnon robotique de Céleste (comme ce cornet partagé sur la plage), un personnage sensible et aimant, mais qui s’ennuie amèrement… Ici et là, on y rencontre aussi plusieurs personnages amusants, dont un Bernard l’ermite grincheux, des plantes qui dansent, un chat polisson et même de voraces extra-terrestres. Jusqu’à sa finale douce-amère, on constate que le film animé (qui semble osciller entre stop-motion et CGI) a réellement été confectionné avec le plus grand soin, se dépliant comme des origamis… comme en témoigne la très belle scène dans le diner!
Et un p’tit Vinyl Vaudeville pour la route!
Avec ses bonnes valeurs, belles symboliques et son immense cœur, Space Cadet fera assurément le bonheur de tous les publics (et ce, même s’il en fera brailler plusieurs aussi!). Comme si on n’avait pas vécu assez de magie pour une soirée, on a pu se rendre après la projection à quelques pas de là, soit à l’Agora Cœur des sciences de l’UQAM, pour le susmentionné party d’ouverture du FNC, où devait aussi performer l’inépuisable Kid Koala.
Eh oui, dans son infinie générosité, il a en effet donné un bref mais énergique concert de Vinyl Vaudeville, dans un décor vintage, débordant de néons et vieilles télés cathodiques. On eut droit à un set classique, qui ressemblait pas mal à celui qui ouvrait le show de Deltron 3030, mais avec en plus le trio de danseuses burlesques à plumes qui l’accompagne habituellement lors de ses shows VV.
Et qu’est-ce qu’on distribuait à l’entrée de l’Agora, avant le party? Des petits pots de crème glacée Coaticook, qui commanditait l’événement. Que c’est-ce que tu veux de plus, hein? ‘Faut croire que le Kid le gardera pour toujours son cœur d’enfant, et on l’en remercie sincèrement.
- Artiste(s)
- Kid Koala
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Maisonneuve
- Catégorie(s)
- Musique de films, Rap/Hip-hop,
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