Inside (Dimitris Papaioannou)

Inside par le Grec Dimitris Papaioannou à L’Usine | De l’anti-théâtre pendant six heures

Dimitris Papaioannou s’est fait remarquer ici l’année dernière avec son spectacle inclassable, « The Great Tamer », présenté aussi à l’Usine C, et se définissant comme « une fable en noir et blanc sans début ni fin », soutenue par le biais de l’éternelle étreinte entre la vie et la mort. De retour à Montréal avec « Inside », l’artiste né à Athènes en 1964 explore cette fois la futilité et le vide de l’existence dans un exercice antithéâtral qui dure six longues heures.

Il faut savoir d’abord qu’il s’agit d’une installation vidéo, diffusée sur grand écran. Donc, il n’y a pas de comédiens ou de danseurs sur scène. Ce qu’on nous propose est plutôt une sorte de méditation visuelle sur la vacuité existentielle, nous prenant à témoins, mais pour mieux nous confiner dans une simple position de voyeur.

Inside, qui a été créée en 2011 au Théâtre Pallas de la capitale grecque, avait vu sa dernière représentation filmée en une seule prise de six heures. C’est cette mutation, dont le résultat est d’un terrible ennui, qui est présentée à l’Usine C.

* Photo par Marinela Stafylidou

Ennuyante et pour cause, l’œuvre d’une lenteur extrême se fonde sur l’intimité d’un appartement tout blanc où, à tour de rôle, une trentaine d’interprètes exposent à répétitions les petits gestes routiniers de la vie de chacun, comme prendre une douche, traîner au lit ou se planter debout sur un large balcon pour observer la ville. Rien de bien transcendant ne pourra en ressortir au final.

Trop lent, trop répétitif, trop obsédé par le banal, le spectacle manque de vie, de chair et de sang, sans aucun ressort dramatique ou comique, sans une réflexion d’auteur qui tiendrait le spectateur en alerte. Il n’y a aucun texte dans Inside, nulle parole n’étant partagée entre les protagonistes qui se croisent sans se voir, nulle esthétique forte pour intéresser et retenir le spectateur. Plusieurs d’ailleurs abandonnent au bout d’une heure et quittent la salle.

Dimitris Papaioannou a d’abord été un artiste visuel et un bédéiste reconnu dans son pays. Il a étudié à l’École des Beaux-Arts d’Athènes. Se tournant ensuite vers les arts de la scène, il a fondé en 1986 sa propre compagnie, Edafos Dance Theatre, où pendant 17 années il s’est démarqué avec des performances poussant plus loin les milieux de l’underground grec. Sauf à l’évidence, avec le vide mal assumé se trouvant « à l’intérieur » de Inside.

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