
Jay Scott au Centre d’art La Chapelle | Un grand party à échelle humaine
Hier soir, le Centre d’art La Chapelle vibrait au rythme d’un artiste qui sait rassembler les cœurs et les voix : Jay Scott. Devant une salle comble de 200 personnes, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Québec a transformé la petite salle intime en un immense party de gang, où chaque spectateur, du plus jeune enfant aux adultes dans la fleur de l’âge, avait l’impression de faire partie d’un moment unique. Pas de tête grise dans la foule, mais des regards lumineux, des voix qui s’unissent, et une énergie grandiose qui se répand jusque dans les murs. En première partie, le duo Or Bleu a préparé le terrain avec fougue et authenticité, donnant le ton à une soirée qui n’avait rien d’ordinaire.
Jay Scott : l’intime qui devient universel
Jay Scott est arrivé seul sur scène, guitares et ukulélé à portée de main, mais avec une présence qui remplissait tout l’espace. Il ouvre avec Toutes les rues sont silencieuses, une chanson qui agit comme un « starter » immédiat : dès les premières notes, la salle devient un chœur, chaque spectateur entonnant les paroles comme si elles étaient gravées dans sa mémoire. Et c’est exactement ça, le phénomène Jay Scott; un artiste qui n’a pas besoin de bling-bling pour créer une communion totale.
Dès la fin de sa première chanson, il lance à la foule un « comment ça va, Québec? », et la réponse est à la hauteur : un cri unanime, presque guttural. On réalise vite que tout le monde connaît chaque mot, chaque refrain. Rarement un spectacle a cette intensité où le public ne se contente pas d’écouter, mais participe, chante, s’anime comme s’il faisait partie du band. Pourtant, Jay est seul. Seul, mais entouré de l’amour affiché et entier des 200 personnes rassemblées.
Entre deux refrains, deux morceaux, l’artiste glisse des blagues, raconte son souper au Cécile et Ramone, prend une pancarte brandie par une spectatrice sur laquelle on peut lire: « Jay, tu fais du bien à mon âme ». Le chanteur en est touché, rebondit avec une blague sur OF, mais derrière la légèreté passe la vérité : pour plusieurs, ses chansons sont plus qu’un divertissement, elles sont un baume.
La salle s’illumine quand il demande aux gens d’allumer la lumière de leur téléphone, et même leur vapoteuse, devenue nouvelle source de lumière, pour accompagner la chanson L’amour de Karim Ouellet. Avant même que les lueurs ne commencent à se balancer, un homme allume son briquet et le chanteur en parle immédiatement. Sourire en coin, amusé de constater que ça faisait un « boutttte » qu’il n’avait pas vu ça. Ce clin d’œil déclenche un rire complice, puis la chanson s’installe, portée par les lumières qui ondulent doucement de gauche à droite. L’émotion est brute, partagée. C’est le genre de moment qui reste, qui colle à la peau bien après la fin du show.
Puis, comme s’il voulait rappeler qu’il n’est pas qu’un musicien sensible, mais aussi un rassembleur, il entraîne le public sur un terrain plus festif. Matusalem, jouée avec énergie, se transforme en cérémonie de masse : il invite les spectateurs à taper des mains, et tout le monde suit. Quand il lance Buzzé, les gens se lèvent, dansent, et la salle devient un party sans prétention, un moment où chacun lâche prise.
Un moment irréel : une spectatrice crie « j’ai le goût d’un french », ce qui arrache des rires à tous ceux qui l’entendent, un sourire en coin à l’artiste. Mais ce genre de spontanéité dit tout : l’ambiance est détendue, complice, loin des spectacles figés où l’on reste dans sa bulle. Ici, les murs du Centre d’art La Chapelle deviennent ceux d’un salon géant, rempli de chums.
Jay Scott ne manque pas de rappeler qu’il est en nomination à l’ADISQ, remerciant son public avec humilité et l’invitant à voter pour lui. Mais, ce qui frappe, c’est sa façon de rendre chaque chanson intime, qu’il pianote quelques notes au clavier ou qu’il reprenne une collaboration avec Koriass. Le temps file, mais rien ne s’essouffle.
Le spectacle s’achève sur une montée irrésistible. LVL UP entraîne d’abord la foule, comme un sortilège qui s’incruste dans les têtes et refuse de s’en aller. Puis c’est Woodstock qui prend le relais et fait chanter tout le monde à pleins poumons. La salle vibre d’une énergie commune, une communion totale. Et quand, plus tard, Jay Scott quitte la scène, ce n’est pas seulement la fin d’un spectacle, c’est une fête qui continue de raisonner, même bien après la dernière note.
Jouer devant 200 personnes qui connaissent chaque note, chaque mot, chaque nuance, c’est un privilège rare. Mieux vaut 200 fans finis que 2000 spectateurs distraits? Poser la question, c’est y répondre.
Or bleu : une mise en bouche exaltante
Avant Jay Scott, la scène du Centre d’art La Chapelle avait accueillie Or Bleu, un duo de producteurs québécois formé de Charles Cozy et Fruits. Dès leur arrivée, ils mettent la table : un « hey, what’s up, Québec? » lancé avec sourire, suivi d’une présentation sincère et assumée. Leur première carte de visite? Cinq à sept de Koriass, un clin d’oeil à leur appartenance au label 7ième Ciel et à leur nomination à l’ADISQ l’an dernier.
Leur set de 30 minutes s’apparente à une fête décontractée. Les portes de la salle sont restées ouvertes, permettant aux gens d’entrer et sortir, d’aller chercher à boire, de respirer l’ambiance comme dans un 5 à 7 entre amis. Or Bleu navigue avec aisance entre reprises et créations, présentant notamment Toutes les femmes savent danser de Loud, qui rallie instantanément les spectateurs.
Sur scène, les deux hommes s’éclatent. Ils chantent, bougent, sourient, et surtout, mettent en valeur Jay Scott à plusieurs reprises, demandant à la foule de faire du bruit pour lui. Il n’y a rien d’égoïste dans leur prestation, au contraire, on sent une gratitude profonde, une reconnaissance du privilège d’être là.
Ce qui charme, c’est leur passion débordante, leur énergie contagieuse. On n’a pas l’impression d’assister à un spectacle formaté, mais plutôt à un party où deux amis enflamment la soirée en partageant leurs coups de cœur. Et lorsque vient leur dernière chanson, le public frappe des mains, chante à l’unisson, comme si le duo était déjà un incontournable.
Cette première partie courte, mais intense, réussit pleinement sa mission : échauffer la salle, mais aussi créer une ambiance où chacun se sent impliqué. Or Bleu ne triche pas; ils tripent, et ça se voit.
Le Centre d’art La Chapelle affichait complet hier soir, mais ce n’étais pas qu’une question de billets vendus. C’était une histoire d’énergie, de communion, de complicité. Jay Scott, seul sur scène, a prouvé qu’il n’a pas besoin d’artifices pour transformer un spectacle en fête intime. Or Bleu, en première partie, a su préparer le terrain avec sincérité et ferveur.
LVL UP a certainement tourné en boucle dans la tête de plusieurs comme il a tourné dans la mienne, dès que j’ai quitté la salle. Et ce matin encore, je me suis réveillée avec elle, incapable de m’en défaire. Un véritable vers d’oreille qui prouve que cette soirée n’a pas seulement été un spectacle, mais une expérience qui persiste bien au-delà de la dernière note.
- Artiste(s)
- Jay Scott
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Centre d'art La Chapelle
- Catégorie(s)
- Hip-hop,
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