Hällas et Freeways au Théâtre Fairmount | Voyage dans les 70s

C’était la première fois que le phénomène hard-rock-prog suédois Hällas se produisait au Canada, et c’est sûrement ce qui a rempli le Théâtre Fairmount par ce froid mardi soir de novembre. Ils étaient accompagnés des Ontariens de Freeways. Une soirée sous le signe des années 1970 et d’une autre époque de la musique rock, presque d’un autre monde, de la musique progressive et des harmonies de guitares au son vintage, où les deux groupes ont su nous faire voyager l’espace d’une soirée.

Dans une époque du toujours plus, notamment en heavy metal avec toujours plus de distorsion, de gros son fort et saturé, de groupes avec guitares à 7 cordes accordées toujours plus graves, il devient rare de croiser des groupes de hard rock qui sont à l’opposé de ce spectre. Des formations allant chercher des esthétiques sonores plus douces et épurées, des sons de guitare moins agressifs, des voies plus claires, allant chercher des références sonores dans les années 70. C’est ce qui faisait la beauté de cette affiche à laquelle le public montréalais a répondu présent.

Freeways: une fine lame du heavy rock canadien

S’il y a bien un groupe au Canada qui pouvait prétendre à s’accorder avec le son et l’esprit de Hällas, c’est bien Freeways. Les Ontariens nous prouvent encore une fois leur talent ce soir. Le quatuor défend à merveille son répertoire original avec une musique hard rock truffée d’harmonies de guitares Thin-Lizzyesques, de refrains mélodiques accrocheurs infusés de classic rock, avec une indéniable griffe métallique anglaise à la Diamond Head, une recette redoutable en concert.

Le groupe originaire de Brampton nous présente un nouveau morceau, de leur prochain album qui fera suite à True Bearings, leur premier opus dont plusieurs extraits sont joués ce soir. En quelques années d’existence, Freeways démontre une maturité de composition, arrivant à varier les dynamiques tout en restant consistant dans leur style, et une excellente interprétation live, avec des musiciens remarquables. Freeways s’impose de plus en plus comme une fine lame du hard rock canadien contemporain, un groupe à suivre.

Hällas : voyage dans le temps et l’espace

Place au groupe scandinave, et force est de constater à quel point Hällas était attendu puisque la salle est remplie en ce mardi soir de novembre. Le public acclame la montée sur scène des aventuriers de la saga de Hällas, de paillettes et de capes vêtus, commençant avec Birth/Into Darkness de leur récent album.

Les Suédois nous emmènent alors dans leurs atmosphères captivantes, notamment avec ces sons de synthétiseurs sortis d’une autre époque, ajoutant cette dimension spatiale, psychédélique, et cette belle couleur prog des années 70, que l’on pense à Rush, Genesis ou Uriah Heep, mais avec une touche certaine de heavy metal un peu plus épique, où Iron Maiden et Deep Purple ne sont pas très loin dans le spectre musical.

Enchantés de l’accueil du public montréalais, dont beaucoup connaissent toutes les paroles et chansons par cœur, le sextet se donne, mené par un chanteur bassiste habité par ses paroles et histoires pour nous immerger dans leur univers envoûtant.

Une drôle de coupure d’électricité survient pendant Beyond Night & Day, le courant coupant seulement sur scène, laissant le groupe sans voix et sans son alors que les projecteurs sont toujours allumés, ce qui écourte un morceau, mais pour reprendre en force avec l’excellent Strider.

Hélas pour Hällas, le son est un peu gâché par des basses beaucoup trop fortes et un subwoofer assourdissant. Ça vibre beaucoup, ces fréquences empêchant d’apprécier toutes les subtilités des arpèges et solos de guitares, ou tous les sons de synthétiseur. Même si c’est moins pire à l’arrière de la salle, c’est un peu dommage car leur musique est d’une richesse qui mérite un son plus clair.

Cela n’empêche pas la foule d’être conquise, et les nombreux fans québécois et canadiens qui attendaient ce moment depuis longtemps, peut-être depuis 2018 et le single Star Rider qui avait attiré l’attention dans la scène métal.

Et il faut reconnaître une chose : la musique de Hällas prend une autre dimension sur scène, plus présente, puissante et plus rentre-dedans que le son très épuré de leurs albums. Cela donne une plus grande ampleur à leurs compositions remarquables comme Star Rider, Carry On, ou encore The Astral Steer qui est jouée en rappel, suivi de la longue pièce Hällas, concluant à merveille cette première apparition en sol canadien des Suédois, que l’on espère revoir bientôt, mais sans caisson de basse démesuré…